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Actualités - REPORTAGE

La capoeira au Liban : une danse martiale brésilienne pour l’épanouissement de tous

Presque tous les soirs, au dernier étage d’un immeuble de la rue Hamra, une curieuse assemblée se réunit pour danser et chanter. Une musique entraînante, le son des tambourins et les ordres criés par le moniteur rythment le mouvement de ces jeunes gens qui tournoient, s’accroupissent et s’envolent pendant plus d’une heure, tout en harmonie, sans sembler se fatiguer. Bienvenue dans le monde de la capoeira. Ce qui apparaît aujourd’hui comme un type de danse est en fait un art martial né il y a plus de six siècles au Brésil, au sein des communautés africaines amenées là en esclavage. Selon la légende, les esclaves s’entraînaient ainsi au combat pour préparer leur fuite, en faisant mine de pratiquer une danse rituelle. Les poings liés, ils doivent se servir de leurs jambes, qu’ils apprennent à faire bouger dans les airs avec un équilibre surprenant. L’origine du mot « capoeira » est incertaine, mais la danse elle-même porte une signification de liberté retrouvée. Aujourd’hui, c’est un art qui se pratique justement dans l’objectif de « libérer » son corps et son esprit, voire son âme, pour ceux qui veulent en faire un sport ésotérique. Le groupe de capoeiristes que nous rencontrons à Hamra est hétéroclite. Hommes et femmes, Libanais, Français ou Américains, âgés de vingt à trente ans, ils ont en commun leur passion pour la capoeira. Ils ne se connaissaient pas avant de s’inscrire au club et manifestent à présent une grande complicité – celle-ci est nécessaire lorsqu’ils virevoltent ensemble, les pieds des uns frôlant les têtes des autres à grande vitesse. Au début de la séance, ils s’échauffent longtemps en répétant des exercices que leur indique le moniteur. Puis, petit à petit, ils commencent à danser au son d’une musique qui s’intensifie. Ils sont debout en cercle, certains d’entre eux rythmant les mouvements avec un pandeiro (tambourin), un atabaque (long tambour conique) et un berimbau (instrument à corde en forme d’arc). Deux à deux, ils se succèdent au centre du cercle pour effectuer des mouvements de combat traditionnels, qui oscillent entre l’improvisation et la répétition de schémas précis, tandis que les autres chantent des airs portugais. Vu de l’extérieur, le spectacle donne une impression de solennité tribale et apparaît empreint d’une grande énergie, à laquelle on a immédiatement envie de participer. La capoeira est accessible à tous, et c’est dans le but de répandre sa pratique que Arbi Sarkissian a créé cette école il y a plus de deux ans. Capoeiriste de longue date, il enseigne son art six soirs par semaine, après le travail, à un nombre grandissant d’amateurs (ils sont une trentaine d’élèves réguliers, répartis entre débutants et niveau intermédiaire). En 2006, peu de temps après la fondation de l’école, la guerre qui a frappé le Liban n’a pas empêché une poignée d’entre eux de continuer à se réunir pour s’entraîner – un esprit de résistance qui a donné son nom au groupe, Capoeira Sobreviventes (« survivants » en portugais). Au-delà des murs de la salle de danse, Arbi et ses élèves commencent à se faire connaître dans le pays. Spectacles de rue, journées de découverte, initiation d’enfants handicapés : la capoeira se définit fondamentalement comme un esprit de renouveau et de liberté, que les capoeiristes se chargent de répandre. Un de leurs objectifs est d’initier des jeunes issus de milieux difficiles, marqués par la pauvreté, pour leur inspirer la discipline et l’épanouissement caractéristiques de la capoeira – et les éloigner ainsi de la violence et de la drogue. George ACHI
Presque tous les soirs, au dernier étage d’un immeuble de la rue Hamra, une curieuse assemblée se réunit pour danser et chanter. Une musique entraînante, le son des tambourins et les ordres criés par le moniteur rythment le mouvement de ces jeunes gens qui tournoient, s’accroupissent et s’envolent pendant plus d’une heure, tout en harmonie, sans sembler se fatiguer....