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Liban - Commentaire

L’histoire, meilleure réplique aux contempteurs de Bkerké

Encore une fois, les prosyriens se lancent à l'assaut de Bkerké, bille et Aoun en tête. On ne peut dire que le patriarche n'en a cure, car il a le souci moral de ne heurter aucune sensibilité libanaise. Mais il assume toujours les positions qu'impose la défense des constantes. À l'instar de ses prédécesseurs, gratifiés de la gloire du Liban, selon la formule consacrée. Par le verbe, jamais par les armes, comme certains. Et avec le seul parti pris de la cause nationale.
Neutre, Bkerké ne peut l'être quand le sort du pays est en jeu. Ni quand le choix oppose le bien au mal, la liberté à l'esclavage, travesti ou non. Les patriarches se sont donc successivement opposés à l'oppression ottomane, aux dérives du mandat français et à ce que l'on appelle la tutelle syrienne, doux euphémisme. Ils ont constamment lutté pour l'indépendance, décrochée en 43, et pour le retrait de toute troupe étrangère. Ce sont leurs efforts qui ont permis, en 1920, l'émergence d'un Grand Liban pluriconfessionnel, ne se limitant donc pas à un pays chrétien qui aurait été trop exigu et trop faible économiquement.
Ce sont également eux qui ont eu la prudence d'exiger, et d'obtenir, que les résolutions de la Ligue arabe soient prises à l'unanimité, pour que ce petit pays ne voie pas sa volonté propre toujours écrasée. Ils n'ont pas hésité à dénoncer les élections truquées de mai 1947 ni à s'opposer au renouvellement du mandat du président Khoury. Ils n'ont pas non plus marché dans le pacte américain dit de Bagdad, attaqué par Le Caire. Sans pour autant oublier de résister à la vague nassérienne quand elle en est venue à menacer l'entité libanaise libre.
Ils ont condamné cette immixtion abusive du régime chamounien dans les élections qui avait conduit à la mise à l'écart de leaders comme Saëb Salam, Ahmad el-Assaad et Kamal Joumblatt. Plus avant, toujours dans le même esprit, c'est le diktat du pouvoir parallèle du Deuxième Bureau qui a été combattu. En 1968, lors de l'affrontement électoral entre le Nahj et le Helf, le vote massif des religieux et des religieuses, l'armée en noir, a permis à l'opposition de l'emporter haut la main en pays chrétien.
Plus tard, l'Église maronite a pris position contre la présence armée palestinienne et contre la convention du Caire. Elle s'est toujours efforcée de faire mettre un terme aux guerres intérieures. Et, pour faire taire le canon, elle a soutenu Taëf, malgré les réserves que cet accord lui inspirait. En 1992, c'est Bkerké qui a animé le soulèvement civique national contre les élections télécommandées de Damas et qui ont été alors boycottées par plus de 85 % des électeurs. Ensuite, Bkerké a constamment milité pour le retrait des troupes syriennes, lançant un appel resté célèbre pour que le pays recouvre son indépendance et sa souveraineté. Le patriarche s'est de même opposé à la reconduction du président Hraoui et du président Lahoud, voulue par Damas.
Il a toujours demandé que l'armée soit déployée au Sud, tout en exigeant le retrait de l'occupant israélien. Par la voie diplomatique et juridique internationale, car le pays avait payé un prix trop lourd, en représailles dévastatrices, en invasions, pour la résistance armée.
Sur le plan intérieur, Bkerké s'est toujours opposé à une contestation qui ne serait pas démocratique et légale, c'est-à-dire au recours à la rue. Ou à toute violence, à toute spoliation comme le squat du centre-ville. Dans le même esprit pacifiste, Bkerké a refusé que l'on marche sur Baabda pour en déloger Lahoud. Le patriarche, promoteur d'apaisement, avait également persuadé les loyalistes de renoncer à élire un président de la République à la moitié plus un.
Au jour d'aujourd'hui, le thème qui guide l'action du patriarche reste la nécessité de compléter l'application de la 1701. Car cette résolution assure en même temps la souveraineté et l'autorité effective de l'État de droit sur l'ensemble du territoire national et une saine pratique institutionnelle du régime parlementaire démocratique. Il appuie le tribunal international et soutient enfin la révolution du Cèdre car elle a permis au Liban de se libérer de l'emprise syrienne. Et il met en garde contre les dangers qu'entraînerait une victoire électorale du 8 Mars, allié déclaré de Damas. Ce camp étant de plus porteur d'un projet de système altérant fortement, voire annulant, la démocratie.

Encore une fois, les prosyriens se lancent à l'assaut de Bkerké, bille et Aoun en tête. On ne peut dire que le patriarche n'en a cure, car il a le souci moral de ne heurter aucune sensibilité libanaise. Mais il assume toujours les positions qu'impose la défense des constantes. À l'instar de ses prédécesseurs, gratifiés de la...

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