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Nos Lecteurs ont la Parole

Le Liban, un cimetière unique

Edwin BERBERI
À l'intérieur de ces tombeaux, nous ne trouvons plus que des cadavres. Des années sont passées et des milliers de rêves sont enterrés. Le rêve non accompli d'un politicien ou le rêve, pour le Libanais, d'une vie normale. La haine et la vengeance sont gravées sur nos stèles tombales ; elles permettent désormais au cycle de se perpétuer. Ce cimetière est un aimant qui attire la notion du mot « espoir » chez le Libanais.
Être libanais est une drogue légale ; légale parce qu'il est écrit « Libanais » sur notre passeport. Une drogue qui est injectée dans nos pensées. Aucune prescription n'est efficace. Vous pouvez vous enfuir, mais le Liban vous ramène chez lui malgré tous ses problèmes. Vous pouvez essayer de jouer le rôle du superhéros et vous pouvez essayer de sauver le pays, mais une grande partie de notre cimetière est réservée aux politiciens : héros et princes de guerre.
Pourquoi tous ces problèmes surgissent-ils chez nous ? Une des causes en est l'argent, camouflé par des troupeaux politiques et religieux. Le Libanais ferait tout pour cette obsession, sans regret, tout en ignorant ses conséquences. Soyons réalistes, notre pays n'a pas de futur ; notre mentalité ne nous le permet pas parce que nous n'avons pas de vision.
Nous vivons sur 10 452 kilomètres carrés. La richesse peut être facilement repérée. Les visages sont reconnus et entourés par leurs esclaves. L'argent achète tout ici : pouvoir, femmes, respect et divers services ; c'est comme si notre pays était le paradis auquel seul le riche peut accéder.
Les plus grands chasseurs de cette obsession sont nos fameux politiciens, que j'admire. Mais mon admiration ne va pas jusqu'à englober leurs projets politiques ou leurs multiples efforts pour le bien du pays. L'objet de mon admiration est plutôt leur capacité à investir l'esprit de notre peuple pendant nombres années. Quoi faire ? À quoi s'attendre ? La seule question qu'on devrait réellement se poser est celle-ci : quand allons-nous nous rebeller ?
Terrible ironie : nous avons eu près de 150 000 morts, la plupart croyant mourir pour une cause. Or ce chiffre incroyable prête à équivoque. Le gouvernement, les politiciens ne rendent pas hommages aux 150 000 familles. Les princes de guerre (1975-1990) règnent sur notre pays, ironiquement soutenus par le peuple, et ce peuple, ce Libanais qui prétend être fier, intelligent et différent des autres, n'est même pas capable de percevoir les plus simples des problèmes...

Edwin BERBERI
À l'intérieur de ces tombeaux, nous ne trouvons plus que des cadavres. Des années sont passées et des milliers de rêves sont enterrés. Le rêve non accompli d'un politicien ou le rêve, pour le Libanais, d'une vie normale. La haine et la vengeance sont gravées sur nos stèles tombales ; elles permettent...

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