Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Pour en finir avec le chaos

Serge GÉLALIAN

Suite à l'article de Lelia Mezher intitulé « La théorie du chaos » ( L'Orient-Le Jour du jeudi 19 février 2009), j'aimerais par la présente apporter quelques brèves précisions sur ce sujet. Un autre article, plus long, de Béchir Oubari, paru le 3 juillet 2008 et traitant du même sujet avait attiré mon attention.
Il faudrait d'abord arrêter d'évoquer à tort et à travers le terme chaos comme si cela signifiait désordre. Le chaos, dans les sciences, demeure toujours une forme d'ordre organisée. Il ne faut pas oublier en outre que les scientifiques parlent de chaos déterministe, c'est-à-dire un système décrit par des équations mathématiques. Un système devient chaotique lorsqu'il dépasse un certain seuil critique, plus précisément lorsqu'un de ses composants, variables ou paramètres dépasse un seuil critique, soit de manière naturelle, soit de manière forcée.
De plus, la théorie du chaos ne s'applique pas aux systèmes sociaux ni vivants. Ce sont les sciences de la complexité qui s'en occupent. Entropie, désordre, équilibre métastable ne concernent en rien les systèmes sociaux ou vivants. Ce genre de système évolue en bordure de chaos (edge of chaos), là où l'échange d'informations entre le système et son environnement ainsi qu'à l'intérieur du système lui-même est le plus intense.
« La nature façonne à même le chaos les formes compliquées et hautement organisées du vivant. Par opposition avec la matière inanimée, l'univers du vivant est caractérisé par un degré d'ordre croissant : alors que l'univers physique va vers une entropie de plus en plus élevée, le vivant remonte en quelque sorte ce courant contraire pour créer davantage d'ordre » (Dieu et la science, Jean Guitton et les frères Bogdanov, p. 89, Grasset/FMA, Beyrouth 1991).
De ce fait, dire que l'éclatement d'une guerre civile au Liban est une évolution vers le chaos, c'est considérer le terme chaos dans son acception commune, autrement dit un tohu-bohu. Ce qui est faux. Si la guerre civile éclatait au Liban, suite à une évolution de son système sociopolitique, c'est, dans l'acception des sciences de la complexité, une étape de son évolution, la recherche d'un nouvel état d'équilibre  (le terme exact en anglais est equilibrium, terme issu du latin qu'on traduirait en français par équilibration, c'est-à-dire un équilibre dynamique).
Enfin, dire que « ...du chaos peut malgré tout émerger une construction rationnelle, cartésienne... » est une aberration scientifique parce qu'on a traité de chaotique un système qui paraissait irrationnel aux yeux de la science traditionnelle. Par contre, il est vrai que du désordre peut émerger de l'ordre. Là où le quidam voit dans l'eau bouillante du désordre, le scientifique y voit des courants bien agencés. Idem pour les vagues de la mer, les embouteillages, etc.
Je renvoie ici nos lecteurs à la littérature sur ce sujet car je ne peux m'étaler plus sur ce sujet dans ces lignes.

 

Serge GÉLALIAN
Linguiste
Apprenti systémicien
Enseignant à la FLSH de l'USJ 
 

Bibliographie sommaire
Ivar Ekeland : Le chaos, 2006, Le Pommier
Hervé Zwirn : Les systèmes complexes, 2006, Odile Jacob

Suite à l'article de Lelia Mezher intitulé « La théorie du chaos » ( L'Orient-Le Jour du jeudi 19 février 2009), j'aimerais par la présente apporter quelques brèves précisions sur ce sujet. Un autre article, plus long, de Béchir Oubari, paru le 3 juillet 2008 et traitant du même sujet avait attiré mon...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut