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Dossiers Liban - Coopération

Secourisme, incendies de forêt, sauvetage et déblaiement : la Défense civile formée à l’école française

Depuis 2007, la Direction de la sécurité civile française (DSC) forme les membres de la Défense civile libanaise dans trois domaines, le secourisme, la lutte contre les feux de forêt et le sauvetage-déblaiement. Le projet est mis en place grâce à la coordination du PNUD.

Simulation d’une catastrophe : évacuation des blessés à partir des étages élevés.

Éteindre des feux de forêt, secourir les victimes et être prêts à intervenir en cas de séisme ou de guerre en fouillant les décombres et en sauvant des vies : tels sont les points les plus importants d'un projet signé entre la France et le Liban peu après la guerre de 2006. Financé à hauteur de deux millions d'euros versés par la France, le projet prévoit l'équipement et la formation de la Défense civile. La coordination du projet est assurée par le PNUD.
Le commissaire divisionnaire Marc Pasotti, attaché de sécurité intérieure près l'ambassade de France, explique que « le projet a été conçu en 2006 par la Défense civile française à la demande des autorités libanaises, juste après la guerre de juillet 2006 ». « Une évaluation a été faite à cette période, précise-t-il. Ce projet, baptisé sauvetage et déblaiement, avait plusieurs volets. Il y avait d'abord un volet secourisme et intervention de première urgence qui a été traité de 2007 jusqu'à la mi-2008. Un deuxième volet théorique était prévu : il s'agissait du sauvetage-déblaiement, c'est-à-dire comment agir quand les immeubles s'effondrent en cas de secousse sismique, de guerre ou d'explosion, comment faire pour localiser les victimes, les dégager et les sauver. Mais le programme a été modifié à l'issue d'une réunion entre les deux ministres de l'Intérieur libanais et français, Ziyad Baroud et Michèle Alliot-Marie en avril 2009, à Beyrouth. À cette époque-là, les délégations française et libanaise avaient convenu d'un point supplémentaire qui était la formation d'une task-force anti-incendie. »
« Le budget initial du projet s'élevait à deux millions d'euros. Il y a eu également des donations françaises, notamment des ambulances et un matériel de transmission », ajoute le commissaire Pasotti.
Il souligne que « depuis 2007, il y a eu sept stages de secourisme, deux stages de feux de forêt moyen terrestre, deux stages de feux de forêt moyen aérien, alors que le programme sauvetage-déblaiement a démarré au mois de février dernier. Nous en sommes actuellement au deuxième stage sauvetage-déblaiement. Nous en avons planifié six au total. Il y aura peut-être un septième stage pour former le haut niveau ». Et d'ajouter qu'un « matériel spécifique pour le sauvetage-déblaiement a été acheté. Il s'agit de deux lots remis à la Défense civile. Ces deux lots, d'un coût de 400 000 dollars, englobent du matériel très basique, comme les marteaux piqueurs, mais aussi du matériel très performant, comme des caméras et des appareils d'écoute qui permettent de savoir ce qui se passe sous les décombres ».
Se penchant sur l'articulation du projet, le commissaire Pasotti souligne que le programme concerne quatre partenaires : « Les bénéficiaires directs représentés par le ministère de l'Intérieur, donc la Défense civile, ensuite le fournisseur d'expertise et de matériel représenté par la Défense civile française, soit la Direction de la sécurité civile (DSC), ainsi que la France, qui pourvoit les fonds, et le PNUD, qui est l'opérateur local du projet et cela pour des questions à la fois financières et bureaucratiques. L'ambassade de France est satisfaite de cette façon de faire. La relation entre la Défense civile libanaise et l'ambassade de France est prise en charge par le PNUD, que ce soit sur le plan pratique ou sur le plan des contacts et des fonds. Nous sommes très satisfaits du travail effectué par le PNUD qui a désigné pour ce projet Ariane Elmas, une femme très compétente dans ce domaine », indique M. Pasotti.

Don de matériel
Sur le terrain, au niveau de la Défense civile française, c'est le lieutenant-colonel Louis Bonfils, chargé de mission secteur Moyen-Orient, qui est en charge du projet.
Le lieutenant-colonel Bonfils évoque les stages effectués en matière de secourisme et qui constituent le premier volet du projet. « Du matériel de secourisme a été acheté pour assurer les cours. D'autre part, dix ambulances et des kits pour mettre à niveau une centaine d'ambulances avaient été remis l'année dernière à la Défense civile. Les sept stages de secourisme ont été effectués et ont permis ainsi de former environ 300 pompiers de la Défense civile. Le dernier stage s'est achevé par une formation de moniteurs pour que la Défense civile puisse être autonome et effectuer ensuite ses propres stages », souligne le lieutenant-colonel Bonfils.
Soulignant qu'à l'issue de la rencontre entre les ministres libanais et français de l'Intérieur, en avril dernier, il a été convenu de réorienter le projet dans le domaine des feux de forêt, il a noté sur ce plan : « Nous n'avions plus les fonds nécessaires pour acheter les camions pour la lutte contre les feux de forêt. Nous avons lancé un appel aux collectivités territoriales pour qu'elles fassent don du matériel nécessaire. Depuis le mois de septembre, nous avons envoyé au Liban cinq camions et un véhicule léger tout-terrain. D'ici au mois de juin, nous devrions envoyer encore quelques camions. La France fera don également de près de 200 postes radio qui arriveront probablement au Liban en juin prochain. Quatre stages pour la lutte contre les feux de forêt ont été effectués. Il reste deux stages dans ce domaine prévus aux mois de mai et de juin. »
Concernant le programme sauvetage-déblaiement, le lieutenant-colonel Bonfils souligne qu'il « a démarré en janvier dernier et qu'il s'articule, comme son nom l'indique, sur le sauvetage des victimes après l'effondrement d'un édifice, que ce soit à la suite d'une explosion, d'une guerre ou d'un tremblement de terre. Pour lancer le programme, il fallait un matériel spécifique. Des appels d'offres ont été lancés et la Défense civile libanaise a reçu ce matériel en janvier. Deux stages ont été effectués en février et en mars », ajoute-t-il.
Six stages de sauvetage-déblaiement, voire sept, sont prévus. Le lieutenant-colonel Bonfils explique qu'il « existe trois niveaux en matière de sauvetage-déblaiement : le niveau de l'utilisateur, baptisé stage équipier, qui concerne le travail effectué par le pompier de base. Deux stages dans ce cadre ont été organisés en février et en mars. Pour le deuxième niveau, des personnes d'un niveau supérieur sont sélectionnées ; elles deviendront chef d'équipe. Ce stage de niveau 2 se tiendra au Liban dès le mois d'avril. Ces personnes apprendront à commander une équipe de onze personnes. En automne 2010, trois autres stages, deux stages de niveau équipier et un stage du niveau chef d'équipe, seront effectués ».

Normes internationales
Et le lieutenant-colonel Bonfils d'ajouter : « Nous envisageons un septième stage qui sera du troisième niveau. Dans le cas du Liban, il s'agit d'apprendre à commander et à coordonner le travail de plusieurs équipes - nationales ou internationales - comme cela se passe de plus en plus sur le terrain en cas de catastrophe. Si une catastrophe se produit, comme un séisme, des équipes de plusieurs nationalités arriveront sans doute sur le terrain. Il faudrait qu'il y ait un Libanais qui prenne les commandes des équipes mixtes. Ce troisième niveau consiste donc à apprendre à commander plusieurs équipes nationales ou internationales. »
Le lieutenant-colonel Bonfils souligne dans ce cadre que « nous sommes en train de transmettre le savoir-faire de la Défense civile française ». « C'est un savoir-faire qui est de plus en plus reconnu et unifié dans le monde entier, précise-t-il. Actuellement, en cas de catastrophe, les équipes de diverses nationalités travaillent ensemble sur le terrain de la même manière. »
La formation sauvetage-déblaiement devrait s'achever en principe à la fin de l'année en cours.
Évoquant les deux stages qui ont été déjà effectués, le lieutenant-colonel Bonfils souligne que « la formation s'étend sur quinze jours. Elle présente une partie théorique et une autre pratique sur le terrain. Les stages se déroulent dans des immeubles délabrés à Biakout, dans une zone interdite au public à cause des glissements de terrain, indique-t-il. Les membres de la Défense civile sont formés à l'utilisation du matériel et ensuite à la chronologie des opérations ; ainsi, quand on arrive sur un lieu sinistré on fait une reconnaissance de surface, on fait de l'écoute, on perce, on sort les victimes, on effectue du déblaiement sélectif et on termine par le déblaiement généralisé qui n'a lieu que sur ordre du gouvernement », explique-t-il, notant que « lorsqu'on laisse des maisons debout, un marquage international, que tout le monde reconnaît, doit est effectué ».
Évoquant le nouveau matériel que la Défense civile libanaise a reçu, le lieutenant-colonel Bonfils indique qu'actuellement « on peut localiser les survivants avec des appareils d'écoute. On sent qu'il y a une victime qui répond, donc on sait qu'elle est vivante mais on ne sait pas dans quelle position elle se trouve. Si on casse tout de suite avec un marteau piqueur on la tuera. Donc on fait un tout petit trou avec le matériel, on rentre la caméra à l'intérieur des décombres et on voit dans quelle position elle est. On peut communiquer avec un appareil radio. Dans ce nouvel équipement, il y aussi du matériel tout simple comme un marteau, et un marteau piqueur. Mais il y a aussi un coussin de levage qui peut soulever plusieurs tonnes et qui est fabriqué à partir d'un matériau comparable au caoutchouc ».
Quatre formateurs français sont chargés de chaque stage et en tout 80 membres de la Défense civile libanaise bénéficieront de la formation sauvetage-déblaiement.
Selon Ariane Elmas, responsable du projet auprès du PNUD, les experts français qui dispensent les stages et qui ont travaillé dans plusieurs pays du monde sont fascinés par l'adaptabilité des équipes libanaises et estiment que les membres de la Défense civile libanaise sont extrêmement motivés et débrouillards.
Le Liban vient donc de recevoir deux lots de matériel nécessaire au sauvetage-déblaiement. En cas de catastrophe, de combien de lots aura-t-il besoin ? « En cas de séisme ou de guerre, les routes sont coupées et les ponts sont détruits, les équipes de secours ont donc du mal à se déplacer. Si des hélicoptères sont mis à leur disposition, tout va bien. Sinon, l'idéal serait d'avoir deux ou trois lots dans chaque région du pays. C'est-à-dire deux ou trois lots au Liban-Nord, au Sud et à Beyrouth », souligne en conclusion le lieutenant-colonel Bonfils.
Éteindre des feux de forêt, secourir les victimes et être prêts à intervenir en cas de séisme ou de guerre en fouillant les décombres et en sauvant des vies : tels sont les points les plus importants d'un projet signé entre la France et le Liban peu après la guerre de 2006. Financé à hauteur de deux millions...

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