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Culture - Exposition

Des jeunes talents sur l’échiquier de l’art

Au Beirut Art Center*, sept artistes émergents présentent des œuvres de leur récent travail, jusqu'alors inconnu. Plate-forme collective, « Exposure » vise à faire connaître ces jeunes talents et à leur permettre d'affirmer leur présence sur le grand échiquier artistique.
C'est le comité exécutif du BAC, en collaboration avec un jury invité à cette occasion et formé de Jacques Aswad (écrivain), Joana Hadjithomas (cinéaste), Christine Tohmé (directrice d'Askal Alwane) et Kaelen Wilson-Goldie (journaliste) qui ont sélectionné ces artistes aux univers différents. Les travaux pouvaient être photographiques, visuels, animés, mais sans thème défini. La société Fidus, qui a sponsorisé cette exposition, destinée à devenir un rendez-vous annuel, se propose d'attribuer une récompense matérielle au lauréat, le 9 juin. En outre, chacun peut contribuer au vote en choisissant l'un des artistes participants.
Dans cet espace épuré aux murs blancs du BAC, situé à Nahr el-Mott, Tamara al-Samerraei, Nadim Asfar, Sirine Fattouh, John Jurayj, Jennifer Maghzal, Karen Wehbé et Raëd Yassine entraînent le regard à pénétrer dans leur monde intérieur et leur vision esthétique de ce qui les entoure. Ces jeunes esprits insufflent un vent nouveau sur l'art de créer.
Ainsi, dans sa vidéo de plus de deux minutes, intitulée Before Dark, Tamara al-Samerraei se représente en train de monter en spirale le minaret de la grande mosquée d'al-Moutawakkil dans la cité de Samara, en Irak. Ce monument, qui n'est plus un lieu de prière, est devenu une icône vivante que l'artiste tente de revisiter à sa manière. Comme une recherche spirituelle. Née au Koweït, mais vivant à Beyrouth, Tamara al-Samerraei mêle son expérience picturale à celle plus technique des films animés, en créant sous cette lumière particulière un univers onirique.
Pour sa part, Nadim Asfar a opté cette fois pour la micro-photo. Innenleben, qui signifie en allemand vie intérieure, traduit le souci de ce photographe et enseignant à l'ALBA de sonder l'intime en se servant de la webcam, qui permet la connexion en images avec l'autre. Aussitôt que l'interlocuteur quitte le champ de vision, Asfar profite pour traquer l'instant et fixer son objectif sur des cadres ordinaires, mais dont le flou mixe l'intime au public, l'érotique au morbide et augmente le sentiment de surréalisme et de suspension dans l'espace.
Sirine Fattouh, elle, a interviewé une centaine de femmes de tous âges, appartenant à différentes couches sociales. À la simple question « Qu'avez-vous gagné et qu'avez-vous perdu ? », ces femmes, dont l'identité n'est pas révélée mais dont la photo est accrochée au mur formant une grande mosaïque humaine, se penchent sur leur passé et présent, et livrent parfois avec émotion et pudeur leurs pensées les plus intimes. Résidant à Paris, la jeune artiste considère son travail comme une œuvre engagée qui tend à fixer la mémoire, volatile.

Des univers différents
Les cinq miroirs-plexiglas grand format de John Jurayj, baptisés I'll Be Your Mirror, en référence au titre classique du groupe The Velvet Underground, illustrent l'ambiance américaine dans laquelle le jeune homme a grandi. Natif d'Illinois, Jurayj travaille aujourd'hui à Brooklyn et ses œuvres sont exposées à New York. L'image des bâtiments détruits, sur fond d'impacts d'explosions comme des taches de couleurs, confronte souvent représentation et abstraction. L'emploi du miroir comme canevas traduit le souci d'exprimer cette instabilité politique libanaise dans ces images mouvantes.
Terminus de Jennifer Maghzal est une installation de portes différentes et délabrées. Née à Beyrouth, la jeune fille, dont la vie a été ponctuée par une série d'émigrations notamment en Australie, essaye de définir par ces seize portes mises les unes à côté des autres l'idée de passage. Sa recherche explore la relation avec l'espace et la géographie, et dévoile comment une maison devient un chez-soi.
De son côté, Karen Wehbé, diplômée de l'École supérieure des arts graphiques (ESAG) Penninghen-Paris, mêle dans son travail photographie, peinture et films. Tabarja Beach fait partie d'une série d'œuvres qui revisitent le temps par un jeu de clichés, mais aussi de mise en scène. À l'époque de la guerre, ces lieux de rêves, situés près d'une plage, devenaient de véritables demeures, des havres de paix. En essayant de ranimer ces endroits abandonnés, Wehbé montre comment Tabarja Beach avait une double vie, diurne et nocturne.
Enfin Raëd Yassine, vidéaste et musicien, vivant entre Beyrouth et Amsterdam, a réussi, à travers une histoire fictive qu'il s'est inventée (avec scénario, montage de photos et musique), à explorer la pop music libanaise incarnée par le chanteur Sammy Clark, à qui il rend hommage dans cette installation empreinte
d'humour.
Une invitation au voyage qui se termine le 9 juin.

* Beirut Art Center, de lundi à samedi, de 12 heures à 20 heures. Tél. : 01/397018.
C'est le comité exécutif du BAC, en collaboration avec un jury invité à cette occasion et formé de Jacques Aswad (écrivain), Joana Hadjithomas (cinéaste), Christine Tohmé (directrice d'Askal Alwane) et Kaelen Wilson-Goldie (journaliste) qui ont sélectionné ces artistes aux univers différents. Les travaux pouvaient...
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