Au lendemain de ce fameux 7 juin, durant lequel ils avaient étonné le monde entier par leur niveau de civisme, les Libanais - ces pauvres habitants d'un pays que certains qualifient de maudit - espéraient pourtant l'amorce d'une nouvelle « ère ». Ils espéraient surtout, après tant d'années perdues et d'occasions ratées, qu'un cabinet, à l'image de ce ministre si sérieux qu'est Ziyad Baroud, puisse s'occuper (enfin) de leurs problèmes quotidiens et remettre le pays sur les rails de l'essor tant attendu.
Ils y croyaient tellement d'autant que le contexte s'y prêtait, tant sur le plan politique que sur le plan économique. Afflux record de capitaux, boom de l'activité touristique, prolifération des projets de construction..., tout laissait croire à une relance, à une résurrection, à l'heure où le monde entier sombrait dans la plus grande dépression... Mais pour rééditer le scénario de 2006, lorsque les espoirs d'une reprise avaient été cruellement sapés par une guerre destructrice, il fallait inventer un nouvel élément, un nouveau motif ; on l'appellerait « formation de gouvernement », s'est dit le(s) metteur(s) en scène. Plus dissimulé, surtout moins violent, il permettrait de tuer à petit feu cette espérance et accablerait l'économie de pertes plus invisibles mais aussi plus pernicieuses que celles que la dernière guerre avait engendrées.
Depuis un certain temps, cette montée en flèche des principaux indicateurs commence d'ailleurs à afficher des signes d'essoufflement. Le momentum économique avait en effet besoin d'être accompagné d'un strict minimum de sens public... mais il ne l'a simplement pas été ! Tout cela, parce que trois ou quatre messieurs ont décidé, par caprice ou sur ordre d'une quelconque puissance étrangère, de retarder le processus d'accouchement.
Mieux vaut en rire qu'en pleurer, dit le dicton. Soit, mais encore faut-il trouver de l'espace pour... rire.