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Nos Lecteurs ont la Parole

Ils défilent en privé…

Nadim DAHER
Comme chaque année, la troupe se prépare pour défiler le 22 novembre. Cette année, la répétition fut un calvaire mémorable pour les automobilistes souhaitant se rendre à leur lieu de travail, un certain vendredi 20 novembre. Ils ont dû croupir des heures dans leurs voitures car le commandement de notre grande armée n'a pas eu la bonne idée de répéter un samedi, jour férié pour beaucoup, au lieu d'un jour de semaine. Pire encore, la répétition finale fut encore une fois l'occasion de constater les aberrations de notre république bananière : nous avons autant de présidents que d'avions de chasse, plus de ministres que de chars et surtout plus de gardes de corps pour ces « personnalités » que de soldats. Au pays des bananes (c'est la saison en plus), le citoyen est toujours grognon car il ne lui est donné aucune considération. Cette malheureuse règle s'est encore une fois confirmée pour la fête de l'Indépendance.
Après plusieurs jours de répétition du Koulouna  Lilwatan et l'achat de flambants neufs drapeaux libanais au marché noir tellement c'est une denrée rare en période de sérénité politique, nous avons convenu avec des amis d'assister au défilé militaire du 22 novembre avec nos enfants pour les sensibiliser au sentiment d'appartenance nationale et à l'amour du pays et de son armée. Quelle fut notre stupeur lorsqu'à plus d'un km du lieu-dit, un soldat nous barra la route en nous interdisant d'aller plus loin. La raison ? Comme d'habitude, « les ordres ! Je n'y suis pour rien ». Inutile de discuter avec ce pauvre soldat lorsqu'un illustre supérieur bureaucrate a décidé d'interdire aux simples citoyens que nous sommes (nous n'avons aucun piston et le cousin d'un voisin connaît vaguement le ministre de l'Intérieur) la possibilité de montrer à nos enfants les soldats de leur armée nationale. Il est évident qu'avec nos enfants sur nos épaules ou dans une poussette portant fièrement notre drapeau national, nous constituons un danger terroriste pour nos dirigeants friands de sécurité excessive. Ces malades de la « sécurité-aiguë » ont empêché nos enfants de fêter fièrement leurs soldats. Dans tous les pays civilisés, le défilé militaire est surtout adressé au peuple et notamment aux plus petits qui s'émerveillent devant l'uniforme de leurs soldats. Chez nous, le défilé militaire est une affaire privée de nos politiques retransmise à la télévision pour nous montrer leur belle tronche...  Comment répondre à cette question innocente : « Papa, pourquoi je ne peux pas voir le défilé de nos soldats pour leur chanter Koulouna Lilwatan ? » Et bien la réponse est simple : nous ne sommes pas tous égaux pour la nation et quitte à défiler en privé autant que l'armée défile dans ses casernes...

Nadim DAHER
Comme chaque année, la troupe se prépare pour défiler le 22 novembre. Cette année, la répétition fut un calvaire mémorable pour les automobilistes souhaitant se rendre à leur lieu de travail, un certain vendredi 20 novembre. Ils ont dû croupir des heures dans leurs voitures car le commandement de notre grande armée...

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