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Municipales 2010 : les résultats

Liban-Nord : l’avertissement au Courant du futur

Deux constats politiques essentiels peuvent d'ores et déjà être tirés de la dernière phase du long marathon des élections municipales, qui se déroulait hier au Liban-Nord : en premier lieu, le maintien grosso modo du statu quo pour ce qui est du rapport de forces interchrétien dans ce mohafazat, et ensuite - et surtout - l'ampleur de la contestation rencontrée par le Courant du futur, au cœur même de ses fiefs.
Pour être définitifs, ces constats attendent bien sûr la confirmation officielle des tendances apparues dans la soirée d'hier dans les divers cazas du mohafazat où se déroulaient de nombreuses batailles politiques.
Il est vrai qu'à Tripoli la contestation ne visait pas que le Courant du futur. L'énorme bulldozer mis sur pied par les principales forces politiques de la ville (Courant du futur, Nagib Mikati, Mohammad Safadi, Omar Karamé, Jamaa islamiya) n'a pu entraîner au vote que le quart de l'électorat tripolitain. Et encore, de ce quart, des candidats se présentant isolément ou sur la liste incomplète parrainée par l'ancien député Abdel Majid Raféi se sont taillé une part somme toute assez surprenante, atteignant les 7 000 voix, soit 6 000 seulement de moins que le dernier placé sur la liste de consensus. Dans une ville dont le nombre d'électeurs dépasse les 150 000 (200 000 avec Mina et Kalamoun), ces quelques milliers de suffrages peuvent paraître dérisoires.
De plus, les disparités au sein même de la liste consensuelle sont relativement énormes, la fourchette des voix obtenues se situant entre 13 000 à 19 000, signe que le panachage - et donc le mécontentement - a prévalu. À cela s'ajoute le fait que la tête de liste, Nader Ghazal, appelé à devenir le prochain président du conseil municipal de la ville de Tripoli, obtient moins de voix que certains de ses colistiers.
Mais c'est à Mina que la contestation est la plus forte, le président du conseil municipal sortant, Abdel Kader Alameddine, réussissant, semble-t-il, la gageure de percer la liste de consensus. Selon certaines informations non confirmées, il se pourrait même que des colistiers de M. Alameddine aient aussi réussi à se faire élire.
À Minié-Denniyé, le sol paraît trembler sous les pieds du Courant du futur, à l'ombre cette fois-ci d'un taux de participation record, dépassant les trois quarts de l'électorat. Outre Bakhaoun, grosse bourgade emportée par les antihaririens du caza, réunis sous la férule de l'ancien député Jihad Samad, des informations font état d'une avance de l'opposition à Minié, sur le littoral, et surtout à Sir Denniyé, fief du député Ahmad Fatfat, ville qui compte une importante minorité chrétienne (résultats qui restent toutefois à confirmer).
Enfin, dans le Akkar, le Courant du futur connaît une déconfiture à Halba, chef-lieu du caza et autre ville islamo-chrétienne.
Certes, dans l'ensemble, la formation haririenne reste dominante dans l'ensemble des régions sunnites du Liban-Nord et peut se prévaloir de la majorité des conseils municipaux de ces régions. L'avertissement lancé par une partie de l'électorat sunnite n'en demeure pas moins sérieux.
Dans les régions chrétiennes, où se déroulaient de nombreuses batailles à caractère politique, le tableau se présente sous un tout autre aspect. En règle générale, les tendances enregistrées en fin de soirée hier confirmaient en gros l'équilibre des forces issu des législatives de juin 2009, avec quelques rectifications ici et là.
Ainsi, le caza du Batroun a clairement perpétué la domination du 14 Mars sur la grande majorité de ses localités, à l'exception notable de son littoral, et en particulier de son chef-lieu du même nom, qui avait déjà donné sa préférence à l'ex-opposition formée du CPL, des Marada et du PSNS, et emmenée par le ministre de l'Énergie, Gebran Bassil.
Le seul changement d'importance survenu dans ce caza concerne les localités de Chekka et de Ibrine. La première avait voté 14 Mars en juin et la seconde 8 Mars. Hier, cet ordre a été inversé.
Dans le caza de Bécharré, les Forces libanaises confirment une incontestable suprématie, en particulier dans les bourgades de la région dite de Jebbé, autour de la ville de Bécharré. Sur 11 municipalités, les FL y emportent 10, la onzième étant Bazaoun, où l'élection a été ajournée par le ministère de l'Intérieur, suite à une demande en ce sens formulée par les candidats eux-mêmes, craignant que la tuerie de vendredi soir à Dahr el-Aïn (Koura), et impliquant des protagonistes natifs de Bazaoun, n'ait des incidences sur le climat du vote.
Dans le Koura, la tendance avancée par le vice-président de la Chambre, Farid Makari, donnait le 14 Mars gagnant au total par 20 municipalités contre dix aux CPL, Marada et PSNS. Mais ce pronostic est contesté par le camp adverse. Ce qui est certain, c'est que les deux batailles les plus importantes qui se déroulaient dans ce caza, à Kousba et à Kfar Aqqa, se sont achevées sur des victoires du 14 Mars.
À Zghorta, où l'enjeu principal porte sur la restructuration de la fédération des municipalités du caza, le chef du mouvement de l'Indépendance, Michel Moawad, soutenu par le 14 Mars, revendiquait hier soir la victoire dans 12 localités contre 12 autres aux Marada et 7 consensuels. Pour leur part, les milieux du chef des Marada, Sleimane Frangié, ont attribué à leur camp davantage de gains, mais sans avancer de chiffre précis.
Enfin, la plus grosse surprise de ces élections est venue de Kobeyate, la plus importante bourgade maronite du Akkar, visitée il y a deux semaines par le patriarche Nasrallah Sfeir. En juin dernier, cette ville, à l'instar de l'ensemble des localités chrétiennes de la région, avait donné une claire majorité à l'ex-opposition. Hier, le député Hadi Hobeiche (Courant du futur) y a remporté une victoire politiquement significative sur son adversaire Mikhaël Daher, dans la mesure où il lui a ôté l'argument du défaut de légitimité chrétienne à sa députation.
Pour être définitifs, ces constats attendent bien sûr la confirmation officielle des tendances apparues dans la soirée d'hier dans les divers cazas du mohafazat où se déroulaient de nombreuses batailles politiques.Il est vrai qu'à Tripoli la contestation ne visait pas que le Courant du futur. L'énorme bulldozer mis sur pied par les...