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Municipales 2010 : l'enjeu - Éclairage

Une échéance plus politique que prévu

Ce dimanche 2 mai, les municipales démarrent au Mont-Liban. Dans un climat étrangement mêlé de calme et de tension. Calme dans les localités, du reste nombreuses, où la formule de coalition a prévalu. Et tendu là où il y a bataille.

À ce propos, il n'y a affrontement que dans les points stratégiques, comme Jbeil, où le 14 Mars et le 8 Mars se livrent une lutte d'influence et de maîtrise de la rue chrétienne. Bien sûr, les rivalités de clans locaux ou même entre candidats venant d'une même souche familiale entrent également en jeu. Mais ils auraient pu, pour la plupart, comme cela s'est fait ailleurs, être réglés par des négociations préalables, n'était donc la place importante que le clivage politique global a pu prendre dans ces sites-clés. Dans nombre de villages, le CPL, le PSNS, le Hezbollah, Amal, les FL, les Kataëb, le BN et le PNL ont pu accorder leurs violons sans peine. Pas à Jbeil ni d'ailleurs à Beyrouth ou à Zahlé, qui attendent leur tour. Des difficultés sont également enregistrées du côté de Jezzine ou dans certaines agglomérations du Nord.

À l'attaque, comme souvent, pour ne pas dire comme toujours, on retrouve le général Michel Aoun. Sur les antennes de sa télé, l'OTV, il déclare sans ambages : « Notre intention n'est pas d'innocence béate, ou nous nettoyons les municipalités, ou nous les faisons sauter. » Il insiste sur deux thèmes : la nécessité d'adopter la proportionnelle en cas de liste de coalition ; et la lutte contre la corruption, certaines municipalités étant devenues, au fil des années, des antres de pourriture, selon lui.
Ces propos font ricaner les loyalistes. Ils observent que dans des localités à dominante CPL, il n'est nulle question de proportionnelle. Ils ajoutent, surtout, que le mouvement du général appuie dans nombre de villages l'élection, ou la réélection, d'édiles notoirement corrompus ou corrupteurs, achetés ou vendus.
Toujours dans le cadre des critiques qu'il s'attire, le général Aoun se voit reprocher d'oublier un peu vite ses slogans de l'après-Doha. Notamment quand il avait proclamé, à son retour de la conférence, qu'il avait rétabli les droits des chrétiens et qu'il est le seul à pouvoir les maintenir. Or, observent les loyalistes, à Beyrouth il refuse de prendre les chrétiens en considération et de traiter avec leurs députés, déclarant qu'il ne veut négocier qu'avec le leader sunnite, Saad Hariri. Il le gratifie même du qualificatif de « boss » (patron) de Beyrouth. Ajoutant que c'est Hariri qui décide et tranche dans la capitale, et non les députés chrétiens ou les autorités religieuses de la communauté.
Alors qu'en réalité, Saad Hariri, obéissant aux prescriptions de son regretté père, estime que seuls les chrétiens peuvent décider pour les chrétiens en matière de partage des 12 sièges qui leur sont dévolus au sein du conseil municipal de la capitale. Le comble, soulignent les loyalistes, c'est que Aoun exige lui-même un siège pour un sunnite opposant plutôt qu'un strapontin de plus pour les chrétiens.
Pour les loyalistes, mais également pour les indépendants ou les centristes, Aoun ne voit dans les municipales qu'une occasion de mettre sur la touche, de marginaliser les leaderships chrétiens qui lui tiennent tête. Ou même Bkerké. Sans épargner le chef de l'État contre lequel les aounistes reprennent, à l'occasion des municipales, l'accusation d'immixtion lancée lors des législatives. Alors qu'à Jbeil ou ailleurs, le président Michel Sleiman a soigneusement pris garde de ne se manifester en aucune manière, ni directement ni par amis interposés.
Preuves à l'appui, des ministres ont rencontré le général Michel Aoun pour lui souligner la parfaite neutralité du régime. Mais il ne leur a prêté aucune attention.
Du côté des opposants, on souligne que le général Michel Aoun a pour but permanent de combattre la corruption. Ses efforts, dirigés vers certaines institutions ou administrations, ont été contrés. Il pense que l'épuration, la transparence imposée peuvent maintenant commencer par les conseils municipaux. En prélude à la réforme globale qu'il préconise.

À ce propos, il n'y a affrontement que dans les points stratégiques, comme Jbeil, où le 14 Mars et le 8 Mars se livrent une lutte d'influence et de maîtrise de la rue chrétienne. Bien sûr, les rivalités de clans locaux ou même entre candidats venant d'une même souche familiale entrent également en jeu. Mais ils auraient pu, pour la...