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Actualités - REPORTAGE

L’ancien et le moderne cohabiteront dans l’(h)Armonial Une tour de 80 mètres implantée rue Abdel Wahab el-Inglizi

May MAKAREM Datant du mandat français, l’immeuble Panayot sera enchâssé dans une tour de 80 mètres de haut, implantée rue Abdel Wahab el-Inglizi, Achrafieh, sur une parcelle de 2 000 mètres carrés. Dans le quartier de Abdel-Wahab el-Inglizi, dit à « caractère traditionnel », la belle façade de l’immeuble Panayot, métissée de toutes les influences architecturales, ne risque pas de disparaître. Elle sera intégrée au projet immobilier lancé par la société « Green Stone » : une tour de 80 mètres de haut dont les plans ont été réalisés par l’Atelier des architectes associés (AAA), regroupant Jacques Liger-Belair, Georges Khayat et Jean-Pierre Megharbané. Délimité par les rues Abdel Wahab el-Inglizi, Bethléem et Makarem, le futur complexe résidentiel, « L’Armonial » (qui tire son nom d’« Art » et d’« Harmonie ») comprend 23 000m2 de construction dont 12 000 m2 de surfaces vendables. Il « s’intègre parfaitement à son environnement » et a été « agréé » par la Direction générale de l’urbanisme (DGU), signale l’architecte Georges Khayat, expliquant que l’AAA et les promoteurs avaient creusé le sujet pour créer sans éliminer le passé. « Nous étions devant trois choix. Soit raser le terrain et construire un bâtiment nouveau pouvant s’intégrer d’une façon ou d’une autre dans l’environnement ; mais la nouvelle construction allait présenter une très grande échelle, en raison de la superficie du terrain. Soit conserver et rénover l’ancienne bâtisse, et perdre la possibilité de loger un coefficient de 12 000m2, ce qui est difficile à supporter en termes de rentabilité foncière. Il fallait donc trouver un équilibre entre ces deux options. Le troisième choix fut d’adapter le nouveau à l’ancien. Une opération à laquelle nous sommes rodés à l’AAA. Nous gardons un grand morceau du bâtiment ancien et plaçons la nouvelle construction à l’arrière, pour casser la verticalité d’une tour monotone. Cette solution permet de préserver le patrimoine tout en profitant du coefficient d’exploitation. Maintenant il est vrai que la consolidation de la vieille façade est une opération délicate et coûteuse. Elle exige une étude minutieuse, du savoir-faire et beaucoup de temps pour sa réalisation, ce qui représente un handicap pour les promoteurs. Mais c’est avec courage que la société Green Stone a opté pour cette solution. » L’ocre et le Sarlat se répondent Un des objectifs de l’AAA est de conserver le meilleur de l’ancien et d’y inclure le meilleur de la modernité. La façade reste debout, mais pour construire des sous-sols et des appartements répondant aux normes internationales de sécurité et de confort, le reste de l’immeuble Panayot est entièrement démoli. Il sera solidement rebâti. « Les transformations sont respectueuses du bâtiment d’origine. On reprend nécessairement les dalles à leur hauteur initiale. Et tout en conservant l’esprit traditionnel de ces maisons (la loggia qui donnait sur la rue, les chambres à l’arrière), les dimensions des espaces intérieurs seront revues et corrigées conformément à la demande actuelle », indique Georges Khayat. L’histoire inscrite sur la façade sera donc préservée. Elle raconte, à travers ses ornements, les différentes étapes de sa construction : deux étages bâtis en 1920, et deux autres datant des années 40-50. Pour « contribuer » à cette évolution architecturale et marquer le bâtiment du sceau contemporain, l’AAA a ajouté, à son tour, deux étages qui s’intègrent par leurs ouvertures et leur rythme à l’aspect historique de l’enveloppe. C’est d’ailleurs à ce niveau que se situe la « jonction entre la tour et l’ancienne bâtisse », explique l’architecte, soulignant que c’est « la même dalle » qui constitue le niveau 6 des deux structures et par conséquent les deux étages peuvent être jumelés pour donner un appartement de 900 mètres carrés. Quant à la nouvelle construction, qui s’élance annonçant les couleurs du XXIe siècle, elle est « conçue conformément aux normes parasismiques ». Elle sera entièrement habillée de zinc et de Sarlat, « la Rolls-Royce de la pierre », signalent les promoteurs, Sandro et Karim Saadé, « car notre idée est non seulement de préserver l’ancien, mais aussi de faire en sorte que le contemporain vieillisse bien par la suite. Et, précisent-ils, la tonalité de cette pierre permet de créer une sorte d’harmonie avec la couleur ocre du vieux bâtiment ». Luxe et sécurité L’architecture intérieure a été confiée à Mona Hatem et au Français Joseph Dirand. La surface des appartements varie entre 950 et 450m2. La hauteur du plafond est de 4,1 mètres pour les six premiers étages, et de 3,1 mètres au-delà de ces niveaux. Le sol des réceptions et leurs balcons seront revêtus de marbre européen ou de parquet en bois de chêne massif. Pour que tout soit réalisé selon les normes internationales, des sociétés françaises ont pris en charge le contrôle technique (en matière de sécurité, d’installations mécaniques et électriques, d’isolation acoustique et thermique, d’accessibilité aux handicapés, etc. ) Pour encourager le développement des énergies renouvelables et non polluantes, les bâtiments seront équipés de panneaux solaires. Deux artistes libanais, Hassan Jouni et Fatima el-Hajj, ont été commissionnés pour décorer l’entrée principale des deux immeubles, qui se fait par l’ancienne bâtisse. Une piscine de 20 mètres de long, partiellement couverte, est prévue au rez-de-chaussée, dans le cadre d’un jardin qui sera aménagé par Renée Khazen, ainsi qu’une salle de gym, un sauna et un hammam. Trois à quatre places de parking sont prévues pour chaque appartement. L’habitation au Liban Dans son ouvrage intitulé L’habitation au Liban, paru aux éditions Geuthner , l’auteur-architecte Jacques Liger-Belair consacre une page entière à l’immeuble Panayot. « Il fait partie de ces belles bâtisses levantines qui témoignent du début de l’architecture moderne et aussi, orientalisme oblige, des résurgences d’art ottoman. Le tout mêlé, parfois greffé sur une fin de tradition. »
May MAKAREM


Datant du mandat français, l’immeuble Panayot sera enchâssé dans une tour de 80 mètres de haut, implantée rue Abdel Wahab el-Inglizi, Achrafieh, sur une parcelle de 2 000 mètres carrés.

Dans le quartier de Abdel-Wahab el-Inglizi, dit à « caractère traditionnel », la belle façade de l’immeuble Panayot, métissée de toutes les influences...