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Économie - Liban - Évènement

Le Forum économique arabe ou le lifting d’une dure réalité

Malgré les discours « politiquement corrects » qui ont caractérisé la 18e édition du Forum économique arabe, une chose semble indéniable : les relations économiques entre les pays de la région sont encore loin de l'optimum qu'elles peuvent atteindre, comme en témoigne le faible niveau des échanges et des investissements interarabes.

Les dirigeants arabes et étrangers, qui ont participé au Forum économique, posant pour la traditionnelle photo de famille.    Photo Dalati et Nohra

En présence de 800 participants représentant 250 compagnies de 20 pays de la région, ainsi que de hauts responsables libanais, arabes et étrangers, dont le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, ou encore l'émir de la région de La Mecque Khaled Fayçal, la 18e édition du Forum économique arabe a été inaugurée hier en grande pompe à l'hôtel Phoenicia.
Organisée par le groupe al-Iktissad wal Aamal en collaboration avec la Banque du Liban (BDL), l'Association des banques du Liban (ABL) et la Société financière internationale (SFI) - bras privé de la Banque mondiale (BM) - cette manifestation annuelle, certes importante, mais à l'apparence un peu trop élégante et aux discours majoritairement « corrects », a maquillé une réalité qui, semble-t-il, reste dure à avouer : la minceur des relations économiques entre les pays arabes.

Amr Moussa : Malgré les progrès, il reste encore beaucoup à faire
À ce sujet, seul le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, est monté au créneau pour dénoncer la précarité de ces relations, soulignant, durant son intervention, la nécessité pour les pays arabes de collaborer « davantage » sur le plan économique. Il a ainsi qualifié « la complémentarité arabe » de condition sine qua non pour un développement et une meilleure intégration de la région dans une économie de plus en plus mondialisée. « Les défis du XXIe siècle sont nombreux, autant sur le plan politique que sur le plan économique (...). La démocratie, la bonne gouvernance ainsi que le développement du capital humain en sont les principaux dans notre région (...). Le monde arabe ne doit plus se contenter du rôle de spectateur de l'évolution mondiale, mais en être plutôt un des artisans », a-t-il ajouté.
M. Moussa s'est toutefois voulu optimiste, indiquant que les exportations arabes ont augmenté de plus de 20 % l'an dernier, atteignant environ 1 500 milliards de dollars, soit 7 % de la valeur totale des exportations dans le monde, tandis que les Investissements directs étrangers (IDE) dans la région se sont élevés à 100 milliards de dollars en 2008, soit 5,7 % de l'ensemble des IDE à l'échelle mondiale. Les investissements arabes à l'étranger ont, quant à eux, totalisé 40 milliards de dollars au cours de la même année, soit 2,1 % du total de ces investissements.
Le secrétaire général de la Ligue arabe a toutefois regretté la faiblesse des échanges et des investissements interarabes, malgré l'évolution positive qu'ils ont connus au cours des dernières années, indiquant à cet égard que les exportations interarabes représentaient fin 2009 moins de 6 % de l'ensemble des exportations arabes (85 milliards de dollars), tandis que les investissements interarabes, en net progrès, ont atteint 34 milliards de dollars en 2008 - un niveau toujours inférieur aux IDE arabes à l'étranger.
Selon lui, les pays arabes devraient doubler d'efforts pour développer les relations économiques entre eux, d'autant plus que les « défis qui guettent la région du Moyen-Orient, à commencer par la prolifération des armes nucléaires », augmentent de jour en jour, a-t-il souligné.
Certains éléments poussent néanmoins à espérer, a-t-il insisté, « comme en témoigne la multiplication des initiatives visant à créer un marché arabe commun et à mettre en place une structure énergétique commune ainsi qu'un chemin de fer reliant toutes les villes de la région entre elles », rappelant à cet égard les engagements récents pris lors du dernier sommet économique arabe au Koweït.

Torbey : Le risque de faillite d'États n'est plus à écarter
De son côté, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, s'est contenté de souligner l'importance de cet évènement, qui intervient tout juste après l'éclatement de la crise grecque, mettant l'accent à cet égard sur l'importance du « facteur de confiance » et de la stabilité politique, qui ont tous deux permis, selon lui, d'épargner au Liban les retombées de la crise mondiale. Il a en outre insisté sur la nécessité de maintenir la tendance à la baisse du ratio de dette au PIB au Liban, évoquant le projet de budget 2010, qui tend de joindre, selon lui, les besoins de la société à la stabilité économique.
Le président de l'Association des banques du Liban (ABL) et président de l'Union bancaire arabe, Joseph Torbey, a, de son côté, mis en garde contre le risque d'aggravation des turbulences ayant marqué le paysage financier et économique mondial au cours des deux dernières années, soulignant que la faillite de certaines banques, qui était à l'origine de la crise mondiale, risque d'atteindre aujourd'hui certains États. « Le plus dangereux dans tout cela est que l'État, en cas de faillite, ne trouvera aucune entité qui puisse le soutenir, contrairement aux banques et autres institutions qui avaient été sauvées in extremis grâce à l'intervention même de l'État », a-t-il averti, soulignant l'impact dévastateur sur l'équilibre social d'un éventuel effondrement d'un État, qui affecterait en premier lieu, selon lui, les catégories défavorisées de la population.
Pour éviter le pire, les gouvernements de la région devraient donc s'appliquer à réduire leurs déficits et leurs dettes publics, a-t-il préconisé, à travers des politiques fiscales plus conservatrices et une mise en route « urgente » des réformes structurelles.
M. Torbey a déploré à cet effet la précarité des finances publiques dans bon nombre de pays arabes, soulignant que les déséquilibres rampants et l'endettement croissant risquent de mener vers la faillite, à plus forte raison dans un contexte de trouble mondial.
Malgré ce tableau sombre, il s'est toutefois félicité du développement de la coopération interarabe et de l'existence, encore en quantité, de ressources naturelles dans la région - deux éléments-clés qui constituent, selon lui, un rempart contre le risque d'écroulement.
Quant à la situation économique au Liban, le président de l'ABL a indiqué que tous les indicateurs étaient aujourd'hui dans le vert, comme en témoigne « la hausse importante des investissements, des exportations et des recettes touristiques » ainsi que « l'excédent exceptionnel de la balance des paiements » combiné à « l'augmentation sans précédent » des réserves en devises de la Banque centrale. M. Torbey a également souligné la solidité du secteur bancaire libanais, dont le total des actifs a récemment atteint 120 milliards de dollars.

Salamé : La croissance au Liban atteindra 8 % cette année
Toujours au sujet de l'essor de l'économie libanaise, favorisé par une stabilité politique qui perdure depuis la signature des accords de Doha en mai 2008, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a indiqué que la croissance devrait atteindre cette année entre 7 et 8 %, alors que les pronostics préliminaires tablaient sur une hausse de 4 % du PIB en 2010. Quant à l'inflation, elle devrait « varier entre 4 et 5 % », a-t-il précisé, tandis que les dépôts, « qui ont déjà augmenté de 2,5 % au premier trimestre pour atteindre plus de 105 milliards de dollars », devraient croître de 10 % cette année, a-t-il ajouté.
M. Salamé a en outre indiqué que les crédits au secteur privé (résident et non résident) ont augmenté de 8,3 % fin mars, se félicitant, en parallèle, du surplus enregistré au niveau de la balance des paiements au cours des trois premiers mois de l'année, qui s'est élevé à 978 millions de dollars, contre 290 millions de dollars au cours de la même période de l'an dernier.
Par ailleurs, le gouverneur de la BDL a souligné, au sujet de la stabilité monétaire, que l'objectif primaire de la Banque centrale était de maintenir à l'heure actuelle le système d'indexation de la livre au billet vert, s'armant pour cela d'un arsenal financier important. Celui-ci est constitué essentiellement des réserves en devises étrangères, dont le montant culmine aujourd'hui à plus de 30 milliards de dollars, a-t-il indiqué.
« Ces réserves nous permettent en outre de mieux contrôler les liquidités sur le marché et de contrer ainsi les effets inflationnistes du degré élevé de solvabilité qui caractérise nos banques », a-t-il ajouté. Selon le gouverneur de la BDL, une grande partie de ces liquidités devra en outre être investie sur le marché local, au vu de l'augmentation du risque souverain dans les pays européens et à travers le monde.
Le gouverneur de la BDL a, en parallèle, évoqué la flambée des prix de l'immobilier, imputant cette hausse à la « demande très soutenue » qui caractérise ce marché. « Les crédits accordés aux entrepreneurs dans le secteur de la construction ne représentent que 16 % du total des crédits commerciaux, tandis que les prêts logement comptent pour 9,2 % de l'ensemble des crédits à la consommation », a-t-il précisé, écartant ainsi, chiffres à l'appui, l'hypothèse selon laquelle le développement de l'activité d'emprunt serait un des facteurs inflationnistes.

De Beyrouth, Papandréou appelle les pays arabes à investir en Grèce
Le Premier ministre grec Georges Papandréou a, quant à lui, appelé les pays arabes à investir en Grèce, affirmant que son gouvernement prenait des mesures drastiques pour favoriser l'environnement des affaires.
« La Grèce est en train de changer rapidement et dans ce processus, nous vous invitons tous à visiter la Grèce ou à investir en Grèce », a déclaré M. Papandréou.
« La Grèce est aujourd'hui une opportunité pour les affaires (...). Nous sommes en train de combattre la bureaucratie et d'assurer un meilleur environnement pour les investissements », a-t-il affirmé.
Le Premier ministre socialiste a indiqué qu'une nouvelle législation accordant automatiquement des licences aux nouvelles compagnies allait voir le jour bientôt.
« Nous avons pris au cours des derniers mois (des mesures) que nous aurions dû prendre depuis des décennies », a-t-il souligné.
Appelant au renforcement des relations économiques entre son pays et le monde arabe, M. Papandréou a indiqué que malgré la crise mondiale, les transactions commerciales entre les deux parties avaient augmenté de 35 % au cours des dernières années.
En 2009, « le commerce entre la Grèce et 18 pays du Proche-Orient, du Golfe et de l'Afrique du Nord a totalisé près de cinq milliards d'euros », a-t-il précisé.
Il a également indiqué que les exportations grecques vers ces pays avaient représenté 9 % du total des exportations du pays.
M. Papandréou se trouvait dans la capitale libanaise au moment où plusieurs milliers de personnes manifestaient à Athènes à l'appel des grands syndicats, à l'occasion de la quatrième grève générale organisée contre l'austérité et une réforme des retraites décidées par son gouvernement (voir p.9).
En présence de 800 participants représentant 250 compagnies de 20 pays de la région, ainsi que de hauts responsables libanais, arabes et étrangers, dont le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, ou encore l'émir de la région de...
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