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Liban - Double meurtre

Les résultats des tests d’ADN des victimes de Ketermaya publiés en un temps record

Le bain de sang de Ketermaya aura des suites. Du moins, c'est ce que l'on attend des autorités publiques au lendemain de cette atroce journée de vendetta qui en dit long sur la situation de l'État de droit au Liban et sur les mentalités résiduelles qui continuent de dicter les comportements les plus barbares dans certaines de nos régions.

Les larmes émouvantes de la maman de Zeina (7 ans) et d’Amina (9 ans) assassinées, lors des funérailles. Ali Hashisho/Reuters


Fait inédit : hier, les résultats d'ADN, qui nécessitent généralement 48 heures au moins pour se révéler, ont été publiés par le service d'anthropométrie des Forces de sécurité intérieure, accablant l'assassin présumé de la famille Abou Merhi.
En effet, dans un communiqué, les FSI ont révélé que le sang relevé sur la chemise de Mohammad Moslem appartiendrait à la victime Kawthar et celui qui a été relevé sur le couteau utilisé pour poignarder les quatre victimes, à la fille de six ans, Zeina.
Selon le service d'anthropométrie, « cela signifie que Mohammad Salim Moslem est bien celui qui a commis le crime à Ketermaya ». Des informations qui ont filtré à la presse ont également fait état de plusieurs crimes que Moslem, de nationalité égyptienne, aurait commis dans son pays d'origine. D'autres informations indiquent en outre que ce dernier aurait sexuellement agressé une adolescente libanaise le 21 mars dernier, « date à laquelle il se serait enfui en Syrie, avant de retourner au Liban en secret », selon une source sécuritaire qui indique qu'un mandat de recherche avait été émis à son encontre.
Quoi qu'il en soit, l'annonce aussi rapide des résultats des tests d'ADN est pour le moins surprenante lorsque l'on sait qu'il faut au moins 48 heures pour pouvoir conclure dans un sens comme dans un autre. C'est ce que nous confirme en tous les cas un expert dans le domaine criminel et de l'ADN, qui indique qu'« il ne serait personnellement jamais parvenu à des conclusions aussi tranchées en si peu de temps ». La source, qui a requis l'anonymat, déplore d'ailleurs le fait que les résultats aient été communiqués à la presse, « le secret professionnel étant sacré dans ces cas de figure », dit-il.
« Plus important encore que la question de précision technique dans les tests d'ADN : l'éthique professionnelle, qui ne semble pas avoir été respectée dans ce cas précis, l'enquête étant encore à un stade préliminaire et donc frappée du sceau de confidentialité. Les Forces de sécurité intérieure doivent enfin apprendre à respecter les règles de la profession », commente l'expert qui laisse entendre que cette manière de faire « n'est autre qu'une tentative de dédramatiser le lynchage qui a eu lieu et de donner des circonstances atténuantes aux autorités responsables ».
C'est dans cette optique qu'il faudra peut-être interpréter les mesures disciplinaires qu'auraient prises la direction des FSI à l'encontre de certains officiers et unités en charge. C'est également sous cet angle qu'il faut comprendre l'initiative prise hier, un peu tardivement d'ailleurs, par le directeur de l'institution, le général Achraf Rifi, qui a émis une directive d'orientation adressée à toutes les unités des FSI leur rappelant « le devoir légal, professionnel et humanitaire qui incombe aux forces de l'ordre pour ce qui est de la protection du criminel ou du suspect lors de son arrestation, et ce quel que soit le crime commis ». Après avoir passé en revue les circonstances des deux situations criminelles, le général Rifi insiste dans sa directive sur « la mauvaise estimation de la situation sur le terrain et le manque de prévision en termes de conséquences éventuelles qui sont la résultante d'une action hâtive, menée en vue de recueillir les preuves nécessaires ».
« C'est ce qui a abouti à l'arrivée sur place de citoyens survoltés, qui s'en sont pris à l'assassin et l'ont tué », a-t-il dit.
Le directeur des FSI a toutefois reconnu, un peu plus loin que « la responsabilité de préserver la vie du criminel présumé incombe aux FSI, d'où les mesures disciplinaires qui ont été prises à l'encontre d'un certain nombre d'officiers en lieu et place d'une compensation qu'ils auraient dû obtenir pour avoir découvert l'assassin en un temps record ». Et le général Rifi de conclure que ce qui s'est passé « est une erreur monumentale qui ne doit plus se réitérer ». Notons au passage que le procureur général près la Cour de cassation, le juge Saïd Mirza, a entamé hier son enquête en vue d'identifier ceux qui ont agressé les éléments des FSI et Mohammad Moslem.
Deux jours après cet épisode macabre et on ne peut plus choquant, il reste que l'on ne sait toujours pas pourquoi le premier crime quadruple, qui a dégénéré en un second meurtre tout aussi barbare, a été commis. Une source sécuritaire autorisée, qui affirme que les forces de l'ordre « n'ont pas eu le temps de tirer au clair le mobile de l'assassinat » de la famille, suggère la possibilité que Mohammad Moslem pourrait « souffrir d'une sorte d'obsession sexuelle assortie d'une propension à la violence ». Mais là encore, et quelle que soit la pathologie dont souffrirait le meurtrier assassiné, rien n'explique ni ne justifie la réaction des habitants, encore moins celle des responsables politiques qui continuent de se jeter la balle chacun dans le camp de l'autre, histoire de se dérober à une responsabilité qui, dans n'importe quel autre pays civilisé, aurait conduit au moins à la démission du ministre responsable et à la sanction des hauts responsables sécuritaires.
Fait inédit : hier, les résultats d'ADN, qui nécessitent généralement 48 heures au moins pour se révéler, ont été publiés par le service d'anthropométrie des Forces de sécurité intérieure, accablant l'assassin présumé de la famille Abou Merhi.En effet, dans un communiqué,...

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