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La lente agonie des chrétiens du Liban-Sud-II

Aïn Ebel vend ses terrains pour survivre

Le village de Aïn  Ebel, exclusivement chrétien dans la bande frontalière, compte 12 500 habitants. Mais ils ne sont que 1 500 à vivre au village en hiver et 3 000 en été. Un grand nombre d'habitants de Aïn Ebel vivent en permanence à Beyrouth et une autre partie a émigré depuis longtemps au Canada, aux États-Unis, en Australie, voire en Nouvelle-Zélande. Quelques terrains ont été vendus à Aïn Ebel à des étrangers au village. Ce ne sont pas les émigrés qui vendent leurs terrains, mais les originaires du village restés au Liban car ils ont besoin d'argent.
Youssef Khreich est membre du conseil municipal de Aïn Ebel. Il est le neveu de l'ancien patriarche maronite le cardinal Antoine Khreich. D'ailleurs, le portrait du patriarche est accroché à l'un des murs de son salon.
Il reconnaît qu'il y a des terrains à Aïn Ebel qui ont été vendus. Ils ne se trouvent pas à l'intérieur du village mais à l'orée de la localité. Ils sont notamment limitrophes de Aïnata, Bint Jbeil, chef-lieu de caza et Kounin.
« Il y a longtemps les habitants de Aïn Ebel n'avaient que la terre pour vivre. Ils la travaillaient. Ce n'est malheureusement plus le cas actuellement », indique M. Khreich.
« Des terrains ont été vendus mais pas autant qu'on le pense », dit-il, soulignant que « les habitants de Aïn Ebel ont surtout vendu à des habitants de Bint Jbeil qui sont en train d'acheter les terrains au prix fort ». « Pas plus d'une trentaine de personnes du village ont vendu leurs terrains. Elles ont besoin d'argent et ce sont de petits terrains d'une dizaine de dounoums chacun », explique-t-il, confiant qu'il a lui-même acheté un terrain d'une famille du village qui voulait le vendre à des habitants de Aïta ech-Chaab.
« Si les gens vendent leur terre, c'est parce qu'ils ont faim », martèle-t-il.
Youssef Khreich s'insurge : « Depuis 1976, le gouvernement nous a lâchés. Et pourtant, nous avions payé le prix pour appartenir au Grand Liban en 1920. Certains villages voisins voulaient être rattachés à la Syrie, nous, nous voulions être libanais. » « Après le retrait israélien, les habitants de nos villages ont été accusés d'être des agents israéliens, ils ont été emprisonnés. En restant à Aïn Ebel sous l'occupation israélienne, nous avons préservé le village. Nous avons préservé la terre, nous avons lutté contre l'occupation israélienne en restant sur place », ajoute-t-il.
Aujourd'hui, neuf ans après le départ des troupes de l'État hébreu du Liban-Sud, nombre de ces habitants qui ont souffert sous l'occupation israélienne pour préserver la terre sont en train de vendre leurs terrains à des étrangers à leur village.
Probablement l'État libanais n'a pas été à la hauteur de leurs attentes.

Le village de Aïn  Ebel, exclusivement chrétien dans la bande frontalière, compte 12 500 habitants. Mais ils ne sont que 1 500 à vivre au village en hiver et 3 000 en été. Un grand nombre d'habitants de Aïn Ebel vivent en permanence à Beyrouth et une autre partie a émigré depuis longtemps au Canada, aux...