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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Au-delà, bien au-delà de la fête du Fitr…

La crise avait beau être annoncée, elle n'en reste pas moins un choc. Même si certains responsables, à leur tête le chef de l'État, le président de la Chambre et Walid Joumblatt, ont tenté de calmer le jeu, qui en annonçant que la procédure est légale et qu'elle ne constitue pas la fin du monde et qui en affirmant qu'il nommera à nouveau Saad Hariri pour former le prochain gouvernement.
En principe donc, le président de la République devrait annoncer le calendrier des nouvelles consultations parlementaires pour désigner un nouveau Premier ministre qui sera, selon toute probabilité, Saad Hariri lui-même, mais sur de nouvelles bases. Cette nouvelle désignation sera en effet différente de la précédente, qui s'était faite dans un climat relatif d'espoir et avec un préjugé positif, les Libanais dans leur grande majorité croyant que le Premier ministre pressenti bénéficiait d'un appui régional et international et qu'il allait rééditer l'expérience de son père à la tête de nombreux gouvernements. Cette fois, par contre, l'atmosphère générale du pays est tendue et nul ne pense que la crise sera résolue prochainement. Au contraire, le climat général est annonciateur d'une prolongation des tiraillements internes et externes.
Sur le plan interne, chaque camp accuse l'autre d'être responsable de l'échec de la formation du gouvernement et de plus en plus de politiciens évoquent les événements de mai 2008. L'opposition affirme que le refus de lui accorder le portefeuille des Télécommunications équivaut à la décision du gouvernement Siniora de démanteler le réseau de télécommunications du Hezbollah le 5 mai 2008, alors que la majorité déclare de son côté que le rejet par l'opposition de la formule proposée par Saad Hariri constitue une réédition politique du 7 mai sanglant de 2008. C'est dire combien le fossé est en train de s'approfondir entre les deux camps et certains analystes vont même jusqu'à affirmer que ce qui se passe aujourd'hui est une continuation du 7 mai 2008 qui n'a pas encore été dépassé ni au sein de la majorité ni au sein de l'opposition. Dans cette atmosphère chargée de rancœur, des informations de plus en plus précises circulent sur la préparation de troubles à Tripoli entre les adversaires permanents, Bab Tebbané et Baal Mohsen, alors que des rumeurs font état d'entraînement de jeunes miliciens un peu partout dans le pays et l'on parle de plus en plus d'un réveil des cellules intégristes palestiniennes dans les camps du Liban.
À cette situation de plus en plus complexe, correspond une tension grandissante dans la région, où les tiraillements habituels prennent de plus en plus une allure d'affrontement entre sunnites et chiites, au Yémen et en Irak notamment. De plus, les relations entre l'Arabie saoudite et la Syrie sont au point mort et les interprétations de ce soudain coup de frein au rapprochement divergent selon le camp politique. Les proches de l'Arabie saoudite affirment que la Syrie a profité de la bonne foi du roi Abdallah pour lui soutirer des concessions inacceptables, alors qu'elle ne lui a rien donné en contrepartie, ni dans le dossier palestinien ni dans celui de l'Iran. Ils précisent que l'Arabie avait choisi le rapprochement avec Damas pour attirer la Syrie dans le camp arabe et défaire son alliance avec Téhéran, mais ses efforts ont échoué et elle s'est retrouvée en train d'exercer des pressions sur ses alliés libanais sans rien recevoir en contrepartie. Les proches de la Syrie affirment de leur côté que les États-Unis ont demandé à l'Arabie saoudite de donner un coup de frein à son rapprochement avec la Syrie, car celle-ci doit d'abord offrir des concessions sur les dossiers importants dont elle est la clé, notamment avec le Hamas et avec l'Iran. L'administration américaine, qui serait en difficulté en Afghanistan, en plus de ses problèmes internes sur fond de crise financière, souhaiterait enregistrer une percée dans le dossier israélo-palestinien. Mitchell a été nommé pour préparer un plan de relance des négociations, avec au bout une solution, mais les Israéliens multiplient les refus et il ne reste donc plus qu'à faire pression sur les Arabes. Mais pour que la situation puisse progresser vers le projet de solution à l'américaine, il faut affaiblir la Syrie et ses alliés.
Chacun des joueurs régionaux et internationaux utilise donc les cartes dont il dispose en attendant soit la confrontation, soit le compromis. Au cœur de ce nouveau bras de fer, le Liban a le sentiment que la naissance du gouvernement d'union annoncé est reportée au-delà, bien au-delà de la fête du Fitr...
En principe donc, le président de la République devrait annoncer le calendrier des nouvelles consultations parlementaires pour désigner un nouveau Premier ministre qui sera, selon toute probabilité, Saad Hariri lui-même, mais sur de nouvelles bases. Cette nouvelle désignation sera en effet différente de la précédente, qui...