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Économie - Crise

La vague mondiale de licenciements finira-t-elle par toucher le Liban ?

À l'heure où des milliers de postes sont supprimés aux quatre coins du monde, le marché de l'emploi semble pour l'instant se maintenir au Liban. Mais cette résilience risque de ne pas durer.

Depuis quelque temps, pas un jour ne passe sans qu'un groupe multinational n'annonce le licenciement de plusieurs milliers de ses employés. Crise économique oblige, plusieurs grandes sociétés dans le monde ont en effet décidé de se restructurer afin d'éviter la faillite. À cette fin, ils ont notamment recours à une baisse de leur production ou à une purge salariale. Rien que la semaine dernière, Pioneer, Nissan et General Motors ont, parmi d'autres, annoncé la prochaine suppression de dizaines de milliers de postes...
Au Liban, où aucun chiffre officiel sur le chômage n'est disponible, le marché de l'emploi semble échapper à cette vague, du moins pour le moment, à en croire les personnes interrogées par L'Orient-Le Jour. Selon Camille Menassa, président du Rassemblement des chefs d'entreprise libanais (RDCL), « les informations dont nous disposons révèlent un maintien de l'emploi dans la plupart des sociétés opérant au Liban ». Aucun licenciement n'a en tout cas été enregistré au sein des 185 compagnies membres du RDCL, affirme-t-il. Même son de cloche du côté du président de l'Association des industriels, Fadi Abboud, qui confirme qu'aucune suppression d'emplois n'a eu lieu dans le secteur industriel. « Certaines industries alimentaires ont même vu leur niveau de ventes augmenter en janvier. Certes, d'autres industries comme celles du luxe et du bâtiment sont bel et bien affectées par la crise. Mais contrairement aux nombreuses compagnies dans le monde qui souffrent d'une crise aiguë de liquidités et d'une chute vertigineuse de leurs ventes, les sociétés locales en mauvaise posture n'ont pas encore atteint le stade à partir duquel les suppressions d'emplois ont généralement lieu », explique-t-il.
Autre exemple : le secteur automobile. À l'heure où les constructeurs mondiaux tentent d'éviter le gouffre, en sollicitant l'aide des autorités ou en ayant recours à des licenciements en masse, les concessionnaires de voitures au Liban ne craignent aucune débâcle à l'avenir. Selon Samir Homsi, président de l'Association des importateurs d'automobiles (AIA), « la demande locale pourrait chuter de 30 à 40 % en 2009, mais cela ne mettra nullement en péril ni la survie du marché ni l'emploi des centaines de personnes travaillant dans le secteur », explique-t-il. Des propos confirmés par Fayez Rasamny, directeur général de Rymco (distributeur exclusif des voitures GMC et Nissan), qui affirme n'avoir licencié aucun de ses employés. Les craintes sont apaisées d'autant qu'en 2008, plus de 33 000 voitures neuves ont été vendues contre moins de 19 000 un an plus tôt. « Dans le contexte de crise actuelle, il est donc probable qu'on renoue avec le niveau des années précédentes... un scénario loin d'être catastrophique », ajoute Homsi. En dehors de l'automobile, le climat ne semble pas plus inquiétant. Dans le monde de la finance, le secteur bancaire épargné par la crise des subprimes ne prévoit aucun plan social pour le moment. De même, chez Deloitte, « aucun licenciement n'a eu lieu ni au Liban ni au Moyen-Orient », assure Rana Salhab, responsable des ressources humaines au sein de la filiale régionale du cabinet d'audit et de conseil. Selon les observateurs, les filiales des multinationales d'audit n'ont en effet rien à craindre, les appels pour davantage de transparence se faisant largement entendre en temps de crise.
Cette réalité s'applique même aux branches locales de multinationales frappées de plein fouet par la crise ; c'est le cas d'Alico-Liban, filiale de AIG, le géant américain de l'assurance sauvé in extremis par l'État fédéral en septembre dernier. Selon un responsable d'Alico, la compagnie, dont les effectifs n'ont pas été réduits, continue à fonctionner normalement au Liban. « Nous recrutons même de nouveaux employés, comme en témoignent nos annonces d'embauche dans les journaux », ajoute-t-il.

Les effets fin 2009 ?
Si, pour l'instant, le Liban peut se targuer d'être à l'abri de la crise, la situation risque en revanche de se détériorer pour l'emploi dans les quelques mois à venir, notamment dans le secteur immobilier. « Si nous n'arrivons pas à signer de nouveaux contrats en cours d'année, nous serons acculés à licencier entre 35 et 40 % de nos ouvriers et près de 15 % de nos cols blancs basés au Liban », a ainsi affirmé sous le couvert de l'anonymat le directeur d'une grande compagnie de construction libanaise. La société a d'ailleurs déjà élaboré un plan de crise, prévoyant plusieurs mesures dont la suppression d'emplois. « Le timing de son exécution dépend toutefois de l'évolution de la réalité sur le terrain. Mais vu la débâcle immobilière régionale, il est fort probable que les premiers licenciements aient lieu à partir d'octobre », a-t-il ajouté. La société qui gère de nombreux projets dans les pays de la région compte, par ailleurs, réduire de 50 % les emplois administratifs (détenus en majorité par des Libanais) et licencier entre 70 et 80 % des ouvriers travaillant sur les chantiers au Qatar et en Jordanie.
Les employés du secteur immobilier ne sont cependant pas les seuls à encourir ce risque puisque sur le plan industriel, les craintes d'une détérioration du niveau de ventes s'amplifient jour après jour. « Les industriels libanais pourraient souffrir du dumping de produits bon marché provenant d'Égypte, de Syrie et des pays du Golfe, qui font face depuis plusieurs mois au problème de surproduction », explique Fadi Abboud. Le marché local n'étant pas tout à fait protégé contre cette activité déloyale, une éventuelle chute du chiffre d'affaires des producteurs locaux pourrait entraîner avec elle de nombreux licenciements.
Depuis quelque temps, pas un jour ne passe sans qu'un groupe multinational n'annonce le licenciement de plusieurs milliers de ses employés. Crise économique oblige, plusieurs grandes sociétés dans le monde ont en effet décidé de se restructurer afin d'éviter la faillite. À cette fin, ils ont notamment recours à une baisse de leur...
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