Yes we did

Beaucoup de titres à cet article se bousculaient dans ma tête, une fois n'est pas coutume, dans l'allégresse de la victoire.
Le pétillant « Hip hip hip ! hourra ! », l'allégorique « alléluia » auraient fait l'affaire, mais « Yes we did » résumait à lui tout seul, dans sa sobriété et sa retenue, l'immense satisfaction ressentie face au devoir accompli.
« Merci ». Merci aussi sied à l'événement car, ne l'oublions pas, beaucoup de monde est à remercier pour cette victoire.
À commencer par les inoubliables martyrs du Printemps de Beyrouth dont le sang et le sacrifice ont nourri au fil des mois et des années notre détermination farouche à rejeter toute forme d'anschluss, encore moins idéologique et perse de Qom que géographique et syrien des rives du Barada.
Merci au courage, à la constance et à la « vista » irréprochable du patriarche Sfeir et à la sagesse sereine et souveraine du président de la République.
Merci à mon peuple, magnifique peuple qui, dans un melting-pot admirable, a montré au monde une vitalité incroyable et une foi inébranlable dans les fondements même de la nation, nation-courage, nation-message, nation plurielle et non nation bananière ou guerrière.
Merci surtout aux chrétiens qui, dans un sursaut divin et salvateur, n'ont pas raté leur rendez-vous avec l'histoire et ont donné à leurs compatriotes une superbe leçon de démocratie en se remettant courageusement en question et en sanctionnant des leaders qu'ils avaient pourtant portés aux nues, mais dont les choix stratégiques n'étaient plus les leurs.
Ce 7 juin 2009 est notre réponse au 7 mai 2008. Mais c'est un 7 juin démocratique, pacifique, empreint de liberté d'expression et de respect des droits et des opinions d'autrui.
Décidemment, les 7 du mois se suivent mais ne se ressemblent pas dans ce pays attachant mais si déroutant.
Après les horreurs sécuritaires du 7 août 2001, après les dérives extrémistes du 7 mai 2008, voilà le jubilatoire 7 juin 2009, véritable symbole d'espérance et surtout preuve par millions de Libanais d'un choix définitif pour la souveraineté, la liberté et surtout le triomphe de la modération et de la paix sur l'extrémisme et la violence.
C'est à nos dirigeants, et surtout aux chrétiens d'entre eux, de tirer les leçons de ce référendum historique et d'écouter pour une fois la voix du peuple et ses aspirations profondes. Car ce peuple, son devoir et son choix, il les a magnifiquement accomplis, lui.
« Yes we did », bon sang !...