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Ni Darius ni Zopyros Dr Georges GHANEM

Je ne sais pas ce qui devrait nous faire le plus peur : la gravité des problèmes politico-existentiels avec lesquels le pays se débat ou la médiocrité de ceux qui sont censés nous guider vers les sorties de secours. Il est évident que dans toute démocratie, l’écrasante majorité est une majorité non partisane, une majorité silencieuse ; mais il est des moments dans l’histoire des individus et des sociétés où le discours politique tombe dans l’irrationnel et l’insulte. Il est de notre devoir de rompre ce silence et de crier. Comment peut-on garder le silence quand on entend, l’autre jour, le général et ses lieutenants nous accuser, nous les silencieux, les neutres, les libres, les indépendants, des pires maux, qualifier nos maisons de vides et prêtes à accueillir ceux qui paieraient le plus. Comment ne pas rompre le silence pour rappeler que cette majorité neutre, libre et non partisane avait offert à ces accusateurs un pays libre qu’eux-mêmes n’ont jamais réussi à libérer avec leurs guerres aberrantes et factices. Comment ne pas rompre le silence pour rappeler que cette majorité patriotique, neutre, libre et non partisane les a défendus et libérés parce qu’elle a cru, à un moment de son histoire, qu’elle partageait avec eux le même rêve et les mêmes idéaux. Comment ne pas rompre le silence pour rappeler que cette majorité silencieuse, patriotique, neutre, libre et non partisane n’a jamais trahi l’esprit de sa marche libératrice (contre l’envahisseur mais aussi contre ses propres démons), un certain 14 Mars 2005. Comment ne pas rompre le silence pour rappeler que cette majorité s’est retranchée dans ses maisons pour retrouver son calme, sa sérénité et sa liberté d’esprit car nos rues, nos places et nos tribunes sont devenues polluantes, opaques et oppressantes. Cette majorité, qui n’a cessé d’être trahie depuis cette journée de rêve, blindée dans son silence, armée de son obstination, de sa capacité d’encaisser, de tolérance et de pardon, se relève tous les jours pour travailler, produire, créer, soigner, cicatriser les blessures et garder l’espoir qu’un jour ce pays pourra nous refaire rêver. Cette majorité, qui ne s’achète ni se vend, elle, a su garder dans sa conscience collective le sens des valeurs ; elle a su garder ses maisons ouvertes et non point fermées afin de humer un nouvel air de patriotisme ; des « maisons vides » prêtes à accueillir peut-être de nouveaux locataires mais qui ne seront certainement ni de nouveaux Darius conquérants ni surtout des Zopyros qui ne convainquent pas. N.B. Zopyros le Babylonien avait livré sa ville assiégée par les Perses. Il avait convaincu les Babyloniens de lui confier toutes les commandes de leur ville à la suite de quelques batailles gagnantes préarrangées. Une fois aux commandes, il ouvrit les portes aux envahisseurs et il fut désigné gouverneur de Babylone à vie par les Perses. Article paru le vendredi 7 novembre 2008
Je ne sais pas ce qui devrait nous faire le plus peur : la gravité des problèmes politico-existentiels avec lesquels le pays se débat ou la médiocrité de ceux qui sont censés nous guider vers les sorties de secours.
Il est évident que dans toute démocratie, l’écrasante majorité est une majorité non partisane, une majorité silencieuse ; mais il est des moments dans...