Vérité en deçà du Liban, mensonge au-delà…

C'est peut-être ainsi que l'on pourrait qualifier le contexte sociopolitique de ce petit pays dont l'histoire et la géographie sont si profondément enracinées dans la mémoire du monde que toute action politique ou stratégique consistant à l'engager dans une voie autre que celle de sa moulure de base et de son ADN constitutif s'est avérée, à travers le temps, irréalisable, voire même insaisissable.
Aujourd'hui encore et après trente-quatre ans de déstabilisation constante, préméditée et largement orchestrée par des intérêts tant internationaux que régionaux, et à la veille d'une nouvelle épreuve, celle des élections législatives, le Liban vacille et ploie comme d'habitude, mais saura une nouvelle fois résister aux intempéries provisoires qui se préparent à s'abattre sur lui, à le dompter ou le remodeler. Là encore, sa génétique de base lui donnera l'immunité nécessaire pour passer ce cap, dans le respect de ses libertés profondes, de ses traditions démocratiques et de ses facultés de tolérance et de réalisme devenues légendaires. Dans cette région du monde, le Liban, en effet, détone et dérange.
Pris en étau entre des entités nationales composées de différentes ethnies religieuses, ennemies de surcroît, et des régimes féodaux et totalitaires où le mensonge, le fanatisme et la ségrégation constituent les ferments les plus répandus de leurs pouvoirs et la manne des grandes puissances qui cherchent irrémédiablement à les utiliser pour asseoir leurs intérêts hautement stratégiques, le pays du Cèdre étouffe, mais se doit toujours de lutter pour exister et survivre !  
Comment, à partir de ces observations, réussira-t-on à chaque nouvel épisode de ce long chemin de croix, et plus particulièrement à l'occasion de la consultation qui doit intervenir le 7 juin, à convaincre, sereinement et loin de toute agressivité ou surenchère, certaines composantes de la mosaïque nationale, qu'il y a des constantes et des lignes rouges à respecter et que tout dérapage pourrait largement lézarder l'infrastructure constitutive de l'édifice  et nuire irrémédiablement à tout un peuple, dont ils ont la chance d'ailleurs de faire partie ? Au-delà donc de ces intérêts immédiats et plausiblement attractifs, les différents acteurs de la scène politique nationale doivent entreprendre objectivement, durant cette campagne électorale, d'attirer l'attention de leurs pairs et de ceux qui les suivent dans lesdites fractions, que les forces qui les poussent, directement ou indirectement, à remettre en question l'équilibre de leur environnement naturel, ne sauraient le faire à titre gracieux ou sans contreparties, et risquent à tous moments et au gré de leurs intérêts ultérieurs de leur retirer ces mêmes acquis pour les offrir à d'autres.
C'est pourquoi toutes les composantes nationales doivent prendre conscience qu'elles ne pourront être réellement immunisées contre les tempêtes et les bouleversements de l'histoire, garantir la paix civile, asseoir la stabilité grâce à un développement équilibré des institutions, que si elles décident en toute responsabilité d'assumer solidairement et définitivement entre elles, loin de toute intervention étrangère, la défense de leurs libertés démocratiques, la gestion de leurs valeurs civiles, républicaines et constitutionnelles, le respect inconditionnel de leurs différences et de leur souveraineté nationale et, enfin, la protection et la neutralité de leur justice et de son bon fonctionnement.