Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Éclairage Des enjeux énormes autour du rôle du Hezbollah Scarlett HADDAD

Pour la première fois depuis plusieurs années, le Liban aura une loi électorale quelques mois avant le déroulement du scrutin. Mais les enjeux demeurent énormes et tournent autour du rôle du Hezbollah. À la veille du début de l’examen du projet de loi électorale par la Chambre, les risques du report des élections législatives de 2009 deviennent plus minimes. C’est d’ailleurs la première fois depuis plus de trois décennies que le Parlement adopte une loi électorale plusieurs mois avant la date du scrutin, donnant ainsi la possibilité aux divers courants politiques de se préparer et de bien étudier leurs alliances. Selon des sources proches du groupe Berry à l’Assemblée, l’examen du projet de loi électorale devrait être achevé lundi, avant la fête du Fitr, comme l’avait promis le président de la Chambre, ou, au plus tard, à la fin de la semaine prochaine. Des amendements mineurs devraient être apportés au texte proposé, mais le gros du contenu sera gardé tel quel, et le découpage électoral adopté à Doha devrait devenir une réalité officielle. Les mêmes sources n’écartent pas la possibilité de réduire le délai de la présentation des démissions des chefs de municipalité désireux de devenir candidats aux élections. Le délai qui devrait être fixé à six mois, à la demande du groupe Joumblatt, pourrait ainsi permettre à ce dernier de prendre le chef du PNL, Dory Chamoun, qui est actuellement président de la municipalité de Deir el-Qamar, sur sa liste électorale au Chouf. Mais cet amendement pourrait avoir d’autres résultats, selon des sources proches du CPL qui estiment qu’une telle disposition pourrait encourager les chefs de municipalité désireux de se présenter aux élections à utiliser les fonds municipaux à des fins électorales. Ces méthodes ne pourraient pas être contrôlées dans le dispositif actuel de surveillance des dépenses électorales, qui reste d’ailleurs assez primaire, ajoutent ces sources. Les membres de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice reconnaissent d’ailleurs à l’unanimité que le texte final n’est pas à la hauteur de l’attente des Libanais ni à la mesure de leur désir de réforme. Mais au moins, il y a cette fois un texte et une ébauche de modernisation. Des sources proches de l’opposition estiment toutefois que le principal problème du prochain scrutin électoral sera posé par les dépenses, directes et indirectes, qui risquent d’influer sur la volonté populaire et la détourner de ses objectifs initiaux. Les mêmes sources précisent que les prochaines législatives sont de la plus haute importance, car elles vont permettre de préciser l’identité de la nouvelle majorité au Parlement et, par conséquent, la ligne politique du pays pour les quatre prochaines années. Si par exemple l’alliance de l’opposition actuelle l’emporte et devient une majorité, il sera plus difficile de remettre sur le tapis les questions du désarmement du Hezbollah ou, plus généralement, le sort des armes de la Résistance. Victorieux, ce dernier aura ainsi obtenu une légitimité populaire pour ses armes et sa mission de résistance et la position de l’actuelle majorité deviendra ainsi plus difficile. Les mêmes sources reconnaissent que le langage de la majorité à l’égard des armes du Hezbollah a déjà changé, mais selon elles, il s’agit d’une tactique pour apaiser la tension et faciliter de nouvelles alliances électorales, qui seraient de nature à empêcher le Hezbollah d’enregistrer, avec ses alliés, une victoire éclatante. Celle-ci serait ainsi en demi-teinte et les blocs de l’actuelle majorité, une fois réélus, modifieraient leur position à l’égard du Hezbollah, une fois bien installés dans l’hémicycle. Selon ces sources, toutes les réconciliations et les réunions de coordination qui se déroulent actuellement entre le Hezbollah et le Courant du futur et le PSP s’inscriraient essentiellement dans ce cadre. Mais si entre ces formations, un accord même tactique est possible, le noyau dur de l’actuelle opposition reste le CPL et son chef le général Aoun. C’est pourquoi, les sources de l’opposition précisent que c’est sur lui que se concentre la bataille médiatique, populaire et politique. Et l’un des moyens qui sera utilisé pour tenter de le battre sera l’argent, affirment-ils. D’abord le CPL fournit, selon l’actuelle majorité, une couverture et une légitimité chrétiennes au Hezbollah et ensuite il reste un « empêcheur de tourner en rond », ajoutent les mêmes sources. Pour elles, la bataille est à ce niveau et l’enjeu est donc des plus importants pour l’avenir du pays.
Pour la première fois depuis plusieurs années, le Liban aura une loi électorale quelques mois avant le déroulement du scrutin. Mais les enjeux demeurent énormes et tournent autour du rôle du Hezbollah.
À la veille du début de l’examen du projet de loi électorale par la Chambre, les risques du report des élections législatives de 2009 deviennent plus minimes. C’est d’ailleurs la...