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Économie - Royaume-Uni

Darling s’en prend davantage aux bonus qu’à la baisse du déficit

Le ministre britannique des Finances Alistair Darling, qui a dévoilé hier les grandes lignes du budget de l'an prochain à quelques mois de législatives cruciales et en pleine crise budgétaire, a choisi de s'en prendre aux bonus plutôt qu'à une réduction du déficit trop rapide. M. Darling a abaissé les prévisions de croissance pour cette année, alors que le pays sort seulement du rouge actuellement, après six trimestres de récession. Le PIB aura reculé de 4,75 % en 2009, a-t-il estimé, contre une précédente évaluation à -3,5 % en moyenne. Pour l'an prochain, il a maintenu l'idée d'un rebond à +1,25 %. Parallèlement il a à peine alourdi sa prévision de déficit public pour cette année, à 12,6 % du PIB au lieu de 12,4 % initialement prévu. Le déficit prévu l'an prochain équivaut encore à 12 % du PIB.
Alors que le Royaume-Uni est d'autant plus surveillé sur ses finances publiques que deux grandes agences de notation, Fitch et S&P, ont déjà semé le doute sur la maintien de sa prestigieuse note de crédit AAA, M. Darling a confirmé que le pays souhaitait diviser par deux le déficit public en quatre ans. Mais il n'a pas dit comment il s'y prendrait. Et il va commencer en « s'en tenant à ses projets de dépenses pour l'an prochain », marqués par une hausse de 2,2 % hors inflation « parce qu'il serait dangereux » pour la reprise de faire autrement, selon lui. Les quatre années suivantes, la hausse sera limitée à 0,8 %.
Plutôt que détailler ce programme de rigueur, M. Darling a préféré lancer des clins d'œil à l'électeur en comparant à cinq reprises la situation sociale relativement préservée qui prévaut après cette récession, grâce à la prodigalité du gouvernement travailliste, à celle qui existait sous les conservateurs dans les années 90 les plus noires. Il a soigné une myriade de micro-secteurs, allant d'une réduction de l'impôt sur les établissements de bingo à une prime à la casse pour les vieux chauffe-eau. Résumant l'impression générale, Howard Archer, d'IHS Global Insight, a estimé qu'il s'agissait « bien plus d'un prébudget politique que d'un prébudget économique » et qu'on « n'était pas beaucoup plus renseigné sur la manière dont va s'opérer la réduction du déficit ».
La clé du discours, très attendue, a concerné les banquiers, devenus la bête noire du contribuable à force d'attendre des bonus alors qu'ils n'ont, pour certains, dû leur salut qu'à l'argent public. M. Darling a rejeté un impôt sur les bénéfices des banques et les a encouragées à renforcer leur capital plutôt qu'à verser de gros bonus. « Mais si elles persistent, je suis déterminé à récupérer de l'argent pour le compte du contribuable », a-t-il dit. Les banques devront ainsi payer, cette année seulement, un impôt équivalant à la moitié de ces bonus au-dessus de 25 000 livres. Cette taxe devrait rapporter 550 millions de livres (plus de 600 millions d'euros) pour financer des mesures sociales annoncées par ailleurs. L'Association des banquiers britanniques (BBA) a réagi sereinement, disant attendre « les détails » de la mesure, tout en soulignant le risque de rendre la place financière de Londres « moins attractive ».
Cette mesure a finalement été moins commentée que la hausse des charges sociales d'un demi-point qui entrera en vigueur à partir d'avril 2011, qualifiée par l'opposition « d'impôt sur les emplois ». Le spécialiste des Finances du parti conservateur George Osborne a jugé que le discours de M. Darling avait surtout permis aux Britanniques de comprendre « qu'ils ne devaient plus jamais confier leur argent aux travaillistes ». Après ce discours, les paris sur une perte par le Royaume-Uni de son AAA sont montés en flèche, selon la maison de paris Paddy Power.

Le ministre britannique des Finances Alistair Darling, qui a dévoilé hier les grandes lignes du budget de l'an prochain à quelques mois de législatives cruciales et en pleine crise budgétaire, a choisi de s'en prendre aux bonus plutôt qu'à une réduction du déficit trop rapide. M. Darling a abaissé les prévisions de...
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