Tournée de la directrice régionale de l’Unicef au Liban-Sud Le Liban passera de l’assistance d’urgence à l’aide en matière de développement

La directrice régionale de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Sigrid Kaag, est en visite au Liban depuis mardi soir. Hier, elle a notamment effectué une tournée au Liban-Sud, où elle a inspecté des projets de l’Unicef à Bint-Jbeil, chef-lieu de caza, et à Beit Yahoun. Mme Kaag, qui effectue sa première visite au Liban depuis qu’elle occupe le poste de directrice régionale de l’Unicef, était accompagnée d’une délégation formée notamment du représentant du bureau de l’Unicef à Beyrouth, Roberto Laurenti. La tournée a commencé par une visite à la municipalité de Bint- Jbeil, où la délégation de l’Unicef s’est entretenue avec le président du conseil municipal, Afif Bazzi. Lors de la réunion, Mme Kaag a souligné l’importance de la coopération entre l’Unicef et les habitants de la région pour définir les besoins de la communauté. M. Bazzi a, de son côté, énuméré en vrac les besoins de sa ville, en matière d’eau et d’égouts. Il a aussi évoqué les besoins des enfants de la zone : créer des espaces verts, assurer à certains d’entre eux un suivi psychologique et aider ceux qui souffrent de handicaps. De son côté, Mme Kaag a indiqué que l’Unicef est là pour aider, dans la mesure du possible, notant que tous les pays de la région souffrent d’un manque en eau. La délégation s’est ensuite rendue au centre communautaire de Bint-Jbeil mis en place par l’Unicef au lendemain de la guerre de 2006. Le centre qui accueille tous les jours entre 40 et 150 enfants, selon les activités quotidiennes qu’il assure (informatique, chant, dessin, peinture…), est géré par l’ONG italienne Intersos. Dans ce centre, des salles de jeux ont été créées pour le bien-être des enfants qui viennent de plusieurs villages du caza. Mohammad, 16 ans, accueille la délégation. Il remercie l’Unicef pour le centre. C’est ici qu’il a appris à utiliser l’ordinateur, qu’il fait du sport et qu’il rencontre d’autres jeunes de son âge. Il raconte également que le centre organise des excursions au Liban, et qu’un groupe de jeunes a même voyagé à Bruxelles pour se rendre au siège de l’Union européenne. Abbas, lui, a 12 ans et un très grand sourire. Il se rend tous les jours au centre, parfois il y reste toute la journée. Abbas rencontre souvent d’autres enfants de son âge venus d’autres localités du caza. « Ceux-là ne viennent pas tous les jours au centre et ils ne savent pas chanter comme nous qui passons tous les jours ici », dit-il fier. Abbas, qui est en CM2, rêve de devenir footballeur. D’ailleurs, il consacre une importante partie de son temps aux activités sportives. La jeunesse et les enfants Lors de sa visite au centre communautaire de Bint-Jbeil, la directrice régionale de l’Unicef s’est réunie avec des représentants d’ONG qui ont présenté des idées pour améliorer le quotidien des enfants sur divers plans. Ces ONG font partie d’un réseau que l’Unicef est en train de mettre en place et qui a pour mission la protection de l’enfance. Lancé récemment, ce réseau a pour but de sensibiliser la population à la protection des enfants et de changer, petit à petit, les habitudes, améliorant ainsi le quotidien, et même l’avenir des enfants. À Bint-Jbeil, par exemple, le comité travaille actuellement sur l’emploi des enfants et les abandons scolaires. Lors de sa réunion avec les représentants des ONG, Mme Kaag a mis l’accent sur le fait de mettre en place une stratégie pour la jeunesse. Elle a également souligné l’importance du partenariat avec la société civile. La délégation s’est ensuite arrêtée à Beit Yahoun où elle a été accueillie par le directeur de l’Office des eaux au Liban-Sud, Ahmad Nizam. L’Unicef, qui travaille sur l’environnement et la santé des enfants, est à la base de plusieurs projets se rapportant à l’accès à l’eau propre et/ou potable. Dans ce cadre, l’Unicef a initié plusieurs projets exécutés à Nahr el-Bared et au Liban-Sud. À Beit Yahoun, donc, l’organisme onusien a financé la construction d’un réservoir de 200 mètres cubes. D’un coût de 102 000 dollars, ce réservoir dessert 2 500 habitants de la localité. Deux ans après la guerre de juillet 2006, l’Unicef est resté le principal organisme impliqué dans la réhabilitation du secteur de l’eau au Liban-Sud. Dans un bref entretien avec L’Orient-Le Jour, Mme Kaag a indiqué que l’Unicef projette d’effectuer une étude chiffrée avec des données valables sur les besoins de la jeunesse et des enfants, sur leurs espoirs surtout. Cette étude sera effectuée dans tous les pays de la région. Elle présentera notamment des recommandations et incitera les gouvernements à agir, à consacrer plus de fonds à l’enfance et elle définira également les besoins. Une étude sur la société au Liban Commentant sa visite à Bint-Jbeil, la directrice régionale de l’Unicef a aussi mis l’accent sur le travail effectué avec le comité de coordination regroupant les ONG de la zone. Ce travail, a-t-elle dit, permet de définir les besoins du mohafazat et répondre donc à ces besoins. Il permet également de responsabiliser la communauté en matière de développement. Toujours concernant les besoins particuliers des régions, Mme Kaag a souligné l’importance du travail de terrain qui permet d’effectuer un mapping rapide et de définir les besoins immédiats de la zone et de déclencher un processus de réflexion à long terme. Durant les deux dernières années, l’Unicef, qui a poursuivi ses projets habituels, a aussi travaillé dans l’urgence que ce soit durant la guerre de juillet 2006 ou durant les combats de Nahr el-Bared. Ainsi, 38 millions de dollars avaient été consacrés aux aides d’urgence. Les choses devraient changer à la fin de cette année. L’organisme onusien devrait en effet reformuler son programme, adopter de nouveaux projets. Ainsi, le Liban passera de l’assistance d’urgence à l’aide en matière de développement. Les efforts seront déployés notamment pour améliorer l’éducation et l’hygiène sanitaire et éradiquer les disparités. Mme Kaag a déjeuné à Naqoura avant de rentrer à Beyrouth où elle a rencontré plusieurs officiels. Aujourd’hui, l’Unicef lance à partir du Sérail une étude qui permettra de rassembler des données chiffrées et modernes sur la société au Liban. Vendredi, la directrice régionale de l’Unicef se rendra à Nahr el-Bared où elle devrait inspecter divers projets. Patricia KHODER