Pesticides à base de végétaux

L'un des facteurs qui ont semé la panique auprès du consommateur libanais concernant les produits agricoles dits conventionnels a été la divulgation, il y a six mois, d'une étude effectuée au ministère de l'Environnement par le Dr Zaki Ghorayeb, qui a montré l'étendue de la nocivité des résidus de pesticides dans les fruits et légumes, notamment les pesticides dits systémiques, qui entrent dans le fruit.
Certains experts interrogés pensent que l'idée de remplacer l'agriculture conventionnelle par le bio est quasi impossible à concrétiser, étant donné les exigences du marché moderne, mais qu'il convient d'organiser le secteur de manière générale par une collaboration de tous les ministères concernés.
Entre-temps, les adeptes de l'agriculture biologique utilisent eux aussi des produits pesticides, mais certifiés bio. Et c'est même l'objet de leurs plaintes continuelles, puisque ces produits sont chers et rarement importés par les compagnies, étant donné que le secteur reste limité.
Quels sont ces produits et pourquoi sont-ils si chers ? Nous avons interrogé Lina Zogheib, ingénieur agronome auprès d'une des compagnies qui en importent au Liban, Robinson Agri. Elle commence par nous parler des engrais organiques stérilisés qui existent sur le marché et qui peuvent être une alternative, d'une part, aux engrais chimiques, nocifs même s'ils ne laissent pas de résidus détectables comme les pesticides et, d'autre part, aux engrais naturels, qui peuvent avoir des inconvénients comme celui de transmettre des champignons par exemple. Ces engrais organiques ne constituent pas un problème de prix, selon elle.
Ce qui n'est pas le cas des pesticides bio et autres moyens de lutte, comme les pièges à phéromones. Elle confirme qu'ils sont rares sur le marché local et qu'il y a surtout des insecticides et certains fongicides. Ces produits sont fabriqués à partir de végétaux, surtout ceux qui font naturellement répulsion aux insectes à combattre, ou ceux qui agissent sur son appareil digestif. D'autres produits aident simplement la plante à devenir plus résistante. Contrairement aux pesticides chimiques, ils n'éradiquent pas le problème, ils le limitent. Selon Lina Zogheib, certains de ces produits sont très ciblés mais ne s'attaquent pas aux fléaux divers qui menacent une même plante. Elle assure cependant que les agriculteurs s'enquièrent beaucoup plus des produits bio depuis que le scandale a éclaté dans les médias.