Musique Une petite musique de toutes les couleurs Colette KHALAF

« Min Afch el-Beit », l’album présenté par la maison de production Incognito et signé Youmna Saba, impose la chanson libanaise à la fois traditionnelle et contemporaine. Elle a donné un concert dans la crypte de l’église Saint-Joseph. Accompagnée de Fady Tabbal, auteur de l’orchestration musicale qu’a rejoint par la suite Abed Kobeissi, la jeune compositrice a lancé son premier album produit chez Incognito, baptisé Min Afch al-Beit. Il y a cette couleur « maison » dans la voix de Youmna Saba. Une couleur locale qui sent le « markouk » chaud, la cruche d’eau fraîche remplie près du « aïn », mais également le bitume de Beyrouth et ses effluves. Des mélodies délicieuses qui puisent dans l’essentiel du terroir sans verser dans le « populo » et sans aucun désir de formatage. Teintées de « tarab » et de folk, ainsi que d’expérimentations sur instruments, les histoires chantées ou les chants racontés de la musicienne narrent en langue parlée le quotidien, les amours et les rencontres. Les mots s’égrènent avec humour et poésie. « Un projet dans lequel je me suis lancée il y a un an et demi et qui n’aurait pu voir le jour sans l’aide de mes amis, notamment de Fady Tabbal qui a fait les arrangements dans son studio », confie Youmna Saba. Douce nostalgie Cette artiste glane dans son vécu des impressions qu’elle retranscrit en mélodies. Sensible à la musique dès son enfance et bercée plus particulièrement par Fayrouz ou Georges Brassens, Youmna Saba fait de la musique sa seconde vie, même si elle choisit le « graphic design » comme parcours professionnel. Après quelques années de Conservatoire et des cours à l’école de Ghassan Yammine, la musicienne tente de trouver sa voie. Elle s’essaye donc d’abord au classique et au chant oriental, puis parvient à imprimer sa marque dans la nouvelle chanson libanaise. « Mes compositions devaient à l’origine être accompagnées par une guitare, mais c’est Fady qui a élargi les horizons en ajoutant des instruments comme l’harmonica, la cruche, le xylophone ou d’autres percussions. » Son album, déjà dans les bacs, est un « michouar » (promenade) musical, une simple mais belle balade au fil des mots et des notes.