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Culture - Concert

Menu pointu pour l’ensemble Marges

Musique classique moderne pour trois musiciens (flûte traversière, guitare et piano) présentés à l'Assembly Hall (AUB) par le Kulturzentrum. Menu pointu pour l'ensemble Marges, avec des éclats parfois outrancièrement avant-gardistes. Concert voué davantage aux sonorités presque exploratoires qu'aux tonalités paisibles ou doucement harmonieuses...

Samuel T. Klemke grattant les cordes de sa guitare. (Hassan Assal)

Sous la flaque de lumière de la scène de l'Assembly Hall, la pianiste Natasa Sredic. Au milieu de la salle, de part et d'autre, à côté des portes latérales, Elizabeth Birzukova à la flûte traversière et Samuel T. Klemke grattant les cordes d'une guitare.
Ouverture insolite de l'ensemble Marges (fondé en 2006 par de jeunes musiciens diplômés du Conservatoire Frantz Liszt de Weimar) pour interpréter un opus intitulé Souffle hors saison de Klaus Huber. Sonorités stridentes d'un compositeur suisse aux notes isolées et grinçantes...
Et se succèdent dans les mêmes couleurs nerveuses, drues et parfois à contre-emploi des instruments utilisés, des partitions d'une modernité décapante ou parfois même agaçantes de provocation. À part Klaus Hubert, se sont succédé donc des pages de Benjamin Britten, Toru Takemitsu, Paul Hindemith, Élias el-Koussa, Olivier Messiaen, Léo Brouwer, Ernst von Dohnanyl et Astor Piazzolla.
La seconde œuvre interprétée est un solo de guitare (un extrait de Nocturnal) de Benjamin Britten, l'un des plus brillants compositeurs britanniques et compagnon du ténor Peter Pears. Accords sourds ou doux pour une expression fortement nuancée de mystères de la nuit...
Japonisant, saccadé et quelque peu houleux est l'hommage à la mer de Toru Takemitsu, lui qui a signé la musique du sulfureux film L'Empire de la passion d'Oshima ainsi que du colossal Ran d'Akira Kurosawa...
Pour conclure la première partie du programme, une vibrante sonate de Paul Hindemith où flûte et guitare entament une tonique sarabande des notes entre quatre mouvements au ton délibérément emballé (joyeux et agité, très lent, plein de vivacité et marche).
Petit entracte et reprise avec l'Écho (pour flûte, guitare et piano) d'Élias el-Koussa, jeune compositeur libanais, licencié du Conservatoire de Beyrouth, élève à Weimar à l'École Frantz Liszt, diplômé de Leipzig et dont cet opus est offert pour la première fois en audience au public libanais. Une œuvre courte, habitée d'une certaine nervosité et angoisse, où la flûte a des murmures étouffés et des cris de douleur surprenants, et où le piano a des martèlements sourds et bartokiens à même les cordes...
Le Merle noir d'Olivier Messiaen pour flûte et piano, entre babil de volatile, battements d'ailes et froissements de plumes couleur d'ébène, a des luisances ombrageuses et légères...
Plus proches des prosodies conventionnelles sont les trois Danses concertantes de Léo Brouwer, usant avec subtilité et dextérité des chaleureuses tonalités, rythmes et cadences du folklore afro-cubain. Ici, la guitare et le piano ont des connivences heureuses, déclarées et chargées presque d'une certaine lumière vive...
En avant dernier morceau, une Passacaille pour solo de flûte de Ernst von Dohnanyl, véritable moment de bravoure pour une narration requérant haute voltige de souffle et technicité imparable.
Et pour terminer, une œuvre attendue et aimée du public, La fugue (pour flûte, guitare et piano) de l'Argentin Astor Piazzolla, prolifique compositeur de tangos sensuels et ensoleillés. Une fugue aux couleurs marquées et presque chargée d'embruns salés. Rythmes, cadences et liberté d'inspiration pour un opus qui emmène l'auditeur vers des rives sablonneuses où le rêve se dessine entre nostalgie, vague à l'âme et bonheur perdu et retrouvé...
Pour un menu réservé quand même aux happy few (et qui dure - oui c'est trop long ! - deux heures, entracte de dix minutes inclus) de fervents et avisés amateurs de musique moderne, courtois applaudissements du très petit cercle de mélomanes présents, sortis ce soir-là par un exceptionnel temps «caillant», authentique froid de canard...
Sous la flaque de lumière de la scène de l'Assembly Hall, la pianiste Natasa Sredic. Au milieu de la salle, de part et d'autre, à côté des portes latérales, Elizabeth Birzukova à la flûte traversière et Samuel T. Klemke grattant les cordes d'une guitare.Ouverture insolite de l'ensemble Marges (fondé en 2006 par de jeunes...

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