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Liban - Commentaire

Les risettes syriennes tournent au rictus

Monts et merveilles des Syriens, après la rencontre avec les Saoudiens, et même avant, auprès des émissaires de Paris. Puis réserves, pour ménager l'Iran. Et maintenant, une nette amorce de recul. On entend en effet Wi'am Wahhab, leur héraut, préciser que l'on va vers une crise politique ouverte au cas où le gouvernement ne serait pas formé dans les dix jours. Ce qui semble des plus probables, avec le maintien des conditions rédhibitoires des prosyriens. En réalité, le scepticisme concernant les intentions syriennes était de mise depuis le début. Car dès ce moment, et alors que Saad Hariri promettait un dénouement dans les quelques jours, Wahhab annonçait qu'il n'y aurait pas de cabinet avant novembre. Or, si l'on peut gloser autant qu'on veut sur la prétendue autonomie des prosyriens, il est certain que si Damas l'avait voulu, les obstacles empêchant la normalisation institutionnelle au Liban auraient été levés depuis longtemps.
Au départ, les Syriens demandaient qu'une fois désigné, et avant de mettre sur pied son équipe, le fils de Rafic Hariri leur rendît visite. Il a refusé, ils ont fait mine de s'incliner, pour ne pas compromettre les acquis de leur amorce d'ouverture en direction des Saoudiens. Mais, comme par hasard, sa première tentative est tombée à l'eau. Et ainsi, Damas a pu continuer son petit jeu de déclarations trompeuses, en tirant les ficelles grâce à ses bons amis du cru. Et en sachant que même s'il lui faudrait concéder aux Saoudiens et aux Français la mise en place d'un gouvernement de coalition dirigé par Hariri, il lui serait loisible de le faire sauter à tout moment. En enjoignant, par exemple, aux ministres d'une communauté déterminée de démissionner en bloc. Sans compter que la formule signifie, au fond, que l'État de droit libanais, libre, indépendant, souverain, maître du territoire national et des armes n'est toujours sorti ni de l'auberge ni des cartons. On sait en effet que la soi-disant renonciation au tiers de blocage paralysant n'est qu'un leurre. Car, dans l'équation 15-10-5, elle est remplacée par un effet de gommage encore plus efficace : que toute décision soit nécessairement prise à l'amiable, sans recours au vote en cas de litige. Ce qui signifie qu'un non-opposant suffit pour saboter l'État.
En supposant que Damas, comme il s'y est engagé après le sommet avec les Saoudiens, ne cherche pas à faire augmenter le quantum ministériel de ses alliés, il peut toujours jouer sur le qualitatif. En les portant à exiger encore plus de portefeuilles-clés, dits souverainistes, ou de services. Il pourrait ainsi contrôler le pouvoir libanais une fois et demie. Une fois, à défaut, par le blocage des décisions de la majorité. Et une demi-fois par les avantages que rapporteraient les ministères de choix. Au quotidien, pour les services, ou en termes de stratégie et de renseignements pour l'Intérieur et les Télécoms.
Mais cette crise ouverte qu'évoque déjà Wahhab, comment pourrait-on la régler ? Damas et ses proches envisageraient, selon des observateurs avertis, trois hypothèses. Un cabinet que dirigerait Nagib Mikati, ou Mohammad Safadi, la part que Saad Hariri refuserait alors revenant à la minorité, la confiance à la Chambre étant assurée par l'apport des voix du bloc Joumblatt. Deux : un gouvernement d'extraparlementaires dirigé par Sélim Hoss, ou par Adnane Kassar, avec des objectifs apolitiques comme la préparation des municipales. Trois : la liquidation pure et simple du système actuel et son remplacement par cette IIIe République que le général Michel Aoun appelle de ses vœux.
Monts et merveilles des Syriens, après la rencontre avec les Saoudiens, et même avant, auprès des émissaires de Paris. Puis réserves, pour ménager l'Iran. Et maintenant, une nette amorce de recul. On entend en effet Wi'am Wahhab, leur héraut, préciser que l'on va vers une crise politique ouverte au cas où le gouvernement ne serait pas...
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