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III.- Nation ou pas nation : telle est la question L’Angleterre, de la révolution au schisme Bahjat RIZK

L’Angleterre a été la première nation au monde à avoir un régime parlementaire (avec les deux Chambres des communes et des lords) et la première monarchie à limiter les droits du souverain aux libertés individuelles. Pour cela, la révolution anglaise (1649), contrairement à la révolution française (1789, est une révolution contre un roi, Charles Ier (1625-1649) catholique, despotique, fasciné par l’absolutisme français et non contre un système (Voir L’Orient-Le Jour des vendredi 12 et samedi 13 septembre 2008). La rupture durable en Angleterre n’a pas été la révolution (comme en France), mais le schisme (1534) qui a entraîné la guerre civile et a fait durant des décennies des dizaines de milliers de morts par la succession de rois catholiques (Bloody Mary et les Stuart) et protestants (Henri VIII, Élisabeth Ire) à laquelle fut mis un terme par l’interdiction, en 1701, d’avoir un roi catholique ou un successeur au trône ayant épousé un conjoint catholique. La statue de la reine Victoria (1837-1901) rappelle l’empire colonial et la fondation du Commonwealth des nations (aujourd’hui synonyme de confédération) créé en 1926 par des pays ayant fait partie de l’ancien Empire britannique (54 États membres) et du royaume du Commonwealth (16 États indépendants) membres du Commonwealth des nations qui reconnaissent actuellement la reine Élisabeth II comme leur chef d’État honorifique. La reine est représentée symboliquement dans chacun d’eux. Les deux statues de Churchill et Nelson rappellent la résistance anglaise à l’invasion continentale. Ainsi dans un même périmètre, nous avons tous les signes de la tradition et de la modernité, de la conquête et de la résistance, du puritanisme et de l’ouverture, de la royauté, de l’empire colonial et du Commonwealth. Les Anglais, comme les Américains, utilisent volontiers fréquemment le terme de nation. L’ouest de la ville (City of Westminster) constitue le siège du pouvoir politique, le cœur des institutions gouvernementales. L’est de la ville (City of London) qui constitue son cœur financier regroupe deux sites historiques majeurs. Tout d’abord la tour de Londres médiévale qui rappelle avec le pont de Londres (et ses deux tours) le caractère portuaire, marchand et défensif de la ville (le lien avec la Tamise comme pour Paris avec la Seine) et bien sûr, la cathédrale Saint Paul, patron de Londres (avec Thomas Beckett). Ce monument gigantesque, classique et baroque m’a toujours fasciné. Certes, il y a le lien avec saint Paul auquel je suis particulièrement sensible pour plusieurs raisons. Tout d’abord, saint Paul (dont on célèbre le deuxième millénaire de la naissance cette année) est un juif de Tarse, citoyen romain lettré (helléniste) qui n’avait jamais rencontré le Christ, qui reçoit la révélation sur le chemin de Damas (« Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? , perd la vue, la retrouve une fois converti par le prêtre Hanania et se met à parcourir le monde romain pour prêcher la bonne parole. Saint Paul structure l’Église à travers ses épîtres aux différentes communautés (14 épîtres attribuées à Paul, 13 explicitement, la 14e aux Hébreux étant anonyme). Il fonde également l’Église universelle en l’ouvrant au monde (aux gentils) car c’est lui qui décide de la séparation de la nouvelle religion (le christianisme) de l’ancienne religion (le judaïsme). Ses épîtres sont lues à l’office catholique avant les évangiles. Saint Paul est associé à saint Pierre (leur fête commune est le 29 juin, jour de leur martyre à tous les deux) et est fêté également le jour de sa conversion (25 janvier). Il est enterré à Rome sous l’église Saint-Paul hors les murs. La cathédrale Saint-Paul à Londres a été reconstruite en 1675 dans sa cinquième édition par Christopher Wren (qui y a été enterré ainsi que Nelson, Wellington et d’autres célébrités nationales), après le grand incendie qui ravagea Londres en 1666, en s’inspirant de sa sœur aînée Saint-Pierre de Rome et des plans de Michel-Ange comme le montre la maquette. La première cathédrale Saint-Paul (604) est due à Mellitus ordonné premier évêque de Londres par Augustin de Canterbury mandaté par le pape Grégoire VII pour convertir l’Angleterre (597). Londres ayant été fondée par les Romains en 43, qui l’occupèrent jusqu’en 410, avant les invasions des Vikings entre 842 et 1014, et la conquête de Guillaume le Conquérant en 1066. Cette culture anglo-saxonne allait connaître un prolongement à travers ses colonies sur d’autres continents instaurant les États- Unis d’Amérique, qui déclarèrent leur indépendance de la métropole le 4 juillet 1776, l’Australie, le Canada, et d’autres pays d’Afrique et d’Asie. Cette épopée humaine, politique, économique et culturelle tient une place imposante à l’échelle mondiale aujourd’hui (avec toutes les modifications et les adaptations survenues en cours de chemin). Cette culture est également présente au Liban (dans ses deux composantes anglaise et surtout américaine) à travers les missions et les universités anglo-saxonnes, notamment l’Université américaine de Beyrouth fondée en 1866. Certes, le Liban est plus structuré culturellement dans la francophonie (dont l’organisation internationale regroupe aujourd’hui 55 pays membres et 13 pays observateurs) grâce à son lien privilégié avec la France, mais la culture anglo-saxonne est l’autre pilier de la culture occidentale et mondiale. Elle intervient surtout dans un certain registre technique (financier, scientifique, économique, politique) et, dans une moindre mesure, sur les plans affectif et littéraire. Toutefois, certaines de ces valeurs sont communes à la culture occidentale et se retrouvent dans leur ensemble au-delà des clivages linguistiques et religieux. Cet héritage occidental, qui va de Rome jusqu’à l’Europe et les États-Unis, est une composante essentielle de la culture mondiale aujourd’hui. Sans en minimiser les effets de domination (parfois pervers et néfastes), il faudrait en retenir le meilleur, et intérioriser ses aspects constructif, humaniste, progressiste et structurant. Article paru le mercredi 17 septembre 2008
L’Angleterre a été la première nation au monde à avoir un régime parlementaire (avec les deux Chambres des communes et des lords) et la première monarchie à limiter les droits du souverain aux libertés individuelles. Pour cela, la révolution anglaise (1649), contrairement à la révolution française (1789, est une révolution contre un roi, Charles Ier (1625-1649)...