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CD, DVD - Un peu plus de...

Julioseries

Il n'y a rien de plus kitsch que Julio Iglesias. Il n'y a rien de plus mythique que Julio. Le chanteur âgé de 65 ans a cette capacité inouïe d'être intergénérationnel, interculturel, intersocial. Julio... Son accent à couper au couteau quand il chante en français, ses mains qui caressent son corps, ses doigts qui pianotent dans le vent sont devenus légendaires. Julio ?!! Oui Julio, lui, ses fils, ses femmes, ses 300 millions de disques vendus. 300 millions... 78 disques dans différentes langues et 350 dollars le billet pour être dans les premiers rangs et assister à son récital samedi dernier au BIEL. Chacun son truc, me direz-vous... Mais c'est Julio. Et il a beau avoir commencé à chanter avec une heure et demie de retard, rencontré des problèmes techniques durant la première partie de son spectacle, oublié les paroles de ses chansons en français, chanté du Elvis, repris deux fois Je n'ai pas changé, traité son assistant de « sac à merde », Julio était Julio samedi soir. Lifté incontestablement, mais sensuel à souhait, un peu déchiré, mais avec une voix de velours, sarcastique mais très drôle, vieilli mais tendre avec les Libanais(es). On pourra dire ce qu'on voudra sur le concert mal organisé de Julio, les spectateurs sont entrés « dans le bal » de ce carnaval de couleurs et de styles. Que d'amoureuses transies, parées de leurs plus beaux atours, de leurs plus belles toilettes, certes vulgaires, mais si olé olé, se sont ruées au-devant de la scène pour effleurer la peau de la diva. Parce que oui, Julio est une diva, comme Dalida en son temps, comme Haïfa, comme Louise Veronica Ciccone, alias Madonna... Il n'est pas aisé d'être une diva. Une diva capricieuse, pomponnée, apprêtée, fond de teintarisée. Et si les Libanaises aiment tellement Julio, tous âges confondus, c'est parce que Julio leur ressemble et représente à la fois leur reflet et leur idéal masculin. Le play-boy dans toute sa splendeur, le séducteur fort et doux à la fois, le jaggal ibérique qui roule les « r » et qui fait l'amour avec ses fans avant d'entrer en scène - même s'il a avoué que dans le temps (il y a une trentaine d'années), pour pouvoir chanter, il devait s'abandonner dans les bras torrides d'une jeune femme et qu'aujourd'hui, s'il le faisait, aucune mélodie ne sortirait de sa bouche. Julio est libanaise. Et elles auront beau qualifier ses escapades de dérobades, les Libanaises sont Julio. Inaccessibles et si disponibles, fermées et si ouvertes, introverties et extraverties. Le paradoxe dans toute sa splendeur... Il y a quelque chose de follement excitant en Julio comme chez les Libanaises, c'est ce soupçon de désuétude, de polyester qui sent la naphtaline, ce je-ne-sais-quoi de ringard, d'intemporel et de si frais en même temps. Sans vous forcer, vous pourriez fredonner un morceau de Julio... Comme vous pourriez entonner une chanson de Chantal Goya. Kitschissime la chanteuse pour enfants, qui vient célébrer en juillet prochain à Beyrouth ses 30 ans de carrière. Elle aussi est une diva... une capricieuse qui s'en est pris plein la figure. C'est vraiment pas facile d'être une diva. De gérer tout ce petit monde qui gravite autour de vous. De lancer des piques, de vexer les uns, blesser les autres et de finir seule telle une diva, comme La Callas abandonnée par son grand amour pour les beaux yeux d'une Jackie K. future O. « Pauvres diables » que sont les hommes, dit-il ce Julio fatigué d'avoir accumulé les conquêtes, las d'avoir chanté l'amour, ses déceptions, ses trahisons, ses abandons... Julio aussi aimerait faire sa « grande valise, celle des longs voyages » et la poser quelque part. Parce que Julio, samedi dernier, avait beau se démener, il n'y arrivait plus. Il trimbalait d'un bout à l'autre de la scène un tabouret pour y poser son arrière-train, épuisé. Éreintée d'avoir trop étreint, la diva. Claquée, la diva, à force de consommer substances alcoolisées et illicites. Consumée elle est, malgré le fait qu'elle se soit rangée, fait des enfants et soit devenue grand-père divaesque. « Le monde est fou », mais il est beau Julio. Finalement, le concert de Julio Iglesias était à son image samedi dernier. Un cocktail varié de styles (il a tout de même chanté il y a deux ans avec Françoise Hardy sur l'album de duos de cette dernière), un mélange étonnant de chansons cultes et de mièvreries, un métissage de jeunes filles en fleurs et de femmes fanées, de soie et de jeans, de chansons et de couacs. Ne t'en va pas je t'aime...
Il n'y a rien de plus kitsch que Julio Iglesias. Il n'y a rien de plus mythique que Julio. Le chanteur âgé de 65 ans a cette capacité inouïe d'être intergénérationnel, interculturel, intersocial. Julio... Son accent à couper au couteau quand il chante en français, ses mains qui caressent son corps, ses doigts qui pianotent dans le vent...
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