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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement Le Liban, sanctuaire menacé des oiseaux migrateurs

Quelque 390 espèces d’oiseaux, dont environ 260 migrateurs, ont été recensées dans une étude récente. Le Liban, l’un des plus importants corridors d’oiseaux migrateurs au monde, est devenu au fil des ans un cimetière pour la population aviaire en raison d’une chasse sauvage qui menace de plus en plus d’espèces rares. À chaque saison, d’octobre à décembre, les écologistes crient au massacre lorsque des hordes de braconniers envahissent la plaine de la Békaa et les montagnes, tuant des oiseaux par centaines malgré une loi prohibant la chasse depuis 1995. « Plus le braconnage augmente, plus les oiseaux migrateurs seront en manque de lieux sûrs, et ils ne reviendront plus », prévient Nizar Hani, de la réserve de biosphère du Chouf. Quelque 390 espèces d’oiseaux, dont environ 260 migrateurs, ont été recensées au Liban dans une étude mise à jour en 2008 par Ghassan Jaradi, professeur d’écologie et de taxonomie à l’Université libanaise. « Des millions d’oiseaux en provenance d’Europe et d’Asie font escale au Liban chaque année », certains pour se reproduire, affirme Bassima al-Khatib, de la Société de protection de la nature au Liban (SPNL). Le pays a la particularité d’offrir des habitats divers : la plaine de la Békaa, les montagnes, des régions semi-désertiques, la mer et des rivières. Une vingtaine de réserves naturelles et de biosphères, comme les cèdres du Chouf, l’île des palmiers ou la plage de sable de Tyr, ont déjà été créées. Malheureusement, « ces réserves sont devenues des îlots cernés par les chasseurs », affirme M. Hani. « Certains préfèrent tuer les oiseaux migrateurs en pensant, à tort, que cela n’affecte pas l’environnement local », explique Mme Khatib. Selon une étude réalisée par la SPNL de 2004 à 2007, 18 % des chasseurs ont su différencier oiseaux migrateurs et résidents. La majorité ne sait pas distinguer un oiseau rare. « Ces oiseaux appartiennent au monde entier et leur disparition porte atteinte à l’écosystème », insiste l’experte. Le danger pour les oiseaux résidents n’est pas moindre. « En l’espace de cinq ans, le nombre d’oiseaux communs a diminué de 18 %, selon une étude que nous avons menée de 2002 à 2007, alors que précédemment ce chiffre était de 9 % », souligne M. Jaradi. Les méthodes de chasse sont jugées scandaleuses. « Pendant la nuit, ils placent l’enregistrement d’un gazouillis près d’un arbre, installent un arbuste artificiel ou un projecteur. Attirés, les oiseaux se rassemblent et le matin, les chasseurs arrivent par dizaines et les massacrent tous », dénonce l’ornithologue. « Les chasseurs non professionnels, dont le nombre s’est multiplié, utilisent des armes automatiques. Ce n’est plus du sport, c’est cruel », selon Mme Khatib. Abdo el-Kareh, 48 ans, chasse depuis l’âge de neuf ans. Pour lui, tuer en nombre est justifiable « parce qu’il y en a des milliers ». « Les chasseurs ne comprennent pas que tuer autant d’oiseaux communs les transformera en oiseaux peu communs, puis rares, puis en voie d’extinction », rétorque M. Jaradi. « Il y a près de 16 espèces d’oiseaux menacées d’extinction au Liban et au Proche-Orient, également à cause du réchauffement climatique et de la disparition des forêts », selon Mme Khatib. « Certains chassent au printemps, au moment de la reproduction. C’est catastrophique », note-t-elle. La caille, l’alouette calandre ou la bécasse des bois sont parmi les quelques espèces qui peuvent être chassées selon les experts, qui réclament une réglementation de l’activité. « La chasse va toujours exister et la prohiber est contreproductif », juge M. Jaradi. « Il faut préciser les espèces et définir des quotas, accorder des licences et former des gardes-forestiers », estime Mme Khatib. Abdo, lui, réclame la prohibition de la vente de fusils aux mineurs, qui accompagnent souvent leurs pères dans les bois. « L’homme est également menacé. De nombreuses personnes sont tuées chaque année, par une balle perdue », affirme-t-il.
Quelque 390 espèces d’oiseaux, dont environ 260 migrateurs, ont été recensées dans une étude récente.
Le Liban, l’un des plus importants corridors d’oiseaux migrateurs au monde, est devenu au fil des ans un cimetière pour la population aviaire en raison d’une chasse sauvage qui menace de plus en plus d’espèces rares.
À chaque saison, d’octobre à décembre, les...