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Nos Lecteurs ont la Parole

Volenti non fit injuria

Molly SELWAN
Si l'on évoque les allégeances des partis, on se répète ; si l'on constate les contradictions dans l'application des lois, on se répète ; si l'on reproche à certains politiciens d'avoir un double discours, on risque de se répéter aussi. Quant à transférer notre attention sur le quotidien des citoyens, c'est réitérer indéfiniment les mêmes complaintes. Il n'y a plus de qualificatifs pour stigmatiser les questions dont nous avons déjà fait le tour. Que peut-on ajouter, à l'écoute des vibrations locales, émises dans ce petit pays qu'est le Liban, à part réaliser l'aveuglement d'une grande partie des Libanais, qui a peur d'admettre d'où vient le danger ? Ce sont tous les prétextes du monde pour camoufler cette vérité qui crève pourtant les yeux. Alors, en désespoir de cause, on se résigne à aimer ce que l'on craint ; à plus forte raison s'il possède entre les mains la carte maîtresse : la force des armes.
Bienheureux La Fontaine qui, il y a trois siècles déjà, consignait le Silence des agneaux dans sa fable où « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Aimer le geôlier dont on est l'otage, ne serait-ce pas là le « syndrome de Stockholm » ? Ce mécanisme psychique peut se transposer au niveau social quand le dictateur présente un programme pour justifier son attitude (comme Hitler, Fidel Castro, Franco, Nasser », et devient, aux yeux de ses victimes, un symbole d'admiration. Ces figures emblématiques ont pu créer une osmose entre elles et le peuple, à travers une idéologie déterminée favorisant de la sorte un « syndrome de Stockholm » collectif. C'est ainsi que les slogans de la liberté se transforment en dictatures.
En parallèle, il se fait un travail de sape du concept « Liban d'abord » et l'on favorise la mission « arabiste » du Liban qui est de récupérer la terre de la Palestine et défendre la « oumma ». Pour certains, considérer notre pays comme autonome est erroné. Il est une province arabe ou peut-être, dans un avenir proche, une zone de la République islamique d'Iran. N'est-ce pas un manque de patriotisme chez nombre de dirigeants que de sacrifier sur l'autel du mercantilisme la souveraineté du Liban ? Même cette fameuse démocratie consensuelle n'est pas solvable car les compromis qu'elle nécessite deviennent des marchandages. D'autre part, il y a contradiction entre vouloir établir un consensus censé respecter les différences communautaires et insister sur une démocratie populaire en se référant à la loi du nombre. Même dans cette forme de figure, il y a aussi contradiction car la démocratie parlementaire est issue elle-même du peuple, soit du nombre total des électeurs. Si « vox populi vox Dei », pourquoi tourner autour du pot de cette façon et proroger la discorde ? C'est vouloir brouiller les cartes quand les résultats de la partie ne sont pas à l'avantage du perdant... et continuer à vider le contenant de son contenu pour ne découvrir finalement, dans la Constitution, qu'un vase vide. Pourquoi prendre la peine de construire un État, légiférer, établir des règles si, par le chantage des armes, on les transgresse ? Quand toutes « les Tables de la loi » sont brisées, il reste la tyrannie et le peuple qui suit. La définition de la dictature étant son incompatibilité avec les institutions, allons-nous vers une nouvelle dictature ?
Devant cette maltraitance de la Constitution, qui sera le dernier recours du peuple en cas de litige ? Le président de la République n'a-t-il pas son mot à dire ?
Finalement, qui ne dit mot consent et « volenti non fit injuria ». On ne fait pas tort à celui qui consent. Peut-on le faire consentir ?

Molly SELWAN

Si l'on évoque les allégeances des partis, on se répète ; si l'on constate les contradictions dans l'application des lois, on se répète ; si l'on reproche à certains politiciens d'avoir un double discours, on risque de se répéter aussi. Quant à transférer notre attention sur le quotidien des...

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