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Actualités - CHRONOLOGIE

À Londres, les banquiers et la crise s’invitent aux pantomimes de Noël

La crise économique s’est invitée cette année aux traditionnelles pantomimes de fin d’année en Grande-Bretagne, où les banquiers côtoient désormais les sorcières au rang des méchants les plus conspués. Ainsi, dans Dick Whittington, un spectacle de Noël présenté au King’s Head Theatre dans le nord-est de Londres, un financier surnommé le «roi-rat» remplace le méchant habituel. Au Hackney Empire se joue actuellement Mother Goose. La comédie tourne en ridicule un Harpagon avare s’escrimant contre la récession. L’auteur Mark Ravenhill estime qu’«il n’y a pas de meilleure plate-forme que la pantomime, opposant de méchants riches à des innocents opprimés, pour exploiter les horreurs de la crise économique». Les contes traditionnels pour enfants sont aussi affectés par la crise: Cendrillon, Blanche-Neige ou encore Peter Pan, en tête d’affiche entre décembre et janvier dans toute la Grande-Bretagne, sont cette année truffés de plaisanteries sur la crise du crédit immobilier. «La pantomime doit absolument avoir un rapport avec l’actualité politique du jour », confie Phil Clark, metteur en scène et coauteur d’Aladin, actuellement au théâtre Everyman à Cheltenham, dans le sud-ouest de l’Angleterre. «Cette année, on a un peu forcé le trait», a-t-il expliqué à l’AFP. «Dans la vie, il faut pouvoir se moquer d’un vrai danger. On éprouve alors un sentiment de libération. Un autre précepte de la pantomime consiste en la mise en place d’un véritable dialogue entre les comédiens et le public, et la politique le permet parfaitement de nos jours», conclut-il. Face à la morosité actuelle, ces spectacles font néanmoins recette car le jeu de mime vient remédier au besoin d’affabulation du public britannique. Au Courtyard Theatre à Hereford, dans l’ouest de l’Angleterre, le nombre d’entrées pour les spectacles de marionnettes a augmenté cette année. En revanche, les pièces de théâtre plus sérieuses ont souffert d’une baisse de fréquentation. Qdos, présenté comme le plus grand producteur mondial de spectacles du genre, mise sur 1,6 million d’entrées (sur la base des préventes) pour ses 21 spectacles à travers le pays. Le spectacle Jack et le haricot vert géant a été prolongé de 72 représentations pour 6 semaines. Le monstrueux baron Wasteland, un agent immobilier menacé de faillite, cherche à expulser le gentil Jack et sa mère fraîchement licenciée. Grâce au haricot vert géant, le héros parvient à sauver princesse Cupcake des griffes du baron, laissé à sa propre ruine. Pour l’auteur Lyndsay Maples, la crise financière cadrait parfaitement avec l’histoire de «cette famille pauvre sur le point de se faire expulser. Il y a toujours un message, généralement du genre: “Tu n’as pas besoin d’être beau et riche pour être heureux”. Les gens disent : “Au diable la crise immobilière, on ira toujours voir des pantomimes”», ajoute la comédienne. Les 280 enfants de l’école primaire de Ledbury entassés dans le théâtre, envoûtés, huent l’horrible baron. Les jeux de mots et blagues de deuxième degré sur la crise économique sont laissés à l’appréciation des adultes. Une des enseignantes, Julie Duckworth, témoigne : «À l’école, nous faisons attention à ne pas trop en demander financièrement aux parents, tout en essayant de préserver les traditions.»
La crise économique s’est invitée cette année aux traditionnelles pantomimes de fin d’année en Grande-Bretagne, où les banquiers côtoient désormais les sorcières au rang des méchants les plus conspués.
Ainsi, dans Dick Whittington, un spectacle de Noël présenté au King’s Head Theatre dans le nord-est de Londres, un financier surnommé le «roi-rat» remplace le...