Rechercher
Rechercher

Actualités

Face à la crise, le marché exige des banques toujours plus de fonds propres

L’aggravation de la crise financière et les mesures de soutien des États ont imposé une nouvelle norme pour les banques en matière de fonds propres, beaucoup plus élevée que par le passé, ce qui met plusieurs établissements sous pression, notamment des français. Jusqu’ici, le marché se contentait généralement d’un ratio – le niveau des fonds propres rapporté aux engagements de la banque – de 8 % environ. Le comité de Bâle, dont les recommandations sont très suivies par les banques européennes, évoquait, lui, un niveau plancher de 4 %. Mais le plan du gouvernement britannique, qui a annoncé, le 13 octobre, le renflouement massif des banques RBS et HBOS, a changé la donne et fait passer ces deux établissements nettement au-delà du seuil de 11 %. D’autres plans de sauvetage ont également porté les ratios de la franco-belge Dexia, de la belge KBC, de l’allemande Commerzbank et de la néerlandaise ING au-delà des 10 %. Cette vague de recapitalisations, associée aux craintes récurrentes liées aux banques, s’est, dès lors, soldée par la définition d’une nouvelle norme. « Le marché a changé sa perception du niveau des besoins de fonds propres », estime Stéphane Le Priol, analyste senior au sein de l’agence de notation Moody’s. Soucieux de satisfaire cette nouvelle exigence, plusieurs banques, pourtant réputées solides, ont ainsi procédé à des augmentations de capital sans l’aide de leur gouvernement, notamment la britannique Barclays et l’espagnol Santander. « Les investisseurs prennent de moins en moins de risques et donc une banque qui travaille avec beaucoup de fonds propres aura tendance à obliger les concurrents à s’aligner sur elle », considère Alain Tchibozo, analyste d’ING Financial Markets. Le fait que le ratio de fonds propres ne soit qu’un élément d’évaluation de la solidité d’une banque ou que les méthodes de calcul de ce ratio diffèrent assez sensiblement d’un pays à l’autre ne semblent plus importer. « La préoccupation, pour l’instant, c’est le capital », explique un analyste. Derrière cette surenchère se cache également le désir de voir les banques se mettre en position de mieux encaisser les turbulences financières et économiques. « Notre objectif est de nous assurer que le secteur bancaire joue son rôle traditionnel et absorbe les chocs du système financier », a déclaré récemment le président du Comité de Bâle, Nout Wellink. Cette capacité d’absorption dépend en grande partie des réserves de fonds propres, qui pourront être utilisées en cas de coup dur. Jusqu’ici, les banques françaises ont conservé des ratios autour de 8 % et résisté à l’appel du marché, qui les a durement sanctionnées, notamment BNP Paribas et Société générale. « BNP dit : je suis en ligne avec ce que me demande mon régulateur, mais le marché n’y croit pas », juge M. Tchibozo. « N’attendez pas de nous que l’on empile des fonds propres, au détriment du financement de l’économie comme de nos actionnaires », a dit le directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot, lors de la présentation des résultats semestriels. Un discours appuyé par la Banque de France, qui rappelle régulièrement que les banques françaises sont solides et bien capitalisées. Face à cette posture, le marché argumente, lui, qu’« il y a une détérioration économique beaucoup plus rapide que prévu et que, peut-être, les régulateurs vont changer d’avis et dire qu’il faut se renforcer en capital », selon un analyste. « Ce que le marché, les autorités et nous (les agences de notation) avons en tête, c’est que si on veut bien passer la crise, il faut avoir des fonds propres plus importants », résume M. Le Priol.
L’aggravation de la crise financière et les mesures de soutien des États ont imposé une nouvelle norme pour les banques en matière de fonds propres, beaucoup plus élevée que par le passé, ce qui met plusieurs établissements sous pression, notamment des français.
Jusqu’ici, le marché se contentait généralement d’un ratio – le niveau des fonds propres rapporté aux...