Youssef Khreich est membre du conseil municipal de Aïn Ebel. Il est le neveu de l'ancien patriarche maronite le cardinal Antoine Khreich. D'ailleurs, le portrait du patriarche est accroché à l'un des murs de son salon.
Il reconnaît qu'il y a des terrains à Aïn Ebel qui ont été vendus. Ils ne se trouvent pas à l'intérieur du village mais à l'orée de la localité. Ils sont notamment limitrophes de Aïnata, Bint Jbeil, chef-lieu de caza et Kounin.
« Il y a longtemps les habitants de Aïn Ebel n'avaient que la terre pour vivre. Ils la travaillaient. Ce n'est malheureusement plus le cas actuellement », indique M. Khreich.
« Des terrains ont été vendus mais pas autant qu'on le pense », dit-il, soulignant que « les habitants de Aïn Ebel ont surtout vendu à des habitants de Bint Jbeil qui sont en train d'acheter les terrains au prix fort ». « Pas plus d'une trentaine de personnes du village ont vendu leurs terrains. Elles ont besoin d'argent et ce sont de petits terrains d'une dizaine de dounoums chacun », explique-t-il, confiant qu'il a lui-même acheté un terrain d'une famille du village qui voulait le vendre à des habitants de Aïta ech-Chaab.
« Si les gens vendent leur terre, c'est parce qu'ils ont faim », martèle-t-il.
Youssef Khreich s'insurge : « Depuis 1976, le gouvernement nous a lâchés. Et pourtant, nous avions payé le prix pour appartenir au Grand Liban en 1920. Certains villages voisins voulaient être rattachés à la Syrie, nous, nous voulions être libanais. » « Après le retrait israélien, les habitants de nos villages ont été accusés d'être des agents israéliens, ils ont été emprisonnés. En restant à Aïn Ebel sous l'occupation israélienne, nous avons préservé le village. Nous avons préservé la terre, nous avons lutté contre l'occupation israélienne en restant sur place », ajoute-t-il.
Aujourd'hui, neuf ans après le départ des troupes de l'État hébreu du Liban-Sud, nombre de ces habitants qui ont souffert sous l'occupation israélienne pour préserver la terre sont en train de vendre leurs terrains à des étrangers à leur village.
Probablement l'État libanais n'a pas été à la hauteur de leurs attentes.
Le village de Aïn Ebel, exclusivement chrétien dans la bande frontalière, compte 12 500 habitants. Mais ils ne sont que 1 500 à vivre au village en hiver et 3 000 en été. Un grand nombre d'habitants de Aïn Ebel vivent en permanence à Beyrouth et une autre partie a émigré depuis longtemps au Canada, aux...
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