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Économie - Liban - Coopération

Le recentrage méditerranéen de l’Italie, une opportunité en or pour les PME libanaises

Une délégation libanaise a participé à la deuxième édition du Mediterranean Business Forum à Rome. Cette rencontre a été l'occasion pour les représentants des secteurs privés des différentes rives de la Méditerranée de se rencontrer et de mener de riches échanges en vue d'imposer le bassin de la Mare Nostrum comme une zone de croissance, de compétitivité, de commerce et d'innovation.

Les représentants de 350 compagnies italiennes et de 130 sociétés méditerranéennes ont pris part au forum qui s’est déroulé les 25 et 26 février à Rome.

L'Italie est déterminée à œuvrer pour le renforcement des échanges commerciaux et des différentes formes de coopération économique entre les pays de la Méditerranée à travers la création d'un marché intégré et d'une véritable zone de libre-échange regroupant les États de cet espace. Elle ambitionne également de jouer un rôle central sur ce plan à l'avenir, en s'imposant, à l'abri de toute velléité hégémonique, comme plaque tournante et comme plate-forme d'échanges et de dialogue entre le nord de la Méditerranée d'un côté, et ses rives sud et est, d'un autre.
Après s'être concentrée depuis la chute du mur de Berlin sur les Balkans et l'Europe de l'Est, l'Italie se tourne aujourd'hui vers la Méditerranée et vers les pays non européens de son bassin. Cette nouvelle stratégie de Rome offre une opportunité en or aux petites et moyennes entreprises (PME) régionales - libanaises en tête - qui seront appelées à sceller des partenariats avantageux et profitables avec les sociétés italiennes afin d'accéder à de nouveaux marchés, d'acquérir de nouvelles compétences, de rester à la pointe en matière de technologie et d'innovation, d'élargir leurs gammes de produits et d'asseoir leur croissance organique sur des bases solides.
Tel est le message qu'ont cherché à mettre en avant les autorités italiennes en organisant à Rome, les 25 et 26 février derniers, la deuxième édition du Forum méditerranéen des affaires (Mediterranean Business Forum), qui fait suite à une première rencontre qui s'est tenue à Palerme en 2006. L'événement a été organisé par la Commission italienne pour le commerce (Italian Trade Commission ou ICE) à travers ses 13 antennes situées dans la région ainsi que par l'Association des banques italiennes (ABI) et l'Association des industriels italiens (Confidustria). Aux côtés des 350 compagnies italiennes qui ont dépêché des délégués de haut rang à la rencontre, ont pris part au forum plus de 200 représentants de 130 sociétés marocaines, tunisiennes, algériennes, libyennes, égyptiennes, jordaniennes, libanaises, turques, maltaises, chypriotes, syriennes, palestiniennes et israéliennes opérant dans des secteurs aussi divers et diversifiés que l'énergie, la logistique, la technologie de pointe, l'agroalimentaire, l'ingénierie mécanique et l'environnement.

Passé commun et avenir partagé
À l'instar des autres groupes étrangers, la délégation libanaise, composée de 11 membres (sept hommes d'affaires, un représentant de l'Association des industriels, un représentant de l'Association des banques et deux journalistes) a pu assister à la séance inaugurale qui s'est déroulée au siège somptueux de la mairie de la capitale italienne, dans la salle Jules César qui a vu la signature des traités de Rome en 1957.
Les différents responsables italiens qui se sont succédé à la tribune au cours de cette séance inaugurale ont mis l'accent sur la nécessité pour les pays de la Méditerranée d'œuvrer pour l'établissement dans les plus brefs délais de la zone méditerranéenne de libre-échange afin que la région puisse dépasser le rôle de marché de consommation pour s'imposer « comme espace compétitif d'innovation et de production », selon les mots du maire de Rome, Gianni Alemanno. À l'instar du ministre italien du Développement économique, Claudio Scajola, ils ont souligné que « la coopération économique entre l'Italie et les pays du bassin méditerranéen est une priorité fondamentale du gouvernement Berlusconi, qui est convaincu de la nécessité d'un rééquilibrage vers le Sud et qui croit que la Méditerranée n'est pas seulement le berceau de notre passé commun mais sera également la scène de notre avenir partagé ».
La secrétaire d'État italienne aux Affaires étrangères, Stefania Craxi, a d'ailleurs souligné a cet égard que Rome « veut éviter que l'Union européenne ne regarde qu'à l'Est et œuvrera pour que ses membres accordent l'attention suffisante au bassin méditerranéen que l'Italie considère comme la zone de développement naturel de ses intérêts économiques et politiques ». Le vice-ministre italien du Développement économique, Adolfo Urso, a de son côté insisté sur cette idée, en affirmant qu'après s'être concentrée pendant plusieurs années sur l'Est et les Balkans, l'Italie considère désormais la rive Sud de la Méditerranée comme « sa principale partenaire ». « Nous projetons de doubler nos investissements productifs dans cette région et les dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises (PME) italiennes qui se sont déployées en Europe de l'Est sont prêtes à se tourner vers le sud de la Méditerranée », a-t-il ajouté, indiquant que la Turquie, la Tunisie, le Maroc et la Libye seront les principaux partenaires de cette nouvelle stratégie italienne.

Le business-to-business
Afin de commencer à concrétiser ces objectifs ambitieux, les organisateurs du forum ont organisé, selon un calendrier préétabli, plus de 1 300 rencontres bilatérales (business-to-business meetings) entre les délégués des sociétés étrangères et les représentants d'entreprises italiennes opérant dans des secteurs similaires. L'idée derrière ces rencontres était de resserrer les liens entre les secteurs privés italien et méditerranéen, de permettre aux professionnels de la région d'avoir des interlocuteurs en Italie, de faciliter les échanges d'expertises, voire de permettre l'élaboration de partenariats.
Les hommes d'affaires de la délégation libanaise ont ainsi pu tenir quelque 120 réunions bilatérales avec des représentants de sociétés italiennes.
Interrogé par L'Orient-Le Jour sur les résultats de ces rencontres, le vice-président du conglomérat multisectoriel Malia Holding, Dikran Ghazal, a expliqué que les business-to-business meetings lui ont permis de procéder à des contacts potentiellement utiles pour la stratégie d'expansion de son groupe dans le Moyen-Orient, et particulièrement en Afrique du Nord, et de discuter des dernières tendances des marchés en Europe. « Notre stratégie d'expansion repose sur les co-entreprises ou les accords de distribution de nos produits cosmétiques et pharmaceutiques, a-t-il ajouté. Nous avons rencontré à Rome des professionnels avec lesquels nous pourrions échanger des biens et services entre nos pays respectifs mais également avec lesquels nous pourrions sceller des partenariats pour commercialiser leurs produits sur les marchés d'autres pays, tout en utilisant le Liban comme hub régional, grâce aux ressources libanaises en matière de culture et de connaissance de la région. »
De son côté, le vice-président de la société d'énergie renouvelable Caporal et Moretti, Marc Moretti, a souligné l'importance des rencontres bilatérales avec les sociétés italiennes, en vue d'étudier les moyens de collaboration à l'avenir. « La coopération avec l'Italie est fructueuse et utile car les ressources professionnelles considérables du Liban sont connues des entreprises italiennes qui les estiment à leur juste valeur. »
Le président du syndicat des industriels du textile et directeur général d'Anack Solar, Sleiman Khattar, a quant à lui expliqué que les business-to-business meetings ont ouvert de nouveaux horizons pour son entreprise d'énergie renouvelable qui se fournissait essentiellement en Chine et qui se recentrera sur l'Italie. « L'intérêt des rencontres a été décuplé par le fait que nos interlocuteurs italiens étaient des responsables d'entreprises de haut rang, ce qui a renforcé l'efficacité des échanges », a-t-il ajouté.
Pour sa part, Fadi Gemayel, président du syndicat des propriétaires des industries papetières et président de Gemayel Frères et de Solica, a noté que le fait que l'Italie cherche à développer les partenariats par le biais des PME montre que Rome ne cherche pas à phagocyter ses partenaires mais à asseoir les bases d'un échange multidirectionnel et profitable à toutes les parties. « Nous pouvons d'autant plus profiter de cette stratégie consistant à mettre en rapport des entités de taille comparable que les industriels libanais sont des partenaires fiables pour leurs confrères européens de par leurs réussites passées, leur networking et leurs entrées dans les marchés régionaux. Il y a là une occasion en or de conclure des accords de gagnant-gagnant », a-t-il souligné.
Et Fadi Gemayel de déplorer enfin l'absence de représentants officiels du Liban lors du Forum de Rome. Une absence d'autant plus remarquée qu'une invitation avait été adressée à l'Autorité de développement des investissements (IDAL) pour prendre part à l'événement et que la plupart des États avaient dépêché des responsables publics pour promouvoir les investissements dans leurs pays respectifs.
L'Italie est déterminée à œuvrer pour le renforcement des échanges commerciaux et des différentes formes de coopération économique entre les pays de la Méditerranée à travers la création d'un marché intégré et d'une véritable zone de libre-échange regroupant les États de...
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