Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Le Liban au Conseil de sécurité

Les conditions d’une aventure constructive

Fady FADEL
L'entrée du Liban comme membre non permanent au Conseil de sécurité pour les années 2010/2011 a empli de joie les uns et stressé les autres. L'on pourrait se réjouir du fait que le Liban soit enfin reconnu comme acteur dans la communauté internationale après des dizaines d'années où il était identifié à sa situation conflictuelle à bien des égards. L'on pourrait également être réservé par rapport à ce nouveau rôle accordé au Liban au sein du Conseil vu la complexité de sa conjoncture nationale et l'hégémonie occidentale qui fait suivre derrière elle les autres pays membres, permanents ou non du Conseil.
Qu'en est-il vraiment ? Est-ce que ce nouveau statut du Liban menace accidentellement sa stabilité ? Est-ce que les critiques à l'endroit du Conseil de sécurité le qualifiant d'inefficient, d'inefficace, de partial, de dépendant, d'instance de guerre (et j'en passe) se seraient estompées une fois pour toutes après que l'on se soit rendu compte qu'il s'agit quand même de la plus haute institution mondiale chargé du maintien de la paix et de la sécurité ? Est-ce qu'il serait interdit de voir le Liban jouer à l'échelle internationale (et donc régionale) le rôle de partenaire, de médiateur et de négociateur dans le processus de résolution des différents conflits ?
2010 et 2011 ne seront pas pour le Liban comme les années passées, mais elles pourront désormais influencer la situation dans le pays pour  que l'on sache défendre les intérêts nationaux par le biais d'une diplomatie visionnaire et stratégique.
Cette action diplomatique est déjà à l'œuvre mais manque de rayonnement. Les diverses échéances auxquelles le Liban fera face au Conseil de sécurité révèleront la pertinence de sa diplomatie et sa vivacité, ou a contrario sa passivité et sa médiocrité. Les attentes ne se situent pas au niveau des ressources humaines administratives, mais plutôt au niveau de la volonté politique. Il convient en premier lieu de définir nos intérêts nationaux dans cette nouvelle mission, déterminer en second lieu une vision à moyen terme pour promouvoir ces intérêts, les protéger, enfin agir sur la scène internationale en conséquence. C'est ainsi que l'entrée du Liban au sein de cette institution mondiale pourrait s'inscrire dans un sillage global et jetterait les bases pour une action pertinente, durable et à géométrie variable.
Le Liban entame une nouvelle aventure au sein de l'institution onusienne et s'apprête à être un partenaire dans les négociations, les tractations et le processus de prise de décision. Jusqu'à présent, le pays du Cèdre n'a pas été un partenaire ou un allié de guerre à l'échelle mondiale. Sa nouvelle mission favorisera sa défense des principes justes et équitables dans tout processus de paix. Un pays déchiré par les conflits régionaux et locaux ne saurait prendre part à des mesures coercitives militaires à des fins « politistes ». Le Liban promouvra le maintien de la sécurité, son renforcement, voire son imposition (puisque cela existe) en vue d'instaurer un environnement de stabilité avant de rêver d'une paix véritable qui se substitue aux situations conflictuelles.
Il ne s'agit pas de changer le monde, il s'agit avant tout d'apprendre à faire prévaloir nos intérêts et les défendre à travers une vision stratégique qui ne s'arrêtera pas en 2011, bien au contraire, elle y aura débuté pour durer longtemps.
In somma, il s'agit d'une échéance. Le Liban est appelé à saisir à cet effet toutes les opportunités (nationales, régionales et internationales) pour reconstituer sa souveraineté et retrouver son rayonnement. État démembré de 1975 à 2005, le Liban regagne petit à petit, non sans difficultés, l'essence ontologique de son identité d'État. Espérons que l'échéance 2010-2011 soit une référence, voire une pierre d'édifice dans ce chantier national.

Fady FADEL
Professeur de droit international,
vice-recteur et
secrétaire général
de l'Université antonine
L'entrée du Liban comme membre non permanent au Conseil de sécurité pour les années 2010/2011 a empli de joie les uns et stressé les autres. L'on pourrait se réjouir du fait que le Liban soit enfin reconnu comme acteur dans la communauté internationale après des dizaines d'années où il était identifié...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut