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Nos Lecteurs ont la Parole

Femme au travail ou femme au foyer ?

Par Eliane Daccache Soukayem
Une femme au travail est-elle responsable du chômage et d'une jeunesse moins éduquée ? Et comment peut-elle coordonner entre sa famille et sa vie professionnelle ?
Depuis vingt ans, le taux des femmes au travail est en augmentation constante, à tel point que l'on peut parler d'un véritable phénomène de féminisation de l'emploi à l'échelle mondiale, bien que les taux d'activité les plus faibles soient enregistrés dans les pays arabes. Si, autrefois, elles étaient avant tout femmes au foyer et accessoirement au travail, cet état de choses s'est profondément modifié, surtout ces dernières années.
Le taux d'activité des femmes a toujours été très inférieur à celui des hommes ; il s'est cependant accru, et d'une façon significative, dans certaines régions du monde, tandis que celui des hommes diminuait légèrement. Mais est-ce qu'on peut vraiment dire que la femme est responsable du chômage ?
En effet, l'augmentation de la participation des femmes à la population active résulte de l'extension du travail. Si les femmes ont plus profité que les hommes des nouveaux emplois créés, c'est à cause de leur efficacité et de la qualité de travail qu'elles fournissent, ce qui a créé en elles une confiance qui leur a permis d'accéder à des postes importants. Des succès incontestables ont été remportés en ce qui concerne l'accès à l'éducation et à la formation professionnelle. Pourquoi donc priver la femme de ce succès bien qu'elle prenne parfois la place des hommes ?
Le chômage n'est donc pas imputable uniquement à la féminisation des emplois mais également à des facteurs sociaux et économiques toujours présents, à des degrés différents dans tous les pays. Et malgré l'existence de nombreuses conventions internationales garantissant l'égalité des chances et de traitement, la discrimination entre les sexes persiste. Leurs salaires demeurent inférieurs à ceux des hommes.
C'est vrai que la femme a toujours eu un rôle important. Pendant que l'homme travaillait, elle s'occupait de la maison et de l'éducation des enfants. Pourtant, le choix d'être au foyer n'est pas nécessairement un sacrifice, mais peut résulter d'un choix librement consenti. Le travail loin de ses enfants peut être lui aussi perçu comme un sacrifice, d'autant plus qu'avec notre vie beaucoup plus segmentée, les femmes peuvent faire ce choix pour quelques années et retrouver leur travail plus tard... si cela est possible. La question se pose : est-ce qu'une femme au travail ne pourrait pas éduquer ses enfants ?
À mon avis, la femme au foyer moderne serait une femme qui se serait laissé piéger dans une vie ennuyeuse et qui  la prive de son égalité. Pour passer le temps, elle aurait trouvé une nouvelle lubie : papoter sur l'Internet, faire du shopping... Certes, certaines mères au foyer sont peut-être des femmes qui se sacrifient pour leurs enfants et sont plus ou moins des femmes soumises, mais cela ne veut pas dire que la jeunesse élevée par des femmes au foyer serait mieux éduquée. Ne peut-on pas se sentir réellement femme tout en étant mère ? Certes, toutes les femmes ne peuvent pas s'épanouir sans vie professionnelle. À part l'indépendance financière et la contribution au revenu familial et au poids lourd que l'homme assumait seul, le travail enrichit beaucoup la femme et lui assure un épanouissement professionnel et personnel résultant d'une ouverture à la société. De fait, elle saura mieux éduquer ses enfants, même durant le peu de temps libre qui lui est imparti. Ainsi, elle apprendra à ses enfants à compter sur eux-mêmes et elle sera là pour les aider à  réviser leurs leçons. Preuve en est que les générations deviennent de plus en plus éveillées, épanouies et éduquées.
En revanche, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'inconvénients pour la femme au travail. D'autant plus qu'elle vit le stress. Elle éprouve souvent un sentiment de culpabilité envers ses enfants, à l'idée qu'elle leur accorde peu de temps. Mais des études ont prouvé que l'enfant préfère que sa mère travaille au lieu qu'elle ne passe son temps à la maison ou qu'elle se consacre à  des activités qui ne lui apportent rien. Il y a lieu de  signaler que des femmes ne conçoivent pas leur vie sans activité professionnelle et  le fait de prendre des responsabilités leur procure un plaisir personnel.
Pour conclure, le choix du « foyer » est plutôt un retour en arrière. Toutefois, le quotidien domestique d'une femme au travail n'est pas du tout simple. Une femme au travail, pour vraiment réussir et sa vie professionnelle et sa vie familiale, doit être bien organisée et avoir une bonne mémoire. Après, avec un peu de maturité, on apprend à prendre du recul. On hiérarchise les priorités. Que ce soit dans la vie personnelle ou dans la vie professionnelle, il faut vraiment avoir une notion d'efficacité. C'est essentiel. Ensuite, le plus important reste l'aspect personnel, le bien-être des enfants, la qualité du temps que l'on passe avec eux. Il ne faut pas être très perfectionniste, accepter que sa maison ne soit pas toujours parfaitement rangée, de ne pas avoir beaucoup de moments de détente. Mais quand même de petites pauses, élément primordial pour persister, sont indispensables. Et puis, il ne faut pas avoir peur de jongler, de passer d'une réunion importante au travail à la préparation du dîner. Il est aussi nécessaire de se faire aider au niveau de la garde des enfants et du ménage.
Je pense qu'au bout du compte, il est préférable d'avoir une maman qui travaille mais qui est bien dans sa tête plutôt qu'une maman qui est tout le temps présente mais qui broie du noir.

Eliane Daccache Soukayem
Une maman qui travaille...
Une femme au travail est-elle responsable du chômage et d'une jeunesse moins éduquée ? Et comment peut-elle coordonner entre sa famille et sa vie professionnelle ?Depuis vingt ans, le taux des femmes au travail est en augmentation constante, à tel point que l'on peut parler d'un véritable phénomène de féminisation de...

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