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Actualités - CHRONOLOGIE

Portrait d’artiste Yundi Li, en tête de 20 millions de pianistes

Edgar DAVIDIAN Plus de 20 millions de pianistes en Chine ! Par rapport à 1,3 milliard d’habitants de l’empire du Milieu, le chiffre revêt un aspect presque acceptable ! En tête de l’impressionnant peloton postulant aux feux de la rampe, un jeune virtuose du piano, Yundi Li, devenu aujourd’hui la coqueluche des scènes internationales. Lumière sur un profil, un talent et un parcours exceptionnels. «Tous les garçons de mon âge jouaient au football ou à d’autres sports. J’étais seul à travailler mon piano.» C’est en ces termes que Yundi Li explique son enfance passée à faire des gammes… Des gammes qui, dès ses treize ans, vont le propulser sous les feux de l’actualité en faisant de lui un prodige du clavier. Il est né en 1982 à Chongqing en Chine d’une famille d’industriels où la musique, à part le folklore du pays de Confucius, n’avait aucun impact auprès de ses parents pourtant aux aguets de ses aspirations. Très vite, la magie des touches d’ivoire ensorcelle l’enfant et l’emporte sur toute autre préoccupation… Les premières leçons, plus que concluantes en 1989, confirment la vocation d’interprète de musique classique de Yundi Li. Enfant, les partitions de Mozart sont déjà les compagnons de ses doigts impatients d’effleurer les touches d’ivoire… Et tout s’enclenche très vite avec des prix qui se succèdent et des succès qui s’accumulent. À treize ans, c’est déjà un niveau de superbattant du clavier et la tranquille allure des grands devant les pages des plus grands compositeurs... Après le prix Stravinski, il enlève haut la main, à dix-sept ans, le prix Frantz Liszt. Il casse tous les records en obtenant, pour la première fois en l’an 2000, à dix-huit ans, le premier prix du prestigieux concours Chopin. Dès lors, en 2001, Deutsche Gramaphon signe avec lui un contrat d’exclusivité. Avec son premier CD des opus de Chopin, Yundi Li est entré dans le classement des dix meilleures ventes d’albums «pop» (!) à Taïwan… Délire du public et de la presse… Une nouvelle étoile du clavier est née. Ainsi, avec son moins illustre concitoyen, Lang Lang, Yundi Li a largement contribué à populariser le piano en Chine… Installé à Hanovre, son calendrier chargé le fait sillonner actuellement la planète entière. Ses tournées incluent Los Angeles, Toronto, l’Europe et l’Asie. Son répertoire, outre Mozart, Schumann (Carnaval), Chopin (Études, Nocturnes, Impromptus et Scherzi), Liszt (Tarentelle, Campanule, variations autour de Rigoletto) et Scarlatti, a fait des incursions du côté des concertos pour clavier et orchestre. À son actif, les concertos de Ravel, Prokofiev (notamment le terrifiant Concerto n° 2, en donnant la réplique à son mentor Seiji Ozawa), Liszt, Chopin et Grieg. Avec ses poses romantiques, son visage enfantin, sa moue de fort en gammes, ses premiers accoutrements comme une « star rock », son angoisse d’entrer en scène («Je suis nerveux, dit-il, mais je n’ai pas peur»!), entre sensibilité et fougue, Yundi Li a séduit toutes les audiences, notamment la jeunesse chinoise. S’il a la volonté de devenir toujours meilleur, comme il le souligne dans l’une de ses interviews, il n’a pas perdu pour autant le sens de l’humour et du rire… À un journaliste qui lui proposait, en un jeu, d’associer le nom d’un compositeur à une voiture, il répond avec une délicieuse désinvolture. À qui pense Yundi Li devant une Porsche? À Brahms! Devant une Ferrari ? À Tchaïkovski! Devant une Mercedes ? À Beethoven! Mais on a sans nul doute oublié ou omis de lui demander à qui il pense en regardant une Honda ou une Xinkaï… Amusantes balivernes que tout cela, car rien ne vaut la prestation de Yundi Li devant son clavier. Sidérant ! À le regarder interpréter le redoutable Concerto n° 2 de Prokofiev (en faisant répéter inlassablement et impitoyablement l’orchestre avec lui), on comprend le défi qu’il lance à ses propres forces et à ceux qui l’accompagnent… Un véritable souci de perfection le hante devant la frénésie de ces notes brusquement domptées comme un cheval rebelle, en douceur, célérité et fermeté. Un sacré talent et une force époustouflante pour être déjà en tête de plus de vingt millions de pianistes, jeunes loups aux dents longues, élevés tous à la spartiate…
Edgar DAVIDIAN

Plus de 20 millions de pianistes en Chine ! Par rapport à 1,3 milliard d’habitants de l’empire du Milieu, le chiffre revêt un aspect presque acceptable ! En tête de l’impressionnant peloton postulant aux feux de la rampe, un jeune virtuose du piano, Yundi Li, devenu aujourd’hui la coqueluche des scènes internationales. Lumière sur un profil, un talent et...