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Liban - Attendu demain pour une visite officielle de quatre jours

Gérard Larcher, parrain du futur Sénat libanais ?

Coopération  Le chef du palais Bourbon énumère, dans une interview au correspondant de
« L’Orient-Le Jour » à Paris, les avantages du bicamérisme et promet une aide consistante et immédiate au Parlement libanais.

Le président du Sénat recevant notre correspondant à Paris Élie Masboungi.

Lancer le grand chantier du futur et très prochain Sénat libanais. Tel pourrait être le thème de la visite officielle qu'entamera à Beyrouth demain, dimanche, et jusqu'au 17 février, le président du Sénat français, M. Gérard Larcher, qui a accordé une interview à L'Orient-Le Jour dans son bureau du palais du Luxembourg.
Le sénateur Larcher, grand ami du Liban et fin connaisseur de la situation dans notre pays et dans la région, répond à une invitation du président Nabih Berry et entend donner suite à ses entretiens officiels à Paris avec le président Michel Sleiman et le chef du gouvernement, M. Saad Hariri, qui ont souhaité que la France aide le Liban à passer au bicamérisme, conformément aux accords de Taëf.
« Un Parlement à deux Chambres, a souligné notamment le président Larcher, est souvent un Parlement plus équilibré où la représentation nationale peut être assurée avec plus de nuances et où, parfois, les passions du moment dans l'une des Chambres trouvent un balancier stabilisateur dans l'autre Chambre, pour légiférer avec plus de raison. »
Le garant de la continuité de la République - puisque le président du Sénat assume la plus haute charge de l'État en cas de vacance de pouvoir à ce niveau - n'ignore pas que les motivations libanaises pour la création d'un Sénat dépassent le souci de l'interaction de deux corps législatifs et visent à consolider dans la Chambre haute les équilibres communautaires et autres dosages confessionnels afin d'assurer plus de sérénité aux législateurs de l'Assemblée nationale. De plus, M. Larcher estime qu'une deuxième Chambre permettra au Liban de se laïciser tout en gardant les valeurs communautaires. Si le pays du Cèdre était doté de deux Assemblées et d'un système d'intérim similaire à celui de la France, il aurait peut-être évité les deux longues et dangereuses vacances de pouvoir à Baabda à l'issue des mandats des présidents Amine Gemayel et Émile Lahoud.
Mais la délégation sénatoriale conduite par M. Larcher - qui compte par ailleurs le président du groupe d'amitié France-Liban, M. Adrien Gouteyron (UMP), deux vice-présidents, Mme Christiane Kammermann (UMP) et M. André Vantomme (PS), ainsi que le sénateur Dominique Braye (également UMP) - se gardera bien de se prononcer sur le volet local de sa mission et se contentera d'écouter les responsables libanais qu'elle rencontrera, notamment le président Michel Sleiman, le chef du Législatif Nabih Berry, le Premier ministre Saad Hariri, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, les chefs des principales formations politiques, des hautes personnalités religieuses et des représentants de la société civile. Demain, dimanche, il déposera une gerbe de fleurs au mausolée du président-martyr Rafic Hariri.
Outre une conférence à l'USJ, précisément sur le thème du bicamérisme, le président Larcher et sa délégation rencontreront durant leur visite de quatre jours au Liban les opérateurs économiques libanais à l'ESA et se rendront au Liban-Sud pour y visiter des établissements construits avec l'aide de la France, et bien entendu le campement du contingent français de la Finul.

Voici la teneur de l'interview du président Larcher :
Question : Votre visite au Liban, après vos rencontres à quelques mois d'intervalle avec les présidents Michel Sleiman et Saad Hariri, signifie-t-elle qu'une nouvelle page pourrait s'ouvrir dans les relations entre la France et le Liban ?
Réponse : « J'ai effectivement eu le plaisir de recevoir au Sénat le président Michel Sleiman lors de sa visite d'État en mars dernier et, il y a trois semaines, le président du Conseil, M. Saad Hariri. Leurs visites en France étaient importantes et j'ai apprécié qu'ils viennent au Sénat. Vous évoquez mon amitié pour le Liban. C'est vrai, je suis un ami de votre pays, depuis longtemps, j'ai de nombreux amis chez vous. Je ne sais pas si on peut parler d'une page nouvelle dans nos relations : nos relations sont anciennes et ont toujours été fortes. Elles le demeurent, c'est le sens de ma visite, avec la volonté de renforcer leur dimension interparlementaire. »

Q - Comment le Sénat français et le président Larcher peuvent-ils aider le Liban à créer son propre Sénat et quels en seraient, selon vous, les fonctions et les avantages ?
R - « La décision de créer un Sénat appartient aux Libanais et à eux seuls. C'est vrai que l'accord de Taëf en prévoit la possibilité. Pour ma part, je suis évidemment un partisan convaincu du bicamérisme : un Parlement à deux Chambres, c'est souvent un Parlement plus équilibré où la représentation nationale peut être assurée avec plus de nuances et où, parfois, les passions du moment dans l'une des Chambres trouvent un balancier stabilisateur dans l'autre Chambre, pour légiférer avec plus de raison. Je donnerai une conférence sur ce thème à l'USJ où je présenterai le schéma institutionnel français. Mais un schéma institutionnel n'est jamais exportable à l'identique : chaque pays doit trouver, dans le respect de sa culture politique, de son histoire, de ses traditions, le modèle qui lui convient. Si à un moment, nos amis libanais souhaitent en discuter avec nous, nous sommes à leur disposition pour partager notre expérience.
« Nous sommes porteurs d'une longue tradition du bicamérisme et notre Sénat dispose d'éléments de référence, d'une expertise et d'une sorte de savoir-faire que nous comptons mettre à la disposition des Libanais s'ils le souhaitent. Nous pourrions également établir des canaux permanents entre le Sénat et l'Assemblée nationale libanaise dans le cadre d'une coopération pratique sur divers plans et à plus d'un niveau. Le tout avec une possibilité pour nos amis libanais de se mettre en contact avec notre bibliothèque, nos archives et tout ce qui peut les aider dans leur tâche de mettre en place et de faire fonctionner. De plus, il y aurait une possibilité de liens avec des institutions et organismes législatifs de l'Europe et de divers pays démocratiques dans le monde pratiquant le bicamérisme. »

Q - Que pensez-vous de l'activité des groupes parlementaires d'amitié France-Liban et quel est le moyen d'accroître leur action et leur efficacité ?
R - « Les groupes d'amitié sont la cheville ouvrière des relations entre nos deux Assemblées, ce sont eux qui font vivre nos relations interparlementaires tout au long de l'année. Adrien Gouteyron, le président du groupe France-Liban au Sénat, m'accompagne, ainsi que trois autres sénateurs membres de ce groupe, et qui appartiennent à plusieurs formations politiques de la majorité et de l'opposition. Vous voyez, notre amitié pour le Liban nous réunit par-delà nos clivages politiques ! Nous rencontrerons bien entendu les membres du groupe parlementaire d'amitié Liban-France que préside M. Michel el-Murr. Nous aurons des réunions également avec l'Assemblée nationale libanaise avec laquelle nous avons un accord de coopération depuis 2002, et nous signerons un programme d'action pour 2010 : ce sera un programme dynamique et volontaire. Je compte donner toute sa plénitude à cet accord et donner des couleurs à la coopération parlementaire franco-libanaise dans le cadre et dans le respect des valeurs que vous connaissez dans votre pays.
Entrer en relation avec le Parlement libanais est un geste fort. Il s'agit en fait de faire profiter votre pays de notre banque de données portant sur la France et l'espace francophone. Faire profiter le Liban également de nos moyens matériels, et enfin contribuer à la recherche d'un système parlementaire et de législations d'inspiration européenne et qui tiendrait en même temps du droit romain et anglo-saxon. Nous avons dans ce cadre apporté un soutien et une aide à plus de 14 Parlements dans le monde. »

Q - Quel message portez-vous au gouvernement et au peuple libanais ?
R - « Un message d'amitié et de fidélité. Les liens entre nos deux pays sont des liens très forts, consolidés par les épreuves qu'a traversées votre pays. Pour nous, l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban, c'est le socle. Ensuite, un message d'optimisme. Le Liban va mieux, et tous les amis du Liban s'en réjouissent. Vous avez de nombreux atouts pour occuper une grande place, pour construire un pays stable et prospère et pour montrer au Moyen-Orient que les différentes communautés peuvent vivre ensemble de façon harmonieuse. Le Liban est un pays particulier. Il a une histoire particulière et une responsabilité particulière. Il doit être un exemple. En ce qui nous concerne, nous ne ménageons aucun effort pour contribuer à l'instauration de la paix au Proche-Orient. »
Lancer le grand chantier du futur et très prochain Sénat libanais. Tel pourrait être le thème de la visite officielle qu'entamera à Beyrouth demain, dimanche, et jusqu'au 17 février, le président du Sénat français, M. Gérard Larcher, qui a accordé une interview à L'Orient-Le Jour dans son bureau du palais du...
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