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Liban - Texto

À n’en plus pouvoir

Les embouteillages monstres, inextricables et insolubles, les inondations à chaque nouvelle tempête, le prix de l'essence qui n'en finit pas de grimper, l'obscurité la nuit, dans les rues, les excès de vitesse non réprimés. Chaque jour, le citoyen moyen est confronté à ces désagréments qui, additionnés et subis de manière quotidienne, finissent pas s'apparenter à des calamités ingérables, insupportables.
Pendant ce temps, autour d'une table ovale, un texte de politique générale censé régir tout un État se discute, au milieu d'une résignation quasi généralisée. Le temps des compromis est-il arrivé ? Sont-ils désormais inéluctables ? Même si les modifications apportées au texte ne sont que minimes, il en résulte une nette tendance à la dilution de l'esprit même de toute une période de l'histoire du Liban qui s'est caractérisée par un renforcement tous azimuts de l'affirmation nationale et une consolidation d'une personnalité libanaise pleine et entière. Hier, c'est une tout autre tendance qui a déferlé sur le Conseil des ministres, avec, en filigrane, une volonté de composer avec la Syrie voisine. Comment ? En ôtant un mot par-ci, en y ajoutant un autre par-là, en diluant le sens d'une clause, d'un alinéa. Peut-être qu'il ne s'agit là que d'un comportement purement préventif, que d'une frilosité politique qui se fonde sur un principe qui recommande de ne pas tenter le diable, de ne pas, en bon Libanais, faire rentrer l'ours dans le verger, surtout lorsque l'ours en question est, de surcroît, un voisin.
Mais une question mérite d'être posée dans ce contexte, justement. Que se serait-il passé si, hormis la clause concernant spécifiquement les armes de la Résistance, les autres dispositions d'une déclaration ministérielle déjà assez diluée et très peu concrète avaient été conservées telles quelles ? Les responsables de ce petit pays se sentent-ils obligés, à chaque fois, de se montrer plus royalistes que le roi ? Au lieu de chipoter, à n'en plus pouvoir, sur des mots, en tentant une maladroite et déplacée opération séduction envers le voisin de l'est, il eut été fort approprié, dans ce dernier débat autour du texte ministériel, de se concentrer sur les appréhensions grandissantes des citoyens. Il aurait été tellement plus gratifiant pour tout le monde d'épuiser les quatre heures prévues sur les sujets socio-économiques les plus brûlants, et tellement plus intelligent de feindre le manque de temps pour éviter d'aborder des questions de nature à faire perdre le peu de crédibilité de ceux qui, hier seulement, se voulaient encore le porte-drapeau d'une identité nationale en pleine renaissance.
Les embouteillages monstres, inextricables et insolubles, les inondations à chaque nouvelle tempête, le prix de l'essence qui n'en finit pas de grimper, l'obscurité la nuit, dans les rues, les excès de vitesse non réprimés. Chaque jour, le citoyen moyen est confronté à ces désagréments qui, additionnés et subis de...
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