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Actualités - CHRONOLOGIE

VIENT DE PARAÎTRE Sociétés en mutation aux quatre points cardinaux…

Des sociétés aux visages multiples qui fascinent le monde. De l’Amérique à la Russie en passant par l’Asie et l’Orient, tant d’images splendides, lumineuses, sombres ou déroutantes. Des sociétés en mutation aux quatre points cardinaux. Des cultures, des esprits, des civilisations, des notions de liberté, des façons de vivre, tout dans la différence, la diversité et parfois les bouleversements. Sans pour autant perdre le goût de la beauté, du bonheur, de l’autonomie, du confort, du pouvoir… Chaque matin du monde est une aventure différente. Imprévisible aventure sur une planète pourtant pas plus grande qu’une orange bleue, vue de loin… Comme les poètes ont le don de faciliter, de clarifier et de simplifier les choses?! Antagonismes?? Divergences?? Similarités?? Comment définir ce qui régit l’univers quand les frontières, les climats, les peuples dessinent des barrières certes franchissables, mais parfois si dures à briser ou à saisir?? Et pourtant, la fraternité humaine a bien plus de ressemblance que de dissemblances... La vie et sa célébration quotidienne réunissent les êtres. La littérature, férue de témoignage, d’analyse et d’histoire, est toujours aux aguets pour transmettre, avec la force de l’imagination, cette étincelle de vie synonyme de particularité, singularité, identité. «?Empire?» de Gore Vidal (Éditions Galaade) Une Amérique féministe Né en 1925, appartenant à une famille de politiciens influents, lié à la dynastie Kennedy, Gore Vidal, dépassant ses premiers écrits scandaleux et controversés, avec son œuvre monumentale (plus d’une soixantaine d’ouvrages incluant ceux écrits sous pseudonyme) est bien un géant de la littérature du pays de l’oncle Sam. Pair de Philippe Roth, Norman Mailer, Truman Capote, Arthur Miller, Tennessee Williams, Jack Kerouac et Anaïs Nin, Gore Vidal a toujours dénoncé la politique «?impériale?» de l’Amérique. Par conséquent, ce n’est guère un hasard s’il publie Empire (traduit en français par Gérard Joulié aux éditions Galaade-698), une sorte de grandeur et chute d’une certaine Amérique… Un roman touffu et vengeur où l’histoire commence à Washington en 1898 avec le président McKinley en conflit avec l’Espagne à propos de Cuba (déjà!)… Et débarque l’héroïne, cette flamboyante Caroline Sanford, une femme libre et battante avant l’heure. C’est à force de coups de patte et de crocs que la jeune louve aux dents longues se fraye un chemin dans le monde de l’édition que Gore Vidal connaît fort bien pour l’avoir profondément et douloureusement expérimenté… Dans ce cadre révélateur des rouages du système politique et des milieux littéraires (par conséquent de l’intelligentsia américaine) l’auteur de Palimpseste s’en donne à cœur joie et tire à boulets rouges sur une société puritaine tout en menant adroitement un roman féministe d’excellent aloi. «?Place rouge?» de Dominique Fernandez (Éditions Bernard Grasset) De la nouvelle liberté au pays de Tchaïkovsky… Grande et turbulente randonnée pleine de descriptions minutieuses et de détails croustillants du plus russe des écrivains français. Dominique Fernandez, auteur documenté et inspiré de la vie de Tchaïkovsky (Tribunal d’honneur) et d’Eisenstein, signataire du Dictionnaire amoureux de la Russie, est en terre d’élection et de prédilection dans Place rouge (éditions Bernard Grasset-381 pages), c’est-à-dire Moscou. Une capitale qui fit capituler Napoléon et qui aujourd’hui se modernise à outrance après que fut tombé le rideau de fer. Une trame sentimentale tragique (que n’aurait pas dédaigné Max du Veuzit ou Delly, mais style intello) traînant un prosélytisme homosexuel provocateur est la ligne de fond de cette fiction fourmillante de vie culturelle où peinture, musique et littérature ont des touches raffinées et dénonciatrices des brimades des régimes totalitaires et répressifs… Fernandez règle ses comptes avec un pays dont il est profondément amoureux tout en ayant conscience de la difficulté et de la lenteur de tout changement. Si l’esprit de Gorki, Lermontov, Akhmatova, Rachmaninov, Tolstoï dominent ces pages vibrantes du choc de deux cultures, de deux civilisations, de deux sensibilités, l’évocation de Moscou la moderne et de Saint-Pétersbourg l’intemporelle sont là pour parler du rêve idéaliste de la Russie éternelle face à un Occident décadent et consumériste… Plume cinglante et caressante à la fois de Fernandez au faîte de son talent surtout avec un personnage-clé qui a pour nom Iermolaï (quel prénom, déniché sans doute dans les plus poussiéreuses des archives, pour bercer l’imagination de l’auteur de Porporino). Culturellement, un livre référentiel sur la nouvelle Russie embrouillée dans une liberté encore balbutiante. Mais aussi et surtout un étourdissant talent de conteur qui sait brosser et donner vie à des personnages qui sortent de l’ordinaire, et truffer son récit de détails surprenants et inattendus sans jamais perdre de vue l’historique de tout événement culturel. Une subtile analyse d’une société émergente tiraillée entre les richesses de son passé et les éblouissements de la modernité. «?Le dernier Moghol?» de William Dalrymple (Les Éditions Noir sur Blanc) Le dernier descendant de Gengis Khan Un gros pavé pour retracer la lutte du dernier descendant de Gengis Khan contre le colonialisme britannique toujours avide de domination et de richesses… Le dernier Moghol de William Dalrymple (traduit de l’anglais par France Camus-Pichon - Les éditions Noir sur Blanc - 669 pages) est un somptueux roman historique retraçant le portrait de Delhi la fabuleuse, personnifiée par Bahadur Shah II, également connu par son nom de plume, Zafar, le dernier empereur moghol... Entre la Compagnie anglaise des Indes orientales et ce poète raffiné doublé d’un remarquable calligraphe, artisan de la plus lumineuse des renaissances de l’histoire de l’Inde, s’établit un inévitable rapport de force… Près de deux cent mille soldats indiens périront dans cette sourde confrontation entre colonisateurs et colonisés, détruisant en même temps Delhi, la plus belle ville de l’Hindoustan, tout en saccageant toutes les magnificences mogholes. C’est sur cette chute d’un empereur, d’une dynastie et d’une ville que ce livre jette la lumière avec un scrupuleux sens du détail historique (grâce à un riche trésor d’archives en ourdou et persan jamais exhumées) ainsi qu’une certaine ferveur enrobée de truculence. À l’ombre des bouleversements modernes, cet ouvrage, comme échappé à un conte grandiose, a des résonances incroyablement contemporaines dans ses leçons de raffinement et surtout de tolérance… «?Un candide en Terre sainte?» de Régis Debray (Gallimard) Cet Orient si compliqué… Régis Debray qui a connu la détention, la violence des dictatures, l’ivresse et les limites du pouvoir au sein d’un gouvernement, semble aujourd’hui, plus que jamais, touché par la grâce de l’écriture. Une écriture qui tente de voir clair dans «?cet Orient si compliqué?», comme disait de Gaulle. Un candide en Terre sainte de Régis Debray (Gallimard - 453 pages) est une tentative non seulement littéraire, mais littérale, de suivre les pas du Galiléen... Dans sa vie tant cachée que publique, Jésus s’est rendu, sans visa ni carte d’identité, ni passeport, ni détours, en Israël, Palestine, Jordanie, à Gaza, au Liban, en Égypte et en Syrie… Peut-on aujourd’hui entreprendre pareil parcours et itinéraire sans embarras ni tracas?? Ce Candide (en l’occurrence l’auteur de l’ouvrage, futé érudit qui est loin d’avoir le moindre soupçon de naïveté?!) a, malgré toutes les entourloupes diplomatiques, bien de la difficulté à joindre les deux rives... À observer ce que les religions monothéistes (christianisme, islam et judaïsme) ont fait de la région, un penseur et un écrivain sont bien en droit de se poser des questions et de méditer sur un sujet qui a fait couler plus de sang que d’encre... C’est ce que fait Régis Debray, sans pour autant résoudre l’énigme qui restera sans doute entière (vu l’inextricable de la situation) pour longtemps encore. Pour ce pèlerinage au cœur des hommes (peu importe à quel bord et à quel Dieu appartient le lecteur?!) il reste à savourer la plume de poète de Debray. Une plume qui oublie le temps et les dissensions devant le lac de Tibériade… Des pages qui dépassent une région, pour le moment, incurablement embrasée. Edgar DAVIDIAN Livres en vente à la librairie al-Borj.
Des sociétés aux visages multiples qui fascinent le monde. De l’Amérique à la Russie en passant par l’Asie et l’Orient, tant d’images splendides, lumineuses, sombres ou déroutantes. Des sociétés en mutation aux quatre points cardinaux. Des cultures, des esprits, des civilisations, des notions de liberté, des façons de vivre, tout dans la différence, la diversité et...