Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

L’opposition s’acharne à lier le tableau interne à la lutte des axes

Un ancien président du Conseil exprime, en privé, sa fascination devant le masochisme de certains Libanais qui s'obstinent à réserver à ce pays un statut d'essuie-pieds, de lice ouverte à tous les vents mauvais soufflant du dehors, et de boîte à lettres pour divers messages entre correspondants étrangers. Cette volonté d'assujettissement, l'ancien Premier ministre la décèle devant les entraves délibérées à la formation du gouvernement. « Nous nous étions mis en quatre, assure-t-il, pour dégager le dossier libanais du contentieux extérieur. C'était, et cela reste, indispensable au vu de la gravité de la crise régionale et de ses risques de retombées nocives chez nous. Nous avons toujours considéré que le Liban doit faire cause commune avec les Arabes, mais également qu'il ne peut assumer tout seul les conséquences d'un conflit aussi général. La libération de la décision nationale libanaise s'est faite après le départ des Syriens en 2005. Mais les forces extérieures insistent toujours pour se saisir de la carte libanaise et l'exploiter, à des fins régionales et internationales. Cela à travers leurs alliés du cru, comme on le constate à l'occasion de la formation du nouveau cabinet. »
De son côté, un responsable de la curie romaine a confié à un diplomate libanais, ce qui suit : « C'est un prodige qui s'est produit lorsque Israël s'est retiré du Liban en l'an 2000. Je ne m'arrête pas aux facteurs qui ont provoqué l'événement, mais au fait en soi, car il est pour ainsi dire incroyable qu'Israël se retire d'un territoire occupé sans accord de contrepartie. Mais un deuxième prodige a eu lieu quand le président syrien Bachar el-Assad a ordonné le retrait de ses troupes du Liban, en application de la 1559, après l'assassinat du président Rafic Hariri, suivi de la révolution du Cèdre et de la manifestation du million, le 14 mars. »
Le diplomate cité ajoute, pour sa part, que « la présence israélienne était d'occupation pure. Quant à la présence syrienne, elle était légalisée et censée aider l'État libanais pour la concrétisation du pacte de Taëf. Cela étant, les Libanais étaient, et restent, expressément invités à s'autogouverner, à l'abri de toute tutelle. Ils doivent prouver qu'ils en sont capables, surtout que maintenant ils ont un chef de l'État à la tête d'institutions qui fonctionnent de nouveau. »
Mais pourquoi lier le dossier local au volet extérieur ? Un ancien responsable y voit le maintien d'une ancienne mauvaise habitude de chercher des appuis au-dehors, ce qui a, finalement, la sujétion pour conséquence. Ainsi, aujourd'hui quand on les interroge sur la situation gouvernementale, des cadres de tout bord répondent ingénument : il faut attendre de voir ce qui va se passer, et comment cela va se passer, entre la Syrie et l'Arabie saoudite.
Cependant, certaines parties s'affichent, plus clairement que d'autres, comme un écho fidèle de la puissance qui les appuie, et vice versa. Pour répercuter, notamment, des déclarations de Khamenei, annonçant qu'il allait défaire les Américains au Liban ou d'Ahmadinejad affirmant qu'en cas de victoire du 8 Mars aux élections, la face de la région en serait
changée ! Sans compter ceux qui reprennent les injonctions, sous-tendues de tiers de blocage, du président Assad proclamant que le Liban ne se gouverne que par un cabinet d'entente.
Les loyalistes soulignent que l'Arabie saoudite veut, manifestement, protéger sans prétendre exploiter la carte libanaise, comme certain régime. La France veut de même aider les Libanais et non s'en servir pour délivrer des messages par-ci, par-là. Une assistance qui ne s'accompagne d'aucune exigence et s'inscrit dans le prolongement de la fameuse admonestation « levez vos mains du Liban », lancée par Sadate au début de la guerre. Cependant, il faut le dire, le président Sarkozy blanchit un peu trop vite le président Assad quand il assure que ce dernier a bien tenu ses engagements. On ne voit en effet toujours rien venir du côté de Damas pour ce qui est de Chebaa, du tracé et du verrouillage des frontières, du sort des prisonniers libanais en Syrie ou des bases palestiniennes hors camps. Tout comme on ne voit toujours pas le Golan devenir résistant, et se tenir sur un fil d'acier comme le Liban-Sud. Les majoritaires affirment que Damas et Téhéran ont prescrit au 8 Mars de durcir le ton et d'élever les enchères.
Face à cette offensive, le président du Conseil désigné Saad Hariri s'efforce, pour calmer et normaliser le jeu, d'éviter, certes, les polémiques, mais également, pour le fond, d'obtenir que les Libanais s'entendent sur une première nécessité nationale : dégager les questions internes de la lutte des axes. Ce qui suffirait pour mettre en place une équipe de partenariat authentique, rendant par là le tiers de blocage, et autres exigences rédhibitoires, hors de question.
Un ancien président du Conseil exprime, en privé, sa fascination devant le masochisme de certains Libanais qui s'obstinent à réserver à ce pays un statut d'essuie-pieds, de lice ouverte à tous les vents mauvais soufflant du dehors, et de boîte à lettres pour divers messages entre correspondants étrangers. Cette...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut