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La lente agonie des chrétiens du Liban-Sud-II

Mourir en Israël sans jamais revoir les siens

Kawkab Andraous avait 53 ans. Depuis la fin des années soixante-dix, elle travaillait en Israël. Elle faisait partie du personnel d'un hôtel de la Galilée. Quand les Israéliens avaient évacué le Liban-Sud en mai 2000, Kawkab était à Safad. Elle n'est plus jamais rentrée au Liban. En avril 2008, son cercueil a franchi la frontière à Ras Naqoura.
Kawkab ne s'est jamais mariée. Elle a travaillé toute sa vie pour s'occuper de sa mère, toujours vivante, et de ses frères et sœurs. Elle avait décidé de prendre sa retraite et de rentrer au Liban à la fin de 2008. Mais quelques mois avant son retour au pays, elle a été fauchée par une motocyclette. Elle est morte sur-le-champ.
La nièce de Kawkab, la trentaine, ne peut pas s'empêcher de pleurer. « Elle a consacré toute sa vie aux autres. Elle était serviable et gentille avec tout le monde », indique-t-elle.
La sœur de Kawkab, Ghazalé, est plus âgée qu'elle. Elle a du mal à parler de sa sœur. « Elle a travaillé toute sa vie en Israël à nettoyer les chambres dans un hôtel de Safad. Elle voulait rentrer au pays. Mais en fin de compte, ils nous ont envoyé son corps à Naqoura », indique-t-elle.  
Même si elle est restée de l'autre côté de la frontière huit ans sans voir les siens, Kawkab n'a jamais arrêté d'envoyer de l'argent à sa famille. Elle faisait parvenir de  l'argent, des messages et des lettres avec les membres du clergé, notamment l'évêque maronite de Haïfa et de Terre sainte, Mgr Boulos Sayah.
Kawkab attendait de toucher ses indemnités  pour rentrer définitivement au Liban.
« Où voulez-vous qu'elle travaille au Liban ? Si elle voulait travailler dans le nettoyage de l'école du village, elle aurait encaissé 200 000 livres.  En Israël, elle gagnait sa vie et s'occupait de sa famille », s'insurge Ghazalé.
«Quand elle est morte, nous ne l'avions pas vue depuis huit ans. Ils nous ont raconté qu'elle a perdu connaissance après l'accident et qu'elle est morte peu de temps après à l'hôpital », dit-elle.
L'oncle de Kawkab, lui, a perdu un fils.  « Mon fils n'est jamais sorti de la bande frontalière. Une fois adulte, il avait travaillé dans les rangs de l'Armée du Liban-Sud. En 2000, quand les Israéliens sont partis, il est parti aussi avec eux. Après six ans passés en Israël, il a décidé de rentrer au  Liban pour passer un an et trois mois en prison. Il a été libéré. Puis il est mort à 38 ans d'une crise cardiaque », raconte-t-il.
« On nous demande pourquoi Kawkab travaillait en Israël ; il n'y avait pas du travail pour elle dans la région, et en Israël c'était mieux rémunéré.  C'est très simple, elle n'avait pas le choix», souligne l'oncle de Kawkab.  « Depuis 1976, nous étions encerclés, nous avions souffert, nous étions coupés du Liban, et notre seule ouverture était Israël. Nous n'avions pas le choix», ajoute-t-il.
Kawkab Andraous avait 53 ans. Depuis la fin des années soixante-dix, elle travaillait en Israël. Elle faisait partie du personnel d'un hôtel de la Galilée. Quand les Israéliens avaient évacué le Liban-Sud en mai 2000, Kawkab était à Safad. Elle n'est plus jamais rentrée au Liban. En avril 2008, son cercueil a franchi la...