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Accord de Copenhague : que s’est-il réellement passé ? - Climat

Accord de Copenhague : que s’est-il réellement passé ?

La seconde et dernière semaine du Cop 15, le sommet de l'ONU sur le changement climatique qui s'est tenu à Copenhague, s'est terminée comme elle avait commencé : dans la confusion la plus totale.

Les passants s’arrêtent pour jeter un coup d’œil sur le « cool globe », à Copenhague. Adrian Dennis/ Photo AFP

La question que l'on se pose légitimement après le sommet de Copenhague est la suivante : quel est cet accord qui en a résulté et que signifie-t-il pour les pays et pour la lutte contre le changement climatique ? La réponse à cette question n'est pas évidente, tant les explications officielles sur l'issue inattendue de ce sommet sont restées nébuleuses. En réalité, le document que l'on désigne désormais « accord de Copenhague » est non seulement non contraignant légalement (comme on s'y attendait déjà depuis de nombreux mois), mais il n'a même pas été adopté officiellement par les parties en présence, qui n'ont pas voté lors de la dernière séance plénière.
Autre facteur significatif : le document a été élaboré par une assemblée de chefs d'État de 28 pays, dont des pays développés et des pays en développement, et ne s'inscrit donc pas dans le cadre de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC) - la partie organisatrice de ce Cop (« Conference of parties ») - ce qui pose des points d'interrogation sur le rôle, désormais, de cette instance. Même l'annonce de la « percée » est venue du président américain Barack Obama, qui a tenu une conférence de presse au « Bella Center » avant son départ pour Washington... avant d'être contesté par nombre de pays mécontents, qui ont entravé le consensus.
L'explication officielle sur cet accord est venue du secrétaire exécutif de l'UNFCCC, Yvo de Boer, au cours de la conférence de presse finale, samedi. Il a qualifié le document d'« accord impressionnant, politiquement significatif, mais non contraignant légalement », dans lequel « des intentions ont été exprimées, mais pas encore en termes légaux, d'où le fait qu'il reste beaucoup à faire ». Mais il a précisé que « l'adhésion à ce document est volontaire, et chaque pays décidera, dans le cadre de cette entente, des mesures qu'il compte prendre ». Il a eu une réponse évasive à une question sur le rôle de l'UNFCCC dans cet accord. Quand un journaliste lui a demandé s'il comptait démissionner après cet épisode à Copenhague, il a souligné qu'il ne se sentait pas personnellement responsable. Enfin, M. de Boer a beaucoup insisté sur la perspective du prochain Cop à Mexico, fin 2010, en vue de l'adoption d'un accord qui serait contraignant et beaucoup plus précis, sans indiquer ce qui lui fait espérer que les circonstances changeraient d'ici là.
Au-delà de ces propos diplomatiques, que s'est-il réellement passé ? Des sources ayant assisté aux débats nous expliquent pourquoi l'accord de Copenhague n'est pas, techniquement, une décision de la convention des parties. En fait, ce texte a été élaboré, comme on le sait, par 28 pays, sur une proposition du Premier ministre danois Lars Rasmussen, afin de débloquer les négociations. Une fois ce texte distribué en salle plénière aux autres pays, il a provoqué la foudre des représentants de cinq nations : le Soudan (dont l'ambassadeur Lumumba Stanislaus Di-Aping a dénoncé le processus d'adoption du deal en des termes très durs), le Nicaragua, le Venezuela, la Colombie et Cuba. Ces pays ont dénoncé « le manque de transparence du processus » qui, selon eux, a « ignoré le rôle des Nations unies ». Ils se sont insurgés aussi contre le fait que le financement pour les besoins d'adaptation a été mis sur un pied d'égalité avec celui des compensations pour d'éventuelles retombées économiques de la réduction des émissions dans les pays concernés (un point qui a été ajouté à la demande de l'Arabie saoudite, qui craint pour ses intérêts pétroliers). Malgré les interventions de Rasmussen et de De Boer, les cinq États sont restés intraitables, et la décision s'est transformée en « un document dont Cop 15 a pris connaissance ».
Un autre problème a émergé, selon les mêmes sources : pour décrire l'objectif du sommet qui se tiendra à Mexico dans un an, les termes « accord légalement contraignant » ont été ôtés à la demande de trois pays : l'Inde, l'Arabie saoudite et la Chine. Une inconnue entoure donc désormais le statut du prochain document qui sera voté à Mexico fin 2010.
Alors Copenhague est-il un échec ou non ? Les réactions, même celles des ONG, sont diversifiées. Certaines ONG estiment que c'est un début sur lequel il est possible de bâtir, et le groupe des pays insulaires très vulnérables en fait partie. D'autres, plus pessimistes, comme Greenpeace par exemple, parlent d'échec complet, ce texte n'ayant répondu à aucune des exigences : ni des précisions sur le système de financement, ni sur les réductions d'émissions, et pas de caractère contraignant. D'ailleurs, dans la forme actuelle du document, qualifié de « texte mi-cuit » par WWF, même si un pays choisit d'y adhérer, il ne dispose d'aucune procédure pour le faire, et son adhésion ne lui garantit rien, surtout pas le financement promis.
Une impression se dégage de toutes ces négociations : on y a parlé de tout sauf de la planète en danger. Qu'est-ce qui pourrait changer d'ici à un an pour que Cop 16 à Mexico produise un accord contraignant ? La question reste ouverte. Dans l'attente, les points conflictuels sont reportés.
La question que l'on se pose légitimement après le sommet de Copenhague est la suivante : quel est cet accord qui en a résulté et que signifie-t-il pour les pays et pour la lutte contre le changement climatique ? La réponse à cette question n'est pas évidente, tant les explications officielles sur l'issue inattendue de ce sommet sont...