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Actualités - CHRONOLOGIE

Incendies Debbiyeh, « zone sinistrée » après le passage des flammes

Les forêts de la région de Debbiyeh, dans le Chouf, ont payé hier un lourd tribut à l’impuissance chronique des pouvoirs publics de lutter contre les incendies de forêt au Liban. Elles n’existent pratiquement plus. Les régions du Chouf et de Aley font désormais partie des zones les plus touchées chaque année. Comme par hasard, les incendies qui ont fait tant de dégâts hier ont éclaté entre minuit et les premières heures de l’aube (ce qui exclut pratiquement les causes naturelles), rappelant la terrible vague d’incendies qui ont frappé le Liban en 2007. Plus spécifiquement, les feux d’hier ont dévasté Debbiyeh, Aïn Hour, Sirjbal et Zaarouriyé, et ont semé la panique parmi la population, les flammes s’étant dangereusement rapprochées des maisons à Aanout. Debbiyeh a été déclaré « village sinistré » par le ministre de l’Intérieur Ziyad Baroud, qui a estimé que « la propagation de l’incendie a été plus rapide que nos moyens d’intervention ». En soirée, des images d’apocalypse de cette région étaient retransmises par les télévisions. Le village de Aïn el-Hour était en proie aux flammes. Le ministre de l’Intérieur, Ziyad Baroud, présent sur les lieux, a rebaptisé le village « Aïn el- Hezn » (Source de la tristesse). Auparavant, de nombreux habitants de la région avaient fui leurs maisons et couraient hagards sur les routes à mesure que le feu se rapprochait des habitations. Des étudiants de l’Université arabe, proche de la région des incendies, ont également été évacués. Plus tard, on annonçait qu’un appareil chypriote était attendu ce matin à 9 heures pour aider à éteindre les feux. Mais la situation dans la nuit était telle que l’on constatait un recul de l’incendie là où il n’y avait plus rien à brûler. En combattant les flammes, trois soldats de l’armée et un membre de la Défense civile ont été légèrement blessés et hospitalisés. Le commandement de l’armée, dans un communiqué, a estimé que la superficie totale de terrains boisés ravagés par les incendies, que l’armée a éteints en collaboration avec la Défense civile, est de 367 dounoms d’arbres forestiers et d’herbes. Une fois de plus, ce sont les espaces verts qui font les frais des incendies. « Toute cette région, qui contenait l’une des plus belles forêts du Liban, a été détruite », déclare à l’AFP Rafic Boustani, un résident de Debbiyeh. « Cinq millions de mètres carrés de forêt ont été détruits par l’incendie et, d’ici à ce soir, ils seront six millions de mètres carrés », a estimé M. Boustani, qui possède une plantation dans la région. L’incendie s’est déclaré dans la nuit de lundi à mardi, mais la Défense civile n’a pas pu atteindre la zone touchée, qui est difficile d’accès, a-t-il également souligné. Un membre de l’Association de développement et de conservation des forêts (AFDC), Hicham Salmane, a précisé que 24 voitures de pompiers et trois hélicoptères luttaient contre le feu, qui a brûlé au moins une maison hier. « Il y a des mines antipersonnel dans la région et les pompiers doivent être prudents », a-t-il déclaré. Des moyens rudimentaires Le feu s’est attaqué à de grandes surfaces plantées de chênes, d’oliviers, de peupliers et autres espèces d’arbres. La vitesse du vent a contribué à la rapide avancée des flammes. Les bois de Chehim, Tallet Bekchetine, Jahiliyé et Dmit ont eux aussi été embrasés. Ailleurs, la région de Bécharré, au Liban-Nord, n’a pas non plus été à l’abri, puisque les bois de Billa ont brûlé et que l’incendie s’est étendu jusqu’à Beit Mounzer. Des incendies se sont également déclarés en soirée dans les montagnes de Jbeil. Des moyens de lutte toujours rudimentaires Ce que montrent les incendies d’hier, c’est que nos moyens de lutte contre les flammes restent rudimentaires et n’ont pas beaucoup progressé depuis la terrible vague des feux de forêt de l’année dernière, malgré les promesses. Hier, le ministre de l’Intérieur a qualifié de « catastrophe » ce qui s’est passé à Debbiyeh. Il a tenu à préciser que « l’État œuvre pour acheter des hélicoptères et des voitures de pompiers par le biais d’un partenariat avec le secteur privé ». « Mais, a poursuivi M. Baroud, si les fonds nécessaires sont assurés, ce sera une solution à long terme, pour les saisons prochaines. Or, pour ce qui brûle aujourd’hui, il n’y a pas de solution immédiate. Le processus de financement pour l’achat d’avions et de cinquante grandes voitures, à mettre à la disposition des municipalités, est enclenché, mais la saison des incendies est plus rapide que les mesures prises. » Pour sa part, le député Mohammad Hajjar a relevé « la gravité des feux dans la région d’Iqlim el-Kharroub », estimant que « la plupart des bois sont désormais en danger de disparition en raison des incendies qui se déclarent à chaque saison ». Il a rendu hommage à l’action de la Défense civile, dénoncant le manque de soutien à cet organisme et affirmant que cette question devrait être soulevée en Conseil des ministres. Enfin, l’Électricité du Liban (EDL) a annoncé hier, dans un communiqué, que le grand incendie de Debbiyeh a causé une coupure d’électricité au niveau des deux lignes 220 volts de Aramoun et Zahrani – reliant divers groupes électrogènes – qui passent par cette zone et qui ont été touchées à partir de 10h45. Cette coupure a affecté les centrales de Tyr et de Deir Aamar. L’EDL précise que c’est ce qui explique une coupure de courant d’une heure et demie dans tout le Mont-Liban, assurant qu’elle travaillerait à la réparation des dégâts dès que l’incendie serait éteint.
Les forêts de la région de Debbiyeh, dans le Chouf, ont payé hier un lourd tribut à l’impuissance chronique des pouvoirs publics de lutter contre les incendies de forêt au Liban. Elles n’existent pratiquement plus.
Les régions du Chouf et de Aley font désormais partie des zones les plus touchées chaque année. Comme par hasard, les incendies qui ont fait tant de dégâts...