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Nos Lecteurs ont la Parole

Face aux tristes signes des temps…

Par Thierry LÉVY-TADJINE

Autrefois, au lendemain d'une guerre, on fondait les canons pour en faire des statues dédiées à la Vierge Marie ou aux divinités afin d'implorer leur pardon et de s'en remettre à l'Altérite pour que l'atrocité guerrière ne se reproduise pas. C'est ainsi que la majestueuse et sublime statue de Notre-Dame de France a été érigée au Puy-en-Velay au sommet du rocher Corneille par le sculpteur Jean-Marie Bonassieux à partir des 213 canons pris à la bataille de Sébastopol.
Aujourd'hui, au lendemain des nouvelles manifestations de l'horreur absolue, on fond les ruines d'acier pour en faire de nouveaux canons. C'est ainsi que la plupart des New-Yorkais s'extasient devant le nouveau navire de guerre USS New York bâti à partir de l'acier des tours du World Trade Center. L'esprit implicite de vengeance ou de revanche prend ainsi le pas sur celui du pardon. Le contraste est saisissant. Aussi, faut-il souligner le courage des prophètes de notre temps qui détonent par rapport à cette folie guerrière et qui sont héritiers de nos aïeux.
Ghassan Tuéni, dont l'ouvrage Enterrer la haine et la vengeance, un destin libanais vient de sortir chez Albin Michel, est de ceux-là. Il y raconte notamment comment, après l'assassinat odieux de son fils député, il a été comme poussé intérieurement à appeler au pardon autant qu'a la justice lors des obsèques dans la cathédrale Saint-Georges. Par son message et en vertu de ce qu'il incarnait pour les Libanais, il a de fait posé un signal contributeur de paix au même titre que les 110 tonnes de fonte sculptée amoureusement par Jean-Marie Bonassieux 150 ans plus tôt. Il n'est, de ce fait, pas étonnant pour nous que Ghassan Tuéni commence son livre en rapportant son émotion devant la madone de Gentile de Fabriano. C'est comme un signe de connivence avec Bonassieux face aux tristes signes des temps qu'incarne le baptême de l'USS NewYork.

 

Thierry LÉVY-TADJINE
Auteur de  « Témoin
au Liban avec le Hezbollah », L'Harmattan, 2008.

Autrefois, au lendemain d'une guerre, on fondait les canons pour en faire des statues dédiées à la Vierge Marie ou aux divinités afin d'implorer leur pardon et de s'en remettre à l'Altérite pour que l'atrocité guerrière ne se reproduise pas. C'est ainsi que la majestueuse et sublime statue de Notre-Dame de France a...

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