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Nos Lecteurs ont la Parole

Quand le Yémen était l’Arabie heureuse

Pierre L. AOUN
Vers le VIIIe siècle avant J.-C., les Sudarabiques, comme on les désignait alors, ne se dénommaient pas eux-mêmes Arabes, parlaient une langue proche de l'arabe, mais non identique, et étaient arrivés à un stade de civilisation sédentaire,  urbaine même, fondée sur l'agriculture et le commerce.
Ils avaient constitué des États qu'on appelait Saba, Ma'in, Quataban, Hadramout et d'autres. Chacun de ces États était dirigé par une tribu dominante et privilégiée. Probablement aussi, du moins pour une certaine période, par des monarchies parlementaires. Il y avait un roi et une assemblée constituante. Les décisions étaient prises par exemple « par le roi de Ma'in et par Ma'in ». Tous ces États se heurtaient ou s'alliaient suivant les circonstances économiques et politiques. En tout cas, il est confirmé que le développement des civilisations méditerranéennes avait accru par contrecoup la richesse de leurs fournisseurs sudarabiques.
Des fouilles récentes à Timna', la capitale du royaume de Quataban, ville riche de 65 temples selon Pline, ont montré que ces « Arabes heureux » jouissaient d'une civilisation très élevée.
Le contraste était grand entre ces Sudarabiques sédentaires, civilisés, vivant dans le luxe et l'opulence, peuplant des États organisés, et les Arabes du Nord, ensemble de tribus errantes, aux mœurs frustes et par moments sauvages, presque dénués de tout bien matériel, faméliques et libres.
Après le triomphe de l'islam, ces Sudarabiques furent rapidement arabisés et tous les habitants de la péninsule partirent ensemble à la conquête de l'univers.
Mais la mémoire de leur brillante civilisation ne périt pas tout de suite. Les Yéménites formaient dans les rangs musulmans un parti luttant avec acharnement contre les Arabes du Nord. Des intellectuels et des petits seigneurs du Yémen, jusqu'à une époque assez tardive, développèrent une espèce de nationalisme sudarabique.
Nous assistons malheureusement en ce XXIe siècle au retour de cette lutte qui fait de ce pays l'un des foyers non encore déclarés du terrorisme mondial.
Comment peut-on le sauver ? Existe-il une solution moderne ? À mon avis, nous ne pouvons que baisser les bras et laisser au temps le temps d'écrire une nouvelle histoire de ce beau pays, au passé aussi prestigieux que d'autres empires, royaumes ou États aujourd'hui
disparus.
Et ne pas se poser en défenseurs de tel ou tel autre principe moderne, avec des arrière-pensées toujours cupides.

Pierre L. AOUN

Vers le VIIIe siècle avant J.-C., les Sudarabiques, comme on les désignait alors, ne se dénommaient pas eux-mêmes Arabes, parlaient une langue proche de l'arabe, mais non identique, et étaient arrivés à un stade de civilisation sédentaire,  urbaine même, fondée sur l'agriculture et le commerce.Ils avaient...

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