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Liban - Éclairage

Signaux contradictoires sur la tenue des élections à la date prévue

À mesure que s'approche l'échéance électorale, la tension monte dans les discours des différents candidats et les incidents se multiplient sur le terrain. Si, pour l'instant, la situation sécuritaire semble sous contrôle, un dérapage n'est jamais totalement à exclure. Des rumeurs sur un éventuel report des élections commencent à circuler dans certains milieux politiques et chaque camp attribue la volonté de report à l'autre. Au sein de l'opposition, par exemple, on reste convaincu que s'il y aura report, c'est parce que la majorité l'aura voulu, se sentant défavorisée dans les pronostics. Idem pour la majorité. Mais des observateurs neutres estiment plutôt que s'il y a report, il serait surtout dû à la situation régionale et internationale qui semble de nouveau se compliquer.
Ces observateurs rappellent qu'après le fameux discours du roi Abdallah d'Arabie au sommet du Koweït, un rapprochement s'était dessiné entre Riyad et Damas. Sans être passés au stade d'une coopération totale, les dirigeants saoudiens et syriens s'étaient entendus sur certains points, notamment sur la non-intervention dans le cours des élections libanaises, laissant les deux camps se battre entre eux et que le meilleur gagne. Or, toujours selon les mêmes observateurs, les dirigeants syriens estimeraient que l'Arabie saoudite n'a pas respecté sa part dans cet engagement. Le ministre saoudien de l'Information, qui a longtemps été chargé du dossier libanais qu'il connaît à la perfection, ayant occupé les fonctions d'ambassadeur jusqu'à il y a quelques mois, a ainsi effectué deux visites à Beyrouth au cours des dernières semaines. Selon les informations ayant filtré dans la presse, Abdel Aziz Khoja aurait poussé le chef du Courant du futur à traiter la question des candidats sunnites à Tripoli et à Beyrouth et surtout le problème de la Jamaa islamiya. L'Arabie saoudite souhaiterait en effet rassembler les différentes composantes de la scène sunnite et elle aurait poussé Saad Hariri à trouver à tout prix un compromis avec la Jamaa. De même, Riyad serait intervenue pour pousser le camp du 14 Mars à régler ses différends internes et elle aurait reçu Walid Joumblatt (qui était accompagné de Ghazi Aridi) pour lui transmettre le même message et le presser de respecter ses alliances actuelles au moins jusqu'aux élections, alors que des rumeurs circulaient sur une possibilité de ne pas donner de nombreuses voix druzes au candidat Kataëb de Aley, Fadi Habre, et au candidat FL du Chouf, Georges Adwan. De même, les Saoudiens seraient intervenus pour pousser les partenaires de la liste de coalition à Tripoli à ne pas laisser tomber le candidat Kataëb sur cette liste Samer Saadé au profit du candidat Jean Obeid.
Les Syriens, toujours selon les mêmes observateurs, auraient aussi considéré que le refus de la liste de coalition de Tripoli de prendre comme candidat alaouite le fils de Ali Eid, Rifaat (à la place du député actuel Badr Wannous), ainsi que la candidature soudaine du Premier ministre Fouad Siniora à Saïda comme des violations saoudiennes de l'entente tacite conclue avec Damas au sujet des élections libanaises. Par conséquent, ils se sentent désormais le droit d'intervenir à leur tour, en faveur de leurs alliés, sachant toutefois que leur influence reste limitée à certaines circonscriptions seulement, comme le Akkar, Tripoli et la Békaa-Ouest. Des sources proches du 14 Mars affirment pour leur part que la France aurait aussitôt fait savoir à la Syrie, par le biais des canaux diplomatiques, que toute ingérence de sa part dans le cours des élections libanaises serait mal vu et pourrait remettre en cause le rapprochement syro-occidental.
Ce regain de tension entre Damas et Riyad, alimenté par la position égyptienne radicale et totalement hostile à l'Iran et au Hezbollah ainsi qu'au Hamas, ne peut qu'avoir des répercussions sur la scène libanaise qui reste la caisse de résonance des conflits interarabes et régionaux.
À ce climat confus, il faut ajouter les prochaines manœuvres israéliennes prévues entre le 31 mai et le 4 juin. En dépit des assurances de la Finul, selon lesquelles ces manœuvres n'ont aucune portée militaire et que les soldats n'y participeront pas, le Hezbollah estime qu'il faut la prendre au sérieux. Selon le parti de Dieu, ce n'est pas par hasard si Israël a choisi d'organiser ces manœuvres d'envergure à quelques jours seulement des élections législatives libanaises, comme s'il voulait envoyer un message particulier aux électeurs libanais ou alors profiter de ces manœuvres pour lancer une attaque surprise de nature à modifier les équilibres actuels.
Les observateurs neutres précisent toutefois que le président Michel Sleiman multiplie ces derniers jours volontairement les déclarations rassurantes sur la tenue des élections à la date prévue, justement pour dissiper ces inquiétudes et empêcher les fauteurs de troubles de croire que tout leur est permis et qu'il est possible d'entraver les élections. De même, les émissaires européens, et occidentaux en général, qui affluent au Liban délivrent un message clair : les élections doivent se tenir à la date prévue.
Face à ces signaux contradictoires, il est difficile d'adopter une position catégorique. En principe donc, les élections doivent avoir lieu, mais la probabilité, même réduite, d'un report existe...
À mesure que s'approche l'échéance électorale, la tension monte dans les discours des différents candidats et les incidents se multiplient sur le terrain. Si, pour l'instant, la situation sécuritaire semble sous contrôle, un dérapage n'est jamais totalement à exclure. Des rumeurs sur un éventuel report des élections...

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