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Économie - Liban - Finances

Les banques locales appelées à participer à l’effort de réduction de la dette

L'économiste Toufic Gaspard tire la sonnette d'alarme dans le cadre d'un colloque sur le poids de la dette publique au Liban.
Dans le cadre d'une série de débats sur la réforme budgétaire au Liban, l'Institut des finances a organisé hier, pour la seconde semaine consécutive, un atelier sur le thème « La dette publique et son impact sur le budget ». Le débat, auquel ont notamment pris part l'économiste Toufic Gaspard et le coordinateur du centre d'assistance technique du Moyen-Orient (Metac), Saadé Chami, était axé sur les raisons de la croissance effrénée de la dette publique au Liban et les moyens susceptibles de la réduire. M. Gaspard a ainsi souligné que la dette, qui s'élève aujourd'hui à près de 47 milliards de dollars et qui représente plus de 160 % du PIB, se chiffrait à seulement 3 milliards de dollars à la sortie de la guerre civile. « Aujourd'hui, l'État verse chaque année près de 3 milliards de dollars rien que pour financer le remboursement des intérêts sur la dette », a-t-il ajouté. Outre le besoin de financement qui s'impose durant toute période de reconstruction, la croissance atypique de la dette libanaise s'explique également par les conditions auxquelles cette dette a été contractée et par la manière dont l'argent a été dépensé. « Si l'État avait alloué une part conséquente des sommes empruntées pour soutenir la croissance à travers les dépenses d'investissement, le coût du remboursement de la dette aurait été moindre, grâce aux revenus générés par ces dépenses. Or la majeure partie de ces montants a été utilisée pour couvrir les dépenses courantes », a expliqué Toufic Gaspard. Pour étayer son idée, l'économiste s'est notamment basé sur les chiffres relatifs aux budgets de 1993 à 2008 ; sur un total de 102 milliards de dollars dépensés au cours de cette période, 52 milliards de dollars ont été consacrés au financement des salaires et des dépenses de consommation publique, tandis que seulement 12 milliards de dollars ont été alloués pour soutenir l'investissement. De plus, « sur les seize dernières années, le Liban a dû rembourser sa dette à un taux d'intérêt moyen de 14 %, au moment où le taux Libor s'élevait en moyenne à 4,5 % au cours de la même période, ce qui représente une marge de 9,5 % », a-t-il ajouté. Au milieu des années 90, les taux d'intérêt appliqués aux bons du Trésor avaient même frôlé 40 %, la priorité du gouvernement à l'époque étant de stabiliser la valeur de la monnaie et les prix sur le marché, après plusieurs années de dévaluation, suivies de vagues d'inflation. Si, pour Saadé Chami, la hausse des taux d'intérêt est justifiée par les circonstances monétaires et économiques ayant marqué l'après-guerre, cette situation « n'a fait qu'accroître l'endettement public au profit des banques locales, principal créancier de l'État », a souligné Toufic Gaspard.

Le rôle des banques
Pour lui, la réduction ou la stabilisation de la dette passe d'abord par la mise en application des réformes susceptibles de réduire le déficit budgétaire, mais aussi par une baisse des marges perçues par les banques sur le refinancement de la dette. « La privatisation de l'EDL et du secteur de la téléphonie mobile ainsi que l'augmentation des taxes sont certes des mesures capitales pour freiner la croissance de la dette. Mais cela ne suffit pas, car même si toutes les réformes prévues dans le programme de Paris III sont mises en route, le niveau de la dette restera relativement élevé », a ajouté Gaspard. En effet, les participants à la conférence internationale de soutien pour le Liban, tenue en janvier 2007, s'étaient fixé comme objectif de réduire la dette à 144 % du PIB en 2011, contre près de 180 % en 2007. Pour Chami Saadé, cet objectif réaliste reste toutefois peu ambitieux, sachant qu'en Jordanie, la dette publique a été réduite en quelques années de 210 % à 70 % du PIB, a-t-il souligné.
« Il est donc impératif que les banques, qui détiennent aujourd'hui 56 % de la dette publique, contribuent à l'effort mené pour réduire la dette à moyen terme en refinancant les titres arrivant à échéance à des taux d'intérêt plus bas », a ainsi souligné Gaspard, qui a ajouté que la marge perçue par les banques est estimée à 6 % en 2008. Mais dans un contexte de crise, marqué par une raréfaction des liquidités sur le marché international, l'appel lancé par l'économiste risque de ne pas trouver beaucoup d'écho. 
Dans le cadre d'une série de débats sur la réforme budgétaire au Liban, l'Institut des finances a organisé hier, pour la seconde semaine consécutive, un atelier sur le thème « La dette publique et son impact sur le budget ». Le débat, auquel ont notamment pris part l'économiste Toufic Gaspard et le coordinateur...
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