Ça ne rate jamais. Quand on est célibataire, on envie les en couple. Quand on est en couple, on fantasme sur la liberté. Quand on a des enfants, on chérit les moments de solitude. Quand on n'a pas la chance d'avoir un enfant, on rêve de pouponner. Il suffit juste de regarder les en couple et les non en couple lorsqu'ils sont en boîte, pour comprendre le mécanisme. L'homme en couple zyeute à droite, à gauche. La femme en couple zyeute son mari qui zyeute à droite, à gauche. Parfois la femme en couple zyeute elle aussi et se fait zyeuter. Par les hommes en couple et surtout par les femmes en couple qui aiment bien deviner ce que les autres femmes portent sur le dos. Le célibataire zyeute tout ce qui bouge : la célibataire, la femme en couple officiel et la jeune fille en couple, ex-célibataire et future célibataire sur le marché. La célibataire zyeute les mecs seuls, les ex-pat, les en couple, les touristes, les fraîchement divorcés, voire les veufs. Tout le monde mate tout le monde. Tout le monde se fait mater. Et chacun envie l'autre. La en couple chérit la future en couple. Le futur marié se fait plaindre par les mariés. Le divorcé est envié, la divorcée est plainte. En gros, personne n'est satisfait. Et aujourd'hui, c'est la Saint-Valentin. Fête à but lucratif et sans grand intérêt. Fête de l'amour. Soi-disant fête de l'amour. Fête de la rose rouge au prix exorbitant, de l'ours blanc en polyester et de la e-card en forme de cœur couleur grenat. Fête de la soirée en tête à tête dans un endroit bondé de têtes-à-têtes. Fête de la non-Saint-Valentin, de la soirée spéciale célibataire, du happening pour les wannabe-single. Un non-événement peut-être, mais un événement quand même. Un jour que les magazines mondains adorent immortaliser, un jour que les fleuristes attendent avec impatience, un jour que les marchands de ballons espéreraient plus prospère, un jour que certains attendent avec impatience. Une occasion pour faire des compilations de slows, de chansons qui parlent d'amour, de morceaux qui contiennent le mot «love». Une occasion pour ressortir des films cultes qui parlent de romances, de belles histoires qui finissent bien, de bons sentiments infinis. Une occasion pour promouvoir des girl's movies, des comédies romantiques, des sagas amoureuses, des opéras grandioses. Un 14 février comme partout ailleurs. Un 14 février comme un autre. Un 14 février où les célibataires angoissent. Un 14 février où les en couple angoissent. Un 14 février lancé en grande pompe par une compagnie qui s'appelle Hallmark et qui voulait travailler plus, hors Noël. Un 14 février où des millions de cartes sont envoyées. Un 14 février dont on parle partout. Sur le Net, dans la presse, sur les ondes, chez les disquaires, dans les écoles, dans les garderies, dans les pubs et autres restos. Un 14 février quasi planétaire. Un 14 février libanais... Un 14 février qui, depuis 2005, ne sera plus jamais le même. Un 14 février d'amour. D'amour pour le Liban. Un 14 février rouge et blanc. Un 14 février où les cœurs battent la même mesure. Un 14 février de tête-à-tête avec l'histoire. Un tête-à-tête avec des dizaines de milliers de Libanais. Un 14 février tête-à-tête avec des centaines de milliers de Libanais qui pensent que, quatre ans après, on ne doit pas oublier nos martyrs, notre pays, notre combat, notre vision. Un 14 février où l'on se réunit place des Martyrs. Un 14 février où l'on se sourit, se salue, se comprend. Un 14 février de partage, de communion et de dévouement. Un 14 février d'amour... D'amour comme on n'en fait plus. Parce que Saint-Valentin ou pas, place des Martyrs ou pas, dîner avec sa moitié ou pas, soirée single ou pas, commémoration ou pas... c'est d'amour dont il s'agit ce samedi. De passion, de tendresse, d'amitié, d'attachement, de béguin, de flirt, d'aventure, d'ardeur, d'exaltation, d'effusion, d'adoration, de désir, d'ivresse... D'amour dans tous ses sens. L'amour sous toutes ses formes. L'amour comme on l'a toujours rêvé. L'amour de l'autre, l'amour des autres, l'amour des siens... All you need is love. Love is all you need. Les Beatles, 1967. Les Libanais, 2009.
Ça ne rate jamais. Quand on est célibataire, on envie les en couple. Quand on est en couple, on fantasme sur la liberté. Quand on a des enfants, on chérit les moments de solitude. Quand on n'a pas la chance d'avoir un enfant, on rêve de pouponner. Il suffit juste de regarder les en couple et les non en couple lorsqu'ils sont en boîte, pour comprendre le...