Bank of America : perte nette d’un milliard de dollars au 3e trimestre, pire qu’attendu

La perte représente 26 cents par action, indique-t-elle dans un communiqué. Les analystes tablaient sur -21 cents.
Un an plus tôt, Bank of America avait enregistré un bénéfice net de 1,177 milliard de dollars, soit 15 cents par action.
La perte enregistrée au troisième trimestre provient notamment de lourdes dépréciations de titres financiers et de crédits s'élevant à 2,6 milliards de dollars, et d'une charge de 425 millions de dollars versée au gouvernement pour sortir d'un programme de garantie gouvernementale sur des actifs à risque.
Ces chiffres n'incluent pas une charge de 1,2 milliard liée à la distribution d'un dividende, dont 893 millions payés au gouvernement américain. Au total, la part revenant aux actionnaires représente donc une perte de 2,241 milliards de dollars.
Bank of America a souffert ce trimestre de « la faiblesse persistante de l'économie américaine et mondiale, et des difficultés rencontrées par les consommateurs, qui se sont traduites par des coûts liés aux crédits élevés », a commenté la banque dans un communiqué.
Les difficultés rencontrées par les consommateurs dans un contexte de chômage en hausse vont continuer à plomber les résultats de la banque en 2010.
« Même si nous nous attendons à ce qu'il ait culminé cette année, le niveau des pertes nettes va rester élevé en 2010 », a prédit le PDG Kenneth Lewis lors d'une conférence téléphonique, faisant référence aux pertes nettes liées à des crédits.
La Bank of Charlotte (Caroline du Nord) souligne avoir ajouté 2,1 milliards de dollars à ses réserves pour de futures pertes liées aux défauts de crédit. M. Lewis a toutefois estimé que « le rythme des défauts » sur des paiements liés à des cartes de crédit avait ralenti.
En revanche, la banque s'est félicitée de performances en progrès sur les « marchés de capitaux » et de la contribution positive à ses résultats de sa maison de courtage Merrill Lynch, rachetée en décembre 2008 et qui « continue à bénéficier d'une dynamique positive ».
Le chiffre d'affaires de la banque s'élevait à 26,035 milliards de dollars sur la période sous revue contre 19,621 milliards un an plus tôt, reflétant l'acquisition de Merrill Lynch et donc un périmètre d'activité plus important.
Comparées au second trimestre (33,1 milliards de dollars), les recettes du groupe ont baissé de 21,3 %.
Son ratio de « tier one », une des mesures de sa solidité financière, s'élève à 12,46 %.
Jeudi, juste avant la publication de ces résultats, Bank of America avait annoncé que M. Lewis renonçait à toute rémunération pour l'année 2009 sous la pression de Kenneth Feinberg, un responsable du Trésor chargé de surveiller la rémunération des entreprises ayant bénéficié du plus d'aides gouvernementales.
Il a été contraint de démissionner et quittera son poste à la fin de l'année en raison de la polémique liée au rachat contesté de Merrill Lynch, qui a valu plusieurs plaintes à la banque.
Le gendarme de la Bourse américaine (SEC) accuse notamment Bank of America d'avoir caché à ses actionnaires qu'elle avait approuvé le versement par sa future filiale de 3,6 milliards de dollars de primes, en dépit de pertes colossales en 2008.
Interrogé sur le calendrier et les raisons de son départ, M. Lewis s'est contenté de dire qu'il avait passé les deux tiers de sa vie chez Bank of America et que « huit années au poste de PDG suffisent ».