Ils posent comme première condition à leur retour la sécurité de leurs biens et de leurs familles. En faisant une rapide étude auprès de certains qui ont eu le courage de revenir, l'on voit que dès leur retour dans leurs pays d'origine, ils ont dû, hélas, se soumettre aux desideratas de partis politique, qu'ils soient au Sud, au Nord ou dans la Békaa, qui leur ont imposé leurs lois, pour leur permettre de s'installer dans leurs régions d'origine, régions qui, dans leurs rêves d'émigrés libanais, devraient représenter une nouvelle ouverture pour leurs familles, mais qui voient les mafias locales imposer leurs lois : très souvent l'obligation de choisir la main-d'œuvre parmi leurs partisans, taxes à payer pour pouvoir investir, sans compter un tas d'autres tracasseries qui dans le far west libanais sont monnaies courantes.
Pourquoi ne pas installer un vrai ministère des Émigrés, qui serait à la disposition de tous les enfants du pays désireux de se réinvestir sur cette terre hospitalière ? Un ministère dont les fonctionnaires seraient des personnes apolitiques, et qui aurait pour seul but de conseiller et de guider ces nouveaux investisseurs, revenus au Liban pleins d'espoir et bien vite déçus de découvrir qu'on ne voient en eux qu'une source de revenus et de profits faciles.
Quand on pense qu'il existe plus de 15 millions de Libanais disséminés dans le monde et que certains d'entre eux, comme Carlos Slim ou Nicolas Hayek, sont parmi les personnalités les plus riches de la planète, on se dit qu'il serait si facile de les pousser à venir se réinstaller au Liban, pour peu qu'on leur assure la sécurité pour eux et leurs enfants, et la stabilité pour leurs investissements.
Je me rappelle que lorsque je présidais l'association des commerçants de la rue de Verdun, j'avais eu l'occasion, au cours de mes différentes entrevues avec le président Hariri, ce grand Libanais, d'étudier l'opportunité de garantir à tout Libanais émigré qui viendrait investir au Liban, son passeport à l'aéroport et la couverture sécuritaire de l'État, pour tous ses investissements.
Le président Hariri, lui-même fils de l'émigration, était enthousiaste et approuvait sans mesures le projet.
Quand donc le gouvernement libanais et ces partis politiques qui font sur notre terre la pluie et le beau temps auront-ils compris que c'est la seule politique à suivre pour redonner confiance et permettre à nos émigrés de revenir ?
Nous exigeons enfin une paix durable dans notre pays. Ces querelles byzantines entre partis, communautés ou régions doivent cesser.
Pensons Liban et exclusivement Liban. Notre pays ne doit pas être le champ de bataille de la Palestine ou des courants divers qui traversent le monde arabe. Sa vocation doit être exclusivement touristique ; les armes doivent être remisées au seul profit de l'armée libanaise, et nous devons savoir profiter de nos amitiés internationales pour faire de ce petit pays, si grand par le cœur et par l'esprit, le pays de la joie de vivre, heureux et prospères.
Messieurs nos dirigeants, en cette veille d'élections où se joue le sort du pays du Cèdre, ouvrez enfin les yeux sur l'avenir, et cet avenir sera incontestablement plus sûr quand ce sont les propres émigrés libanais qui l'auront reconstruit, grâce à l'amour sincère qu'ils portent à leur pays, qu'ils voudraient voir redevenir le paradis de leurs rêves.